Chapitre 1

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A Syphéris, un incendie ravage la ville et le désert, déjà si sec. La foule se presse, évacuant cette ville qui part en fumée. Les flammes lèchent les bâtiments et ondulent, effectuant une danse que seules quelques rares personnes comprennent et encore moins maitrisent. Le nuage de fumée noire se mue peu à peu en un gigantesque tourbillon qui tient son centre sur le toit d'un des nombreux immeubles. Malgré les émanations toxiques une silhouette se dresse de toute sa splendeur sur ce même toit. Une jeune femme à la peau couleur caramel est assise en tailleur et semble murmurer une mélodie apaisant les flammes, pareille à une charmeuse de serpent. Sa longue tresse noire s'agite autour de son visage où git au milieu de son front un bindi*. Ses mains recouvertes d'hennés sont levées vers le ciel comme une prière muette en vers les dieux indous. Elle ferma les points éteignant avec elle les dernières étincelles. Soudainement, ses grands yeux verts s'ouvrirent lorsque son nom fut prononcé : Neva

* point rouge au milieu du front dans la culture indienne

Au même moment, une affreuse tempête secoue les montagnes de Coryanis. La neige recouvre toute trace de vie comme un linceul recouvrant ce pays au seuil de la mort. La glace est sournoise et vous endort en se faisant passer pour une chose inoffensive pour mieux vous blesser ensuite. Au milieu de la tourmente gît une magnifique créature, immobile face au déchaînement. Le vent, le bruissement des branches, tous semblent chuchoter le même prénom, son prénom : Isilde. Son visage parsemé de son reste de marbre face au tumulte. Ses lèvres rouges s'ouvrent et se ferment, récitant tout bas une litanie incompréhensible. Ses yeux couleur aigue-marine semblent perdu dans le vague, sa chevelure rousse virevolte délicatement autour de son jolie minois. Tout à coup elle leva ses mains, les ouvra et ce fut comme si le temps c'était arrêté. Isilde avait disparue emportant avec elle toute trace de tempête.

A l'instant où ces catastrophes se déclenchèrent, une alarme stridente retentit dans la citadelle de Maürae. Le sol se mit à se mouvoir de façon imperceptible puis le phénomène enfla, partout dans la ville des bâtisses s'écroulaient condamnant avec elles des familles entières. La terre grondait, la population paniquée se bousculait et se précipitait cherchant une échappatoire quand soudain une zébrure déchira le sol scindant la ville en deux. Un individu parcourait la ville à contre-sens, cherchant à atteindre l'épicentre du séisme. Elle ne s'arrêta qu'une fois parvenue à la déchirure. Malgré les secousses de plus en plus violentes ses pieds restaient ancrés au sol comme les racines d'un arbre millénaire. La jeune femme avait la peau couleur ébène. Ses cheveux frisés et hirsutes voletaient autour d'elle. Son visage était plissé par la concentration, contrairement à ses consœurs les paroles prononcées ne restèrent pas inaudibles. Une mélopée sibylline parcourait la plaie béante de Maürae comme un baume. Le temps sembla s'être arrêter, la population était captivée, les secousses avaient cessées lorsque qu'un chuchotement interrompit le spectacle. Le nom de l'inconnue était prononcé : Imaé.

Le même phénomène se répéta partout dans le monde, cinq fois en tout. La quatrième se passa à Nuryalex une ville côtière. Les rafales de vents emportaient avec elles les édifices qui constituaient cette ville. Au large on distinguait un tourbillon qui se rapprochait dangereusement de la citadelle déjà endommagée. La foule affolée cherchait à tout pris un endroit sûre pour se protéger de cette monstrueuse tornade. Une petite ombre se faufilait habilement parmi la population démunie. Toute menue elle se dirigeait vers le Mont Njörd baptisé ainsi en l'honneur du dieu de la mer et des vents dans le panthéon nordique. Ce petit bout de femme, toute menue gravissait la montagne luttant contre les bourrasques. Elle continuait de monter toujours plus haut, voulant sans doute atteindre le point culminant de la montagne. Enfin arrivée se redressa de toute sa splendeur défiant de son regard mordoré la catastrophe. Rejetant ses cheveux en arrière sa fine bouche entama une kyrielle de paroles mystérieuse. Le vent ne faiblit pas mais changea de maître, Il entoura la jeune fille d'un cocon protecteur puis lui fit quitter le sol. Les courants d'air constituant le cyclone se dispersèrent obéissant à leur nouveau maître en criant son nom : Néphélie.

A Tegnuy , sur sa grande place, une adolescente virevolte autour des nombreux étalages, effectuant une chorégraphie si précise qu'elle ne peut qu'avoir était répétée des centaines de fois. Ses mains habiles se glissent dans les poches des badauds, ramassant au passage quelques objets précieux. La jeune femme avait des cheveux bonds, presque blanc, coupés au dessus des épaules, sa peau diaphane entourait de jolis yeux gris mais c'est surtout ce que dégageait sa personne qui la rendait aussi attirante. Alors qu'elle récupérait une jolie bourse, celle-ci se heurta au dos d'un passant et fit tomber l'argent volé à terre. Elle retint sa respiration, ferma les yeux, attendant qu'on l'arrête mais la sentence de vint pas. Lorsqu'elle ré ouvrit les yeux. La foule était figée et des filaments d'une couleur indéfinie s'échappaient de chaque être vivant. L'âme de toutes les personnes présentes glissait maintenant en direction du ciel sauf son fluide, son essence à elle restait autour de ses mains et voletait entre ses doigts. Si leurs âmes quittaient définitivement leur corps, ceux-ci ne seraient alors plus que des coquilles vides. Cela provoquerait la fin prématurée de milliers de personnes. De façon instinctive elle dirigea ses mains, droit vers son cœur, ses yeux gris se révulsèrent et son teint déjà si clair pâlit si bien que l'on apercevait ses veines bleuâtres. Son corps tremblait sous la puissance de l'effort. Enfin les essences s'arrêtèrent et retournèrent vers leurs enveloppes corporelles. Ses jambes cédèrent sous le poids de son corps, avant de tomber dans l'inconscience elle eut le temps d'entendre son prénom : Béryl. 

ELEMENTISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant