Ses doigts couraient sur les touches du clavecin à la vitesse d'un démon dansant frénétiquement. Les notes métalliques raisonnaient avec force et douleur. Tout le corps du pianiste tremblait de rage et de désespoir. Tous les sons transportaient les cris de son être déchiré de part en part. La mélodie terrible et percutante transperçait l'espace-temps pour venir toucher en plein cœur l'artiste qui sentait son âme tourmentée éclater en mille morceaux.
Mais la confrontation ne dura qu'un court instant. Dame musique s'empara du cœur de l'artiste.
Il ne resta alors qu'un regard perdu, des notes douces qui apaisaient l'atmosphère. Une force résignée à ne plus se battre. Une lourdeur dans l'air, fataliste mais légère dans sa complétude.
Le démon le regarda, secoua la tête dépité et disparu. Son combat lui avait été retiré. Il n'était plus utile de rester. Son adversaire s'était caché et son allié manipulé l'avait abandonné. Il ne pouvait plus le secouer et faire ressortir la nature profonde de son protégé, en banissant la raison de ses tourments.
Dame musique ravie, tissa de nouveau sa toile soyeuse et empoisonnée sur le coeur de sa victime. Cette dernière, soulagée de n'être plus tourmentée, accepta la douceur perfide de celle qui reprenait en lui sa place. Calme, profonde et sereine, d'une vérité diabolique cachée aux yeux de celui qui la jouait aveuglément.
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Métro-Mots-Boulot
No FicciónDes regards, des habits, des personnes qui inspirent, dans le métro l'inspiration est à portée d'une ouverture de porte.