N.O ▪︎vhope▪︎

7. Nos amis les plus proches

Seul au milieu de la salle, le noiraud restait de marbre sans comprendre ce qu'il se passait. Les témoins, les membres du jury, les avocats, ils étaient tous partis.

C'était idiot, parce que son avocate ne le connaissait même pas, il s'était fait cette réflexion alors qu'elle plaidait sa cause. Ses propos étaient vides de sens ; il avait arrêté de l'écouter. Dès les premiers mots des témoins – ses voisins – il savait qu'il avait perdu car il n'y avait personne pour le défendre.

Personne, hormis sa mère. Elle avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour le défendre. Mais ils étaient deux contre le reste du monde. Aucun ne croyait Taehyung innocent, pas même son avocate. Cependant, madame Kim avait offerte toute sa sincérité pour le défendre. Elle avait fait abstraction de sa douleur pour garder ses esprits. De nombreuses larmes roulaient sur ses joues, mais elle avait emprunté une voix solide, elle n'avait pas tremblé.

Et puis, le juge avait tranché.

« Je déclare Kim Taehyung coupable ! »

Il n'y avait personne pour briser les cris de la femme. Cette fois, un torrent de larmes dévastait son beau visage. Elle aurait pu s'y noyer, elle aurait pu s'évanouir, peut-être même mourir de douleur. La souffrance marquait ses traits, d'habitude si fins.

« Taehyung ! Non ! Laissez-moi l'embrasser ! Mon fils ! Il est innocent ! Bande chiens ! Vous n'avez pas le droit ! Vous allez le payer cher ! Je vous hais ! Je vais vous cracher dessus comme de pauvres merdes ! Vous allez le regretter ! Je vais vous tuer ! Vous saurez ce que c'est qu'un crime ! Rendez-moi mon enfant ! Taehyung, tu—»

Elle ne termina jamais sa phrase car déjà la police l'emmenait. Elle avait tellement de force, entraînée par l'adrénaline qu'elle aurait pu soulever une montagne. Mais ils étaient quatre hommes pour la tenir et ils finirent par réussir à la sortir de la salle d'audience.

Au fond, une femme suivait ce spectacle qui lui glaçait le sang. La policière restait là, sans bouger, tel un fantôme, dans les coulisses d'un cauchemar. Elle ne versa même pas de larmes, elle était juste à bout, à bout de sa patience, à bout d'espoir envers son île.

« Pyeong-hwa est un cauchemar. » glissa-t-elle entre ses dents.

Elle finit par souffler : « pauvre gamin ... » et se glissa vers la sortie. Elle n'allait pas dormir cette nuit, pourtant, elle se lèvera, comme d'habitude, au lever du jour.

Pendant ce temps, un sanglot secoua violemment le jeune garçon. Il ne réalisait pas encore ce qui allait se passer. Il ne bougeait pas, il ne respirait qu'à travers ses spasmes. Il se décomposait mais tenait debout.

La seule pensée qui lui traversa l'esprit c'était de se dire qu'il n'avait même pas d'amis à qui dire au revoir. Ses amis les plus proches, ils n'existaient qu'à travers ses fantasmes. Il était seul, et maintenant plus que jamais.

Soudain, deux hommes qu'il ne connaissait pas le soulevèrent avec une étrange facilité. Ils devaient mesurer plus de deux mètres. Il n'eut même pas le loisir de reprendre sa respiration qu'il quittait déjà la salle sans toucher le sol.

A quelques mètres de là, il y avait une camionnette. Les deux robustes le balancèrent ici, sans un mot, sans une anse d'empathie.

Taehyung se plaignit de la douleur jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il était dans le noir, seul. Enfin, c'est ce qu'il croyait.

Une voix résonna à l'arrière du véhicule.

« Salut ! »

C'était une voix triste et le noiraud ne sût que répondre. Il se demanda s'il n'hallucinait pas. Était-il devenu fou, à force de pleurer ?

« Apparemment, on va finir ensemble, toi et moi. »

Il avait envie de se frotter les yeux pour voir s'il ne rêvait pas mais c'était ses oreilles qui étaient sollicitées. Il poussa un long soupir.

« J'n'sais pas trop c'que j'fais là ... Toi non plus ? »

C'était une voix emplie de tristesse, mais il avait besoin de parler. Enfin, c'était ce que s'imaginait Taehyung. Bizarrement, il avait envie d'en savoir plus à son sujet.

« Tu t'appelles comment ? » finit par demander le noiraud.

Contre toutes attentes, il n'eut que le silence pour lui faire écho. Alors, il n'insista et entreprit de dormir. Toutes ces émotions lui avaient fait l'effet d'une claque qui vous met au sol. Il n'avait plus la force de résister à l'appel de Morphée.

Pourtant, avant de sombrer, la douce voix brisa le silence.

« Park Jimin. »

Le garçon à la voix de cristal ne lui demanda pas le sien. Il devait deviner que le jeune garçon ne tenait plus, qu'il avait déjà fermé les yeux.

La fatigue avait peut-être anéantie ses cauchemars car il n'en fit aucun. Non, à la place, il se vit regarder devant lui, malgré l'obscurité. Il savait pourquoi, il gardait les yeux ouverts, parce qu'il attendait quelqu'un.

Quelques instants plus tard, un autre garçon aux cheveux châtain apparu. Il avait une peau couleur caramel, il était beau, si beau.

« Libère-toi, Kim Taehyung ... »

Le noiraud acquiesça. De l'autre côté le châtain gardait ses distances, farouche.

« Oui, mais j'ai besoin de ta lumière pour éclairer mon chemin. »