Noir. Brume. Flou sombre comme un orage nocturne. Le jeune homme était perdu. Il était dans le noir, du moins, le croyait-il. Il ne pouvait dire si ses yeux étaient ouverts. La brume était dans sa tête. Rêvait-il ? Difficile à dire quand on n'a pas de pensées cohérentes. Il se sentait comme dans un rêve, embrumé et cotonneux, sauf que quelque chose n'allait pas. Les rêves donnaient-ils cette sourde impression de malaise qui le faisait frissonner ? Ne devaient-ils pas être agréables ? Le jeune homme se sentait dériver lentement, se laissant emporter par la légèreté de son état. La brume s'affaiblit, permettant à la sensation désagréable de rappeler le garçon à l'ordre. Il eut soudain l'intime conviction que ce n'était pas un rêve. Ni un cauchemar. La brume lui pesait. Il tenta de se concentrer, de rassembler des informations. Dormait-il ? il n'en avait pas l'impression, mais il ne semblait pas complètement réveillé non plus. Où était-il ? À en juger par la sensation de flottement, il ne pouvait le dire. Était-il en sécurité ? Là encore, le flottement lui aurait fait penser que oui, s'il n'y avait pas ce malaise, ce sentiment d'inconfort. Il tenta alors de bouger, en vain. Il ne savait pas si c'était parce qu'il "dormait" ou parce que son corps ne pouvait physiquement pas bouger. Il tenta de solliciter différents muscles, sans meilleur effet. Il décida finalement d'essayer son Alter. Alors qu'il sentait des petites étincelles se former autour de lui, il sentit une vive douleur dans la main gauche. La douleur libéra d'un coup son corps de la brume et il put ouvrir les yeux.
Le jeune homme regarda immédiatement sa main, où la douleur persistait. Il découvrit avec horreur deux choses : premièrement, il était solidement attaché à une chaise, par ce qui ressemblait à du caoutchouc, ses mains étant liées à des accoudoirs et ses jambes aux pieds de la chaise ; deuxièmement, un couteau était enfoncé de moitié dans sa main gauche, d'où un mince filet de sang coulait. Le jeune homme paniqua. Il était attaché et avait un couteau planté dans la main ! D'où provenait-il, d'ailleurs ? Le jeune homme regarda autour de lui mais ne vit personne. Il était seul dans une petite salle cubique aux murs blancs. Blancs ? Il lui semblait voir du rouge du coin de l'œil. Il se tourna vers la droite, se contorsionnant sur sa chaise pour observer ce qui était apparemment un message.
« N'UTILISE PAS TON ALTER »
Les lettres rouges se découpaient bien sur le mur blanc, et le jeune homme fit vite le lien entre le couteau dans sa main et l'utilisation de son pouvoir. Cela n'expliquait pas d'où venait le couteau. Sentant la panique revenir, il s'efforça de se concentrer sur la question, afin de ne pas perdre ses moyens. En tant que héros pro, et surtout en tant que personne, il avait assez vite compris qu'il était en danger. La panique ne l'aiderait pas. Il ne pouvait seulement pas se rassurer en se disant qu'il avait vu pire, parce qu'il n'avait jamais été séquestré auparavant. Le jeune blond décida alors de se concentrer sur la seule chose qui lui semblait à sa portée. D'où venait le couteau ? Il ne voyait pas de porte devant lui, et n'avait pas entendu quelqu'un d'autre. Il y avait des chances que la personne soit partie juste après mais dans ce cas-là, qu'est-ce qui pourrait l'empêcher de réutiliser son Alter, à part la peur ? Si c'était une personne qui lui avait infligée cette blessure, elle devrait être encore là pour le surveiller, non ?
Pendant que le garçon se concentrait sur la question du couteau, celui-ci, bien enfoncé dans sa main gauche, le faisait de plus en plus souffrir. Faisant de son mieux pour ignorer la douleur, il força sa concentration encore plus fort. Jamais il n'avait autant tenté de réfléchir. Cela ne faisait même pas vraiment partie de sa réputation.
Voilà que je me mets à divaguer.
Si ce n'était pas quelqu'un qui avait planté sa main, d'où pouvait venir ce PUTAIN de couteau ? La douleur et le stress lui faisaient perdre son sang-froid. Bien évidemment, il avait vécu pire blessure, durant sa carrière (encore courte) de héros. Cependant, elles lui étaient infligées dans le feu de l'action, lorsque l'adrénaline adoucissait la douleur. Sa situation l'énervait, également. Il n'était certes pas le plus fort (surtout à cause du contrecoup de son Alter), mais il était toujours utile. Et là, il était impuissant.
Le couteau.
Le jeune blond retenta de diriger ses pensées, de ne pas délirer. Le couteau avait la lame vers le bas et la poignée en haut. Il venait donc d'en haut. Ayant fait ce constat, et presque inconsciemment, le jeune héros leva la tête et découvrit le plafond avec une surprise et une peur non-dissimulées. Des centaines de couteaux étaient suspendus par des petits fils au-dessus de lui, recouvrant tout le plafond. Un Alter aurait facilement pu briser l'un d'eux pour précipiter une lame sur lui. Puisque ses étincelles n'avaient pas pu atteindre l'un des fils, il lui sembla soudain évident qu'il était observé, que d'une manière ou d'une autre, quelqu'un avait le pouvoir sur ces couteaux, et savait s'il utilisait son Alter.
Frustré, le héros força inconsciemment sur ses liens avec ses bras, mais le couteau enfoncé dans sa main gauche le rappela vite à l'ordre. La douleur qu'il ressentit lui arracha un cri. Pas un hurlement, juste un petit cri de douleur accueillit par le silence, comme une fusée de détresse dévorée par les ténèbres.
Le jeune héros se sentit d'un coup bien seul et, refusant d'appeler à l'aide au risque d'attirer ses ravisseurs, il se mit à se poser des questions, étouffé par sa propre peur et par la menace des couteaux de Damoclès.
Après quelques secondes, le héros entendit un grésillement. Il eut d'abord peur de se recevoir un couteau, mais il comprit vite que cela ne venait pas de lui. Le grésillement était comparable à celui d'un haut-parleur.
« Salutations, Denki Kaminari. » Retentit une voix masculine qui lui fit froid dans le dos.
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Stained game
FanfictionDisclaimer : Les personnages ainsi que l'univers de cette fiction appartiennent à Kohei Horikoshi ! « Pourquoi ? l'individu sourit derrière l'écran qui lui présentait sa victime. Mais par ce que je m'ennuie ! Et quand on s'ennuie, on veut jouer.» Il...