Chapitre 4 : Le Pire Coup De Gold

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Terrifiée, je me jette derrière le meuble, sans réussir à décrocher mes yeux de la scène qui se déroule dessous. Vous parlez d’un Shérif ! Accrochée aux rebords de mon bureau, en train d’observer mes parents et Alice se battre contre une chose qui veut faire la peau à Regina, et moi qui suis toute tremblante de frayeur. Elle est bien belle, mon insigne !

     

Je me demande un instant comment j’arrive à être ironique.

     

Je pousse un glapissement effrayé.

     

Un truc bizarre, une chose complètement folle, un être terriblement loufoque, tout noir, sans visage, de deux mètres de haut, les pieds ne touchant pas le sol, a une main crochue tendue vers mes parents, leur renvoyant les chaises et les oreillers qu’ils lui balancent, et de l’autre fait quelque chose de fort, fort choquant.

     

Il semble aspirer le visage de Regina.

     

La femme est debout mais les jambes légèrement fléchis, le corps penché en arrière, tandis que la couleur beige bronzé de sa figure semble être attirée par la main de l’être étrange. Tandis que mes parents tentent de faire diversion, Alice tire sur la cheville du maire. Déséquilibrée, elle tombe, et l’adolescente n’a plus qu’à la traîner par les pieds jusque derrière le bureau, à côté de moi.

- T’as un désodorisant ?! me crie-t-elle.

     

Je cesse d’observer la carcasse d’une Regina livide et lève des yeux tremblants vers elle. Alice comprend que je suis muette et secoue faiblement la tête, puis bondit avec souplesse sur ses jambes. Une fois debout, elle ferme les yeux et inspire un grand coup. A tous les coups, elle lit l'avenir. Ses paupières se lèvent sur des pupilles rouges clairs presque aussitôt, et elle se retourne pour courir vers un meuble, s’accroupit dans un dérapage et un crissement de talons. Elle passe une main sous le meuble, l’autre dans un tiroir, d'où elle sort un briquet. L’autre main porte le fameux désodorisant qui était caché sous le meuble. Elle court vers l’être noir et allume le briquet, puis envoie un jet de parfum sur la petite étincelle. D’énormes flammes apparaissent, et Alice les dirige vers la chose qui cherche du regard Regina – enfin, elle cherche du regard mais elle n’a pas d’yeux. La créature pousse des hurlements stridents mais étouffés, presque fantomatiques, avant de se cogner contre les murs et le bureau, puis d’enfin quitter la pièce par une fenêtre brisée.

     

Je souhaite alors me cacher le visage dans les mains.

     

Tout ce que je parviens à faire, c’est ouvrir la bouche sans qu’un seul son n’en sorte. Jusqu’à ce qu’un courant d’air ne fouette mon visage. Des bras froids s’enroulent autour de ma taille en même temps.

- Emma !

- Damen !

     

Je me retourne et n’ai pas le temps de souhaiter qu’il me porte pour déjà être dans ses bras.

Mais quelque chose me perturbe. Quelque chose d’étrange, de sauvage, qui bout tout doucement en moi. La peur, peut-être. Dès cet instant, je me détache de lui en souhaitant faire un pas en arrière pour mieux le regarder, légèrement déboussolée que je suis. Sauf que tout le monde me dévisage comme si je m’étais envolée sur la lune.

     

Ce qui est compréhensible.

     

L'Avenir du Passé - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant