M. SPARKS S'ENFLAMME

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19 Décembre

10h39~11h50

   Aujourd'hui, c'est le jour où ma vie va changer*.
   Même si je me repasse tout dans la tête des dizaines de fois, c'est quand même bizarre de penser que dans un peu moins d'une heure je serai passée d'intéllo le boutonneux à star du collège. Et le plus incroyable, c'est que pour quelqu'un qui s'apprête à changer aussi radicalement, je ne suis même pas nerveux.
   Je suppose que c'est comme ce que dit toujours mon idole, l'acteur-rock-star-mannequin Josh Frost : " tu ne peux pas le vivre si tu ne l'imagine pas vraiment."
    Eh bien, j'ai passé un mois et demi à l'imaginer dans les moindres détails et ça commence par la manière dont je m'assois sur ma chaise.
   Si vous pensez que quelque chose d'aussi banal n'a pas d'importance, Vous vous trompez. Quand on en vient à la façon dont les autres vous perçoivent, et par "les autres" je veux dire les filles de 5e, il n'y a pas de petits détails.
   Les filles, surtout les filles populaires, remarquent tout et elles peuvent être plutôt dur dans leur jugement.
   Si vous voulez être remarqué, et même mieux, être accepté, il faut porter le bon jean les bonnes tennis (mais vous voudrez sans doute éviter d'utiliser le mot "tennis") et il faut absolument avoir la bonne coiffure, ce qui consiste essentiellement en un  coiffé-décoiffé style "je sors à peine de mon lit", alors que le temps passé à avoir l'air décoiffer vous a obligé à vous lever une demi-heure plus tôt.
   Et oui, vous devez même vous asseoir de la bonne manière, donc à l'opposé de ce que je fais habituellement, les deux pieds au sol et le dos droit, comme les parents et les professeurs.
   Mais ça suffit.
   Aujourd'hui, j'eloigne ma chaise du bureau et je glisse tout au bord du siège en plastique jusqu'à ce que mes poches de jean dépassent et  que mes jambes soit totalement allongé devant moi.
   Ensuite, je passe la main dans les cheveux dont je prétends ne pas m'occuper et je me tourne discrètement vers la gauche comme si j'essayais juste d'enlever une mèche de mes yeux alors qu'en fait je jette un coup d'œil de l'autre côté de la classe ou la magnifique Tinsley Barnes est trop occupée à observer le beau Mac Turtledove pour remarquer que j'ai l'air cool.
   Je tiens la pose même si je commence à avoir des fourmis dans les fesses, parce que je sais qu'à tout moment Tinsley peut accidentellement arrêter de regarder Mac suffisamment longtemps pour voir la manière totalement cool dont je suis assis est tomber follement amoureuse de moi.
   Seulement elle ne le fait pas.
Quelle importance si Tinsley pense encore que Mac Turtledove est le seul mec digne d'intérêt ? Bientôt elle découvrira qu'elle s'était complètement trompé sur moi.
   En attendant, je la joue détaché. Je croise mes jambes au niveau des chevilles, l'air détendu, et je regarde vers l'avant de la classe ou M. Sparks se bat avec une guirlande de Noël tout emmêler. Elle a l'air énorme, jusqu'à ce qu'il grimpe sur sa chaise pour l'installer au-dessus du tableau et que je m'aperçois qu'elle est aussi maigre et dégarni que lui.
   Cela ne l'empêche pas de croiser les bras sur sa poitrine et d'admirer son œuvre. Quand son regard se pose sur le mien, ses sourcils se lève comme s'il me demander mon avis, mais tout ce que je peux faire c'est hausser les épaules.
   Il a beau être mon troisième prof préféré (ce n'est pas ma faute s'ils n'enseigne ni les maths ni les sciences), je ne peux pas faire semblant d'être enthousiaste. C'est quand même le dernier jour avant les vacances, alors question esprit de Noël, il est clairement en retard. En plus, avec nos contrôles déjà rendu et la fin de l'heure qui approche, toute autorité que Sparks aurait pu avoir a disparu depuis longtemps.
   Presque tout le monde autour de moi était occupé à envoyer des textos, à jouer, à buller ou, dans le cas de Tinsley Barnes et Ivy Wilburn, à rire comme des folles à tout ce que dit Mac Turtledove, allongé sur sa chaise comme s'il n'avait pas de fourmis dans les fesses et comme si ce n'était pas super cool que les deux filles les plus canons de toutes les 5e fassent semblant de le trouver drôle.
   Dans moins d'une heure, elles rigoleront avec moi, et elles ne feront pas semblant !
   Je regarde Tinsley pendant qu'elle balancent ses longs cheveux blonds de la même couleur chaude que le pop-corn qu'on achète au cinéma par-dessus son épaule. J'imagine la scène quand elle se tiendra debout devant moi, avec ses cheveux doré, c'est yeux bleu étincelant, et qu'elle posera délicatement sa main sur mon épaule en disant: "Oh mon Dieu, Nick, je ne savais pas que tu étais si drôle !"

Le plus beau des vœux .Où les histoires vivent. Découvrez maintenant