Une bouffée d'air frais

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Cette forêt n'avait rien de féerique. Pour être honnête, elle la détestait. Elle ne supportait pas la vue de cette mousse sale incrustée, de ces branches sombres dont les feuilles sauvages filtraient péniblement les rayons du soleil. Les hautes et mauvaises herbes s'écartaient à son passage, ou périssaient lamentablement sous le poids de ses empreintes. Non, cette forêt n'avait rien de féerique. Elle grimaçait à l'entente du chant des oiseaux, ses poings se serraient si elle avait le malheur d'apercevoir l'un de ces moustiques survoler l'horizon. Alors, ses paupières se fermaient frénétiquement, comme si cela suffisait à faire disparaître l'horreur qui se dessinait sous ses pupilles réticentes.

On disait de cette forêt qu'elle soignait les plaies les plus profondes, les âmes blessées, les cœurs brisés. Elle avait ri, au début. Puis, elle avait souri, et ses commissures s'étaient affaissées d'un air sombre. Elle ne comprit que trop tard que si ses joues étaient aussi froides, c'était à cause du vent qui sifflait sur les dernières fines particules humides qui lui avaient échappées.

Elle s'y était enfoncée, curieuse mais dépitée et brûlant d'un étrange espoir qui, elle le savait, n'était plus que sa dernière lumière.

Cette forêt n'avait rien de féerique, et si elle n'y voyait pas de beauté, c'était uniquement parce qu'elle s'était aveuglée volontairement, tout ce temps. Peut-être n'y avait-elle pas fait attention ? Ou n'avait-elle pas compris qu'une main pouvait se tendre, au lieu de camoufler ces iris qui autrefois, brillaient de mille feux.

On disait d'elle qu'elle était belle et grande, cette forêt ; que son pouvoir était encore plus puissant qu'il l'était raconté dans les fables. Peut-être avaient-ils raison, ces Hommes ? Peut-être pouvait-elle faire confiance à un arbre, plutôt qu'à un être, et peut-être pouvait-elle se sentir en sécurité entre des branches dont la beauté lui échappait quelque peu.

Ce ne fut que lorsqu'elle s'avança jusqu'à cette source cristalline de lumière reflétée sur la rivière jonchée de pierres grossières, et qu'elle se pencha, pour y apercevoir son reflet trouble mais néanmoins sincère, qu'elle comprit. Le problème n'était pas cette forêt, et les ronces avaient bien trop tôt assaillis son cœur frêle.

Eh bien, peut-être était-il temps de la tendre, cette main. Non pas pour y arracher des pétales, cette fois ci, mais bien pour recueillir le peu d'espoir qu'il lui restait et le laisser croître à la chaleur de ce soleil d'été.

[Réflexions d'été.]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant