PARTIE 1 : Gilnéas

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Je m'appelle Fesiaa. Du moins c'est ce que l'on m'a imposé. Je ne me souviens pas de ce nom. Il n'est pas moche, mais un peu stupide toutefois. Fesiaa. Pourquoi 2 « a » à la fin ? Un seul aurait bien suffit. Il ressemble à un nom qui s'achève dans un râle. Peut-être que c'était l'ultime mot de ma mère, morte en accouchant ? Mais inutile que je m'invente des histoires. Je n'en sais rien. Tout comme je ne sais pas si j'ai de la famille, si j'ai des amis. Ma vie a débutée dans un caniveau, au cœur d'une ville en proie aux flammes.
Ce récit, ce n'est pas seulement mon histoire, c'est la preuve de mon existence, si un jour je meurs en terre inconnue, c'est la trace de mes souvenirs. Ce sont des mots pour ne pas oublier qui je suis, ce que je fais et pourquoi.

Jour 1

C'est dans les sombres rues de Gilnéas que je me suis réveillée. L'odeur de chair brûlée, de sang, les cris... Je me redressai en sursautant, le cœur battant la chamade et les yeux embrumés par ce qui semblait être des larmes. L'esprit embrouillé il me fallut un petit moment avant de réaliser que je n'étais pas dans mon cauchemar mais bien dans la réalité.
Un bel homme en tenue de noble s'est approché de moi. Des yeux marron, les cheveux roux et la mâchoire mangée par une barbe naissante, il se pencha lentement vers moi et m'évalua rapidement afin de trouver des blessures. Sa voix était douce mais autoritaire et je pouvais sentir toute la tristesse et le poids des morts dans les quelques mots qu'il m'adressa.
« Que faites-vous encore là, Fesiaa? Vous n'avez pas entendu ? La ville est en état d'alerte. Allez voir le lieutenant Walden, il vous donnera les consignes d'évacuation. »

Ainsi, sans savoir ni qui j'étais, ni ce qu'il se passait et sans même avoir eu le temps de dire un mot, il m'empoigna par le bras pour me relever et m'indiqua une direction à suivre. Autour de nous, des hommes loups se faisaient difficilement contenir par des soldats visiblement effrayés. Je pouvais encore voir quelques citoyens courir dans tous les sens en hurlant. Une fois engagée dans la ruelle, je me retournai une derrière fois et aperçu l'Homme qui venait de me sauver. A ces pieds gisaient l'un de ces monstres. A côté, une femme, le ventre traversé par une main velue, tendant, de ces dernières forces, un bébé qui hurlait. L'Homme serra le petit bout d'être entre ses bras, lui cacha les yeux de sa cape puis le donna à un soldat qui s'enfuit rapidement à cheval. Puis il se pencha sur le cadavre de la mère, ôta la main qui souillait son corps puis la coucha sur le dos, les mains posées pour cacher sa blessure. Il lui ferma doucement les yeux et sembla murmurer une prière. Le temps semblait s'être arrêté le temps d'un soupir, le temps que l'âme puisse s'envoler en paix.
Mais je n'eus guère la possibilité de méditer ce court instant, je me retrouvai les fesses à terre, non sans douleur. La cause de ma chute semble être ledit lieutenant Walden, car je ne vis personne d'autre dans la rue. Étalée sur le sol, je vis débarquer une petite boule de poils qui se jeta sur moi.
« Mais que fais ce chien ici ?? » Toujours personne aux alentours.
Et, à peine le temps de me relever que des coups de feu éclatent de l'endroit que je viens de quitter !! Contre toute attente, et même contre la raison elle-même, je m'empressai d'accourir vers la source de la bataille. Le chien, toujours sur mes talons.

La scène était encore plus apocalyptique, si cela était possible. L'Homme me vit revenir au petit trot les yeux écarquillés.
« Encore vous. Vous n'êtes pas du genre à vous planquer face au danger. Très bien, dans ce cas. » Étrangement, il ne semblait pas si surpris que cela, comme s'il savait que j'étais le genre de personne que l'on surnomme une tête-brûlée. Après tout, il me connaît sans doute bien mieux que moi-même, puisque je ne sais toujours rien si ce n'est mon nom. Il reprit.
« Des worgens ! Mon père m'avait prévenu que les créations de l'archimage Arugal étaient devenues incontrôlables. Mais d'où viennent-ils ? Je suppose que cela n'a aucune espèce d'importance. Aidez-nous à nous débarrasser d'eux. Nous autres Gilnéens leur montrerons de quoi nous sommes capables ! »
Mais ? QUOI ??! D'où je sais me battre ? Avec quoi ? Je dois tuer ces CHOSES ??!!

Les pérégrinations d'une WorgenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant