Chapitre 2

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-Première chose ne jamais donner votre véritable nom.

-Deuxième chose ne pas laisser transparaître vos émotions.

-Troisième chose ne faites confiance à personne.

Ah oui et j'oubliais, ne sortez pas la nuit.

Si vous respectez ces quatre règles d'or alors seulement vous pourrez avoir une chance de survivre à Syphéris. Et encore ... dans cette ville vivre est un défi. Cela n'a pas toujours était comme ça, mais seuls nos parents s'en rappellent. Malheureusement ma mère n'est plus là pour me le rappeler.

Ce jour là, je n'ai pas obéit à la quatrième règle. Je n'avais que six ans lorsque ma mère est rentrée, complètement affolée, elle rassemblait fébrilement nos affaires, courait à travers tout l'appartement. Mais ce qui me marqua le plus c'était l'expression de son visage, on aurait dit qu'elle avait vu le diable. Retrouvant vite un masque impénétrable pour ne pas m'inquiéter, elle me prit par la main et sans un mot sortit de l'appartement puis traversa la ruelle.

Il faisait nuit noire, elle se retournait aux moindres bruits, guettant sans cesse une ombre qui aurait pu nous prendre en filature. Nous nous arrêtâmes à l'entrée d'un bâtiment délabré. Tandis que je sanglotais doucement nous entrâmes à l'intérieur de cette masure austère.

Elle me prit dans ses bras, me réconfortant tout doucement et me dit : « Neva, écoute-moi bien. » Elle me prit par le menton pour s'assurer de mon attention. Sa détermination flancha lorsqu'elle vit mes grands yeux verts larmoyants mais elle fut vite remplacée par une expression revêche et résignée. Je me souvins mots pour mots de ce qu'elle me dit ensuite :

-Je sais bien que tu ne comprends pas ce qu'il ce passe, mais sache que si demain je ne reviens pas mes actes n'auront pas été vains, d'autres prendront la relève et se battront pour notre liberté. Notre planète vaut la peine de se battre qu'on se batte pour elle. Tu es assez grande pour comprendre que je dois partir pour régler des problèmes. En attendant tu vas rester ici et ne pas en ressortir avant demain matin. Mais quoi qu'il arrive ne sort pas, même si il devait m'arriver quelque chose !

Mes sanglots reprirent de plus belle. Elle me regarda tendrement et me tendit une lettre sur laquelle était écrit mon nom et ajouta « Lit cette lettre lors de ton seizième anniversaire, là seulement tu seras en âge de comprendre mon sacrifice. Je t'aime ma fille. »Puis elle partit, me laissant seule dans cet environnement déplaisant.

Hélas ma plus grande qualité n'est certainement pas celle de l'obéissance. Alors, lorsque j'entendis ses hurlement de douleurs, je ne pu résister à l'envie de lui porter secours.

Le moi de six ans n'avais aucune idée des conséquences qui allaient résulter. Je courais à en perdre haleine dans l'obscurité mais ce que je vis lorsque j'arrivais à l'origine des cris me fit entrée dans une colère noire. La lumière vacillante d'une torche enflammée laissait apercevoir quatre silhouettes. Un des trois hommes maintenait ma mère au sol tandis que le deuxième homme la menaçait. Je n'arrivais pas à distinguer la dernière personne qui se tenait adossé au mur crasseux. Je me rapprochais à pas de loup pour mieux entendre ce qu'ils disaient.

-Ne te joue pas de moi, ton petit commerce sulfureux est condamné, nous trouverons tes associés. Maintenant il s'agit de savoir si tu veux vivre, ta vie sera nettement plus longue si tu nous épargne la perte de temps de chercher tes contactes. Dit le second soldat en tenant ma mère par la gorge.

- Gloire aux gardiennes, à bas l'Empire, articula ma mère en crachant

Rouge de colère il abattit son poing sur le beau visage de ma mère et commença à la rouer de coups mais la silhouette qui m'était alors inconnue s'avança et s'interposa entre les deux. Une bouffé d'espoir m'envahit lorsque je reconnus enfin l'étranger. C'était le meilleur ami de ma mère, l'homme qui avait contribué à mon éducation que je considérais presque comme mon père. Dans mon rêve il aurait sauvé ma mère et nous aurions fuit, hélas nous ne sommes pas dans un compte de fée et la nature humaine n'est pas que bonté et honneur.

-Deepali, réfléchis bien. Le bonheur de ta fille ne dépend que de toi, pour cela tu n'as qu'à dénoncer tes complices et à consentir à m'épouser. Dit le traître

- Comment oses-tu ? Je t'avais fais confiance et toi tu nous as trahies. Je ne sais même pas pourquoi je t'adresse la parole. Le regard noir de ma mère remplaçait tous reproches et colère.

Cet homme que j'aimais comme un père avait dénoncé ma mère au Commandant de notre cité pour avoir fait passer clandestinement des résistant de l'autre côté de la frontière. Je fulminais, mes émotions se bousculaient et formaient maintenant un tourbillon de haine déracinant les arbres qui représentaient ma raison. Alors que j'étais toujours cachée derrière une poubelle, un soldat cracha sur ma mère et déclara qu'elle méritait la mort. Sous mes yeux ébahis il dégaina son pistolet et lui tira une balle dans la tête. Alors le capharnaüm qui régnait dans ma tête cessa, ce fut le silence, seule restait la douleur déchirante. L'enfant que j'étais perdit son innocence en tuant quatre personnes quand elle découvrit ses dons. La bombe à retardements que j'étais devenue explosa, détruisant tout sur son passage. Cette bombe prit la forme d'une mélodie funèbre que je chantais de manière instinctive. Les flammes dansaient autour de moi et m'obéissaient. Le brasier que j'avais déclenché échappa vite à mon contrôle et se répandit dans tout le quartier. On dit que l'origine de l'incendie était accidentelle, bien que personne ne trouva jamais sa cause. 

ELEMENTISOù les histoires vivent. Découvrez maintenant