Épilogue.

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(Ludovic)

Face à nous, le maire  que nous connaissons bien. A ma droite, Fabien bien sûr même si Frédéric est juste derrière. Martin me tient la main, tremblant. Violette est son témoin. Simon l'a aidée avec des exercices une partie de la semaine à gérer le stress. Aymeric gère le fauteuil d'Arthur qui nous a fait la surprise d'être là. François n'y sera pas, Fabien comme Simon sont très en colère contre lui. Pas envie que cela nous gâche notre mariage.

( Martin)

Je suis sur un petit nuage, osant à peine croire que je vis ce moment. J'arrive juste à dire oui, au moment voulu et à entendre celui de Ludo si fort que les jeunes derrière rigolent. Violette n'a pas bafouillé malgré ses yeux très brillants. J'ai vu la main dans son dos chercher auprès de Simon la force nécessaire.

Après nous avons dansé, tous les deux, yeux dans les yeux, dans notre bulle. Puis avec Violette, la seule fille avec Capucine la copine de Malo. Les enfants nous ont offert avec l'aide de Frédéric un voyage de noces dans le lieu de notre choix. La fête a été joyeuse comme toute notre petite troupe.

(Fabien)

Me réveiller dans cette chambre, dans les bras d’Aymeric, est dingue. Et surtout ce matin. J’ai encore en tête les images du mariage. Ludo si fier de presque crier Oui à la question du maire qui avait du mal à ne pas rire. Et Martin, qui répondait de même bouffant mon oncle des yeux.

Aymeric m’a dit que nous étions beaux tous les quatres. Les deux mariés et leurs témoins. Il m’a confié que lui aussi un jour souhaiterai m'épouser. Il s’entend bien avec ma famille recomposée et a été très attentif lorsque Ludo, un peu saoul, a raconté mon arrivée. Ému aussi quand Martin nous a serré dans ses bras Violette et moi pour crier haut et fort : Merde aux homophobes !

Nous partons en début d’après midi. Aymeric prend son service au restaurant ce soir, et je bosse toute la semaine à la boutique. Violette repart sur Paris. Malgré nos appels réguliers, lorsque son moral est en berne, elle me manque.

(Martin)

Ludo vient de se lever, nous irons travailler aux champs tout à l'heure, les enfants partent après le repas.

—Bébé, tout le monde est debout, tu viens ?

—Je ne bouge pas tant que mon tout nouveau mari ne m'a pas embrassé, dis-je la bouche en cœur.

— Pas besoin de chantage pour cela. Debout, conclue-t-il en m’embrassant.

Lorsque j’arrive quelques minutes après, j'apprécie ce que je vois. L'îlot central accueille ma famille qui discute dans un joli brouhaha. Aymeric rigole d'une plaisanterie de Fabien, une main sur son bras. Simon, tout sourire, sa tasse de café en main, les écoute alors que Ludovic rigole lui aussi. Violette se tourne vers moi, et l’envie me prend subitement.

Elle sourit, je pense qu’elle a compris. Ce rituel me manque, comme sa présence discrète. Simon se décale un peu lorsque mes deux mains se posent, encadrant le corps de ma soeur. Ma bouche se pose délicatement sur le haut de son crâne.

— Bonjour, ma puce chuchoté-je. Ce petit moment me manque...

— Moi aussi... C’était la façon que Martin  avait trouvé pour repérer mon humeur du matin, confie-t-elle à Simon un peu surpris par mon geste. Mauvaise si je ne bougeais pas, bonne si je l’envoyais paître.

Ludovic m’entoure dans ses bras, il sait que la séparation m’angoisse et que les appels réguliers, quasi quotidiens parfois, ne me suffisent pas.

— C’est peut être le moment de le dire, non ? lâche Simon en fixant Violette.

Ma main agrippe celle de Ludo. Oui, l’espace d'une micro-seconde tous les scénarios défilent dans mon esprit.

— Simon a passé un entretien pour un nouvel emploi. Dans une IME à Rouen.

Fabien écarquille les yeux lui aussi, il ne savait apparemment pas lui non plus.

— L’entretien s'est très bien passé et j’étais le seul candidat, précise Simon. La place serait à prendre pour le retour des vacances de Pâques. Je dois avoir la réponse dans la semaine.

— Ce qui nous laissera quelques mois pour trouver un appartement sur Rouen, complète Violette, un large sourire sur son visage.

— Et tu n’as pas eu l’idée de nous annoncer cela avant ? grogné-je.

— Entre deux portes ? Nous avons préféré attendre. Et puis j’ai autre  chose à te dire, mais que pour toi si tu es d’accord Ludo.

— Pas de soucis, il me racontera après.

— Et à moi, tu le diras ? s’ interpose Fabien un peu vexé.

Sentant l'angoisse monter, je lui prends la main et l’entraîne vers l’extérieur.

— J’ai été maladroite…

— Ne te tracasse pas, tu lui expliqueras au téléphone. De quoi s’agit-il, ma puce ?

— J’ai depuis peu un psychothérapeute. A Rouen. En attendant le déménagement, ce sera par téléphone…je t’avais promis…

Oui. Ma petite soeur tient ses promesses, il lui faut juste prendre confiance. Nous serons là, Ludo et moi, bien entendu. Mais aussi Fabien et Aymeric. Et Simon qui, jour après jour, l’aide à s'ouvrir aux autres.

La maison est de nouveau vide, après leur départ. Très silencieuse. Mais comme me l’a assuré, Ludo, ils reviendront. 

L'assiette est pleine Où les histoires vivent. Découvrez maintenant