Colère

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Edmund vint aider son frère à avancer vers Caspian et Susan qui arrivaient à pied, Brocéliande tenant la bride du cheval d'une main.

-Lucy ?! s'inquiéta l'aîné en voyant sa cadette.

-Grâce à lui, elle a réussi à passer, répondit Susan.

Le Grand roi tourna le regard vers Caspian, et hocha la tête.

-Merci.

-Vous étiez occupé, répondit simplement le prince, croisant le regard vert de son ami.

Brocéliande était heureux de le voir, mais également inquiet de l'issu du duel. Car il se doutait que même si Miraz perdait, la guerre risquait d'éclater.

-Tu devrais monter, juste au cas où, déclara Peter à sa sœur. Ça m'étonnerait que les Telmarins tiennent parole.

Susan hocha la tête, avant de s'approcher pour faire un câlin à Peter.

-Excuse-moi, souffla la reine après que Peter eut poussé un halètement de douleur.

-Non, ça va, assura-t-il

-Fais attention.

Edmund jeta un regard aux Narniens qui murmuraient entre eux, inquiets.

-Essaie de sourire...

Peter se tourna vers la foule et leva son épée avec un grand sourire forcé, suivit des acclamations enthousiastes des Narniens qui ignoraient ce qui se passait réellement.

Ouragan et Brocéliande gardaient tout deux leurs regards sur les Telmarins alors que Peter s'asseyait. Caspian vint lui retirer son bouclier sous un grognement de douleur du roi.

-Je crois qu'elle est déboîtée, marmonna Peter en direction de son frère, qui s'approcha. À ton avis, il se passera quoi ? Si on meurt ici ?

Edmund le regarda un instant, essayant de remettre son épaule en place. Brocéliande s'approcha sous un signe de Caspian, laissant à Ouragan la tâche de surveiller leurs ennemis. Edmund laissa sa place au faune pour attraper la bride alors que Brocéliande appuyait ses mains autour de l'épaule déboîtée.

-Tu as toujours été là pour moi, et je tenais à te dire... AHH ! commença Peter avant de crier de douleur lorsque le faune replaça son épaule dans un nouveau craquement.

-On verra ça plus tard, répliqua Edmund, remerciant le faune qui rejoignit Caspian, ce dernier grimaçant devant la douleur du roi.

Les trois minutes de répit cessèrent, et les deux rois se firent face à nouveau alors que les juges se replaçaient. Et le combat reprit.

Des coups furent portés, Miraz portant davantage de force dans ses coups de bouclier. Le roi Telmarin poussa finalement Peter sur une ruine, le Pevensie tombant à terre. Peter para ses coups, tournant les jambes pour faire tomber son adversaire, et lui donna un coup qu'il para de son bouclier. Peter finit par lui arracher l'épée, la jetant au sol plus loin, et perdit la sienne quelques coups plus tard. Le plus jeune attrapa le bouclier, faisant un tour sur lui-même pour faire une clé de bras à Miraz, qui se déprit d'un puissant coup de coude au visage du roi, avant de violemment le pousser contre une grande pierre.

Le Grand roi se retourna pour le voir l'attaquer avec son épée récupérée, et para les coups avec ses brassards métalliques avant de lui donner un coup de poings sur la blessure de sa jambe, poussant les Narniens à applaudir bruyamment en voyant l'homme à terre.

-Une pause ! cria Miraz, tombant à genoux par la douleur. Une pause !

Peter retint ses coups, et observa avec dégoût l'homme agenouillé devant lui.

-Ce n'est pas le moment de jouer les héros Peter ! s'écria Edmund, poussant du regard son frère à achever Miraz.

Le Grand roi foudroya Miraz du regard avant de baisser le poing, s'avançant vers son frère. Brocéliande écarquilla les yeux en attrapant rapidement son épée alors qu'Edmund hurlait le nom de son frère.

-Peter ! Attention !

Peter se tourna, il attrapa l'épée avec laquelle Miraz attaquait et la lui glissa sous la cuirasse qui couvrait son torse. Le Grand roi retira l'épée, et Brocéliande observa Caspian du coin de l'œil. Le prince avait le regard mauvais, enragé. Prêt à voir l'assassin de son père mourir sous ses yeux.

Caspian sentit le poids d'un regard sur lui. Il tourna légèrement son regard vitreux sur celui inquiet de Brocéliande, et se calma quelque peu, serrant les dents.

-Qu'est-ce qui se passe, petit ? provoqua Miraz. Tu es trop lâche pour enlever la vie ?

-C'est à Caspian de le faire, grogna Peter en baissant l'épée Telmarine.

Le prince releva la tête, s'approchant de son oncle en serrant les dents tout en attrapant l'épée que Peter lui tendait. Caspian ne jeta pas un regard à Brocéliande, qui retenait toujours la bride du cheval qui les avait ramenés, lui et Susan, au mausolée.

Le prince leva lentement l'épée, l'appuyant sur sa main, la pointe orientée sur la gorge de l'assassin de son père. Il tremblait de rage quand la voix de Brocéliande retentit dans son esprit.

Il faut apprendre à surmonter sa colère, elle ne nous fera que du mal si on la laisse nous contrôler. Apprends à la contrôler.

-Je devais avoir tort, déclara Miraz. Mon prince a en effet toutes les qualités pour devenir notre roi.

Caspian le foudroya du regard, les yeux enflammés.

Apprends à la contrôler.

Le prince poussa un hurlement en abaissant l'épée, suivit d'une expiration rageuse.

Miraz releva la tête qu'il avait baissée, pour voir la pointe de l'épée plantée dans une pousse de pelouse qui avait traversé la pierre fissurée.

-Un roi différent de vous, cracha le prince, les yeux vitreux par sa rage. Je vous épargne, mais le peuple Narnien va récupérer son royaume.

Brocéliande sentit la fierté lui envahir la poitrine, et au petit sourire d'Ouragan, il n'était pas le seul. Des cris enthousiastes retentirent des soldats Narniens, tous acclamant le prince et le Grand roi qui avaient battu Miraz. Caspian revint vers les deux rois d'antan, et s'approcha de Brocéliande qui souriait grandement.

-Je suis fier de toi, murmura le faune en attrapant l'épaule du prince. J'espère que tu l'es aussi.

-Je n'y serais jamais arrivé sans toi, souffla Caspian, et son ami secoua la tête.

-Tu y serais arrivé, je ne t'ai donné qu'un petit coup de pouce.

-Ça c'est faux et tu le sais.

Le faune et l'humain échangèrent un sourire, tous les deux si différents pourtant si semblables.

Puis, soudain, tout bascula.

BrocéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant