I/ 72 jours de folies

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L'été de 1982 était le plus chaud de toute l'histoire du Kentucky, il avait hébergé plusieurs canicules féroces, un record météorologique, mais pourtant, dans la ville d'Owensboro, la vie continuait, les gens sortaient et profitaient de la chaleur et du beau temps. On aurait dit que pour les résidents de cette ville, chaque jour se devait d'être vécu avec ardeur.

Là-bas, les maisons étaient alignées en rangée et les jardins n'étaient séparés que par de fines cloisons, certains même n'étaient point séparés du tout et tout le monde s'en moquait car les habitants de cette ville étaient soudés entre eux comme une famille. Tout le monde se côtoyait et les enfants allaient tous à la même école puis, dans les années à venir, au même lycée. Si certains commençaient le lycée et entamaient un nouveau chapitre de leurs vies, d'autres se devaient de tourner la page à leurs plus belles années pour s'ouvrir à un autre monde. Et l'une de ces personnes était Mya Smith une jeune femme qui comptait bien profiter de son été au maximum avant de quitter le Kentucky et aller à l'université de New York, la NYU. Il ne lui restait que quelques minutes avant d'atteindre ces 72 jours de folie.

Son regard était scotché à l'horloge pendu au dessus de son bureau. Plus que sept minutes et son dernier cours de l'année allait prendre fin, le cours insipide de philosophie de Mme Bruyère, une petite femme d'environ la cinquantaine qui portait des lunettes et plusieurs énormes colliers à perles qui semblaient à première vue beaucoup trop lourd pour être porté tous en même temps. Mya jeta un coup d'oeil à toute sa classe, constatant qu'ils étaient dans le même état qu'elle, impatient mais anxieux de quitter le lycée. Certains élèves qui étaient au fond, s'étaient assoupis sans que la professeure les remarque seulement Mya ne pouvait pas profiter de ce luxe étant donné qu'elle était assise au deuxième rang le plus proche du bureau, là où Mme Bruyère étalait ses connaissances, mélangeant plus sa vie privée qu'apprentissage. La jeune femme soupira une énième fois. Comment ça se fait que le temps passe beaucoup plus lentement quand on regarde l'heure? se demanda Mya, quant un bout de papier pliée en deux atterrit sur ses cheveux. Elle se retourna pour la deuxième fois afin de voir qui l'avait envoyé. Elle croisa le regard d'un garçon de sa classe, Peter Davies qui lui faisait signe d'ouvrir le papier.

"Qu'est-ce que tu me veux? demanda-Mya en fronçant les sourcils, le petit papier dans ses mains après avoir dû le décoincer de ses cheveux hirsutes

- Oui exactement Mya, "qu'est-ce que tu me veux " fut la chose la plus stupide que j'ai dite à ce boulanger italien lors de ma nuit de noce à Venise. D'ailleurs, ça m'a rappelé une anecdote sur le champagne assez intéressante" dit-la professeure accompagnée par une dizaine de soufflements exaspérés émis par ses élèves mais elle ne s'en souciait guère et continuait de parler d'elle.

Mya examina le papier, après tout elle avait du temps à perdre. Il avait été arraché abruptement d'un cahier de brouillon quelconque. Elle se retourna encore une fois, Peter gribouillait sur ses fiches. Elle décida d'ouvrir son papier.

"PLUS QU'UNE MINUTE AVANT LA FIN DU LYCÉE"

Plein d'espoir, elle leva son regard sur l'horloge qui donnait 15h55. Il restait 5 minutes avant la fin du cours. Elle se retourna vers Peter et lui lança son papier à la figure.

"Aie! s'écria-t-il en grimaçant

Certains élèves se tournèrent vers lui, se demandant pourquoi il avait crié. Bruyère quant à elle n'avait rien entendu.

- Mais chut! En plus tu exagères, ce n'est que du papier. réprimanda-t-elle

-Ah oui c'est vrai, dit-il en laissant s'évaporer toutes traces de douleur sur son visage, tu veux me dire quelque chose ou...?

Un Dernier Été │ DEPP FICTIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant