L’homme s’avance. Lentement. La neige crisse sous ses pas, trop fort. Le moindre bruit lui paraît suspect, il lui semble que la forêt entière l’observe, le scrute. Que fais-tu ici ? L’homme continue d’avancer, un pas après l’autre, il s’enfonce inéluctablement au milieu des arbres. Que fais-tu ici ? Le ciel commence à s’obscurcir, le soleil se couche derrière les cimes. La neige scintille, elle rayonne, comme si elle savait qu’il ne lui reste plus beaucoup de temps avant la tombée de la nuit. Elle profite du dernier faisceau de lumière alors que la nature tout autour devient sombre. Que fais-tu ici ? Le vent siffle dans les branches. Il se fait entendre, pareil au hurlement d’un fantôme. Il semble venir d’une autre dimension, comme une brèche entre deux mondes. Que fais-tu ici ? Le froid commence à s’installer. L’homme ne sens plus ses mains, il grelotte. Que fais-tu ici ? Les arbres projettent leurs ombres sur la toile neigeuse, comme un peintre dessinant sa perspective. Les troncs et les branches sont squelettiques, effrayants. Que fais-tu ici ? L’homme continue d’avancer. Il sent comme une force l’attirant. Au milieu des ombres et des fantômes, l’homme de chair avance à l’aveugle.
Alors, il les voit. Ils apparaissent au milieu de l’obscurité de la nuit, deux points dorés entre les ombres. Le temps semble s’arrêter. L’homme n’entend plus les hurlements du vent, il ne sent plus le froid paralysant ses pieds, il ne voit plus l’obscurité. Tout son être semble aspiré par ces yeux. Les yeux sauvages. Ils fixent l’homme, planté au milieu des arbres et de la neige avec son manteau et ses bottes. La fourrure de l’animal se hérisse. Prédateurs de la forêt et proies des ville, les yeux observent la créature humaine, prédatrice de la ville mais proie de la forêt. Ils restent tous deux immobiles, proie et prédateur. Que fais-tu ici ? Quand les deux mondes se rencontrent, quand les deux mondes s’entrechoquent, de quel côté seras-tu ? L’heure est au choix, prédateur ou proie, il faut suivre ta voie. Il faut partir puisque ton cœur te le dit. Il faut s’enfuir, comme un animal au cœur de la nuit.
~ Sally
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Poésies
Poetry▪︎Regarde mon amour, le ciel est beau ce soir. Les nuages semblent vouloir nous parler. Leur forme... regarde, une plume ! Peut-être devrais-je écrire alors, peut-être est-ce cela que ce ciel orangé essaye de me dire si désespérément tous les soirs...