Chapitre 3

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Appuyée négligemment le long d'une façade, mes yeux balayaient l'artère principale de la ville, à la recherche de proies potentielles. Je n'ai aucun remord de les dépouiller.

Ils arboraient fièrement nos richesses volées, reniaient notre culture pour instaurer la leur. Ils profanaient nos temples sacrés, érigés jadis en l'honneur de Ardens, quatrième sœur. Ils avaient emprisonné la dernière génération de gardiennes, et tout cela à cause de leur empereur, non, de leur fichu dictateur.

Vraiment, plus je les regardais, plus ma culpabilité fondait comme neige au soleil.

Deux courtisanes sortaient d'une échoppe de cosmétique, voilà ma cible. Ces deux écervelées ne remarqueraient sans doute rien, elles étaient bien trop occupées à bavasser des commérages et à lorgner du coin de l'œil les bijoux de la vitrine d'en face. J'accélérais le pas bien décidée à leur rentrer dedans .Bien évidemment le choc renversa malheureusement tout le contenu de leurs réticules sur la chaussée.

-Excusez-moi ! Je ne l'ai pas fait exprès, dis-je d'un ton faussement contrit, tout en me baissant pour ramasser les précieux objets. J'en profitais aussi pour en garder un ou deux discrètement.

- Espèce de petite sauvageonne ! Hôte tes sales pates de là, répondit la jeune femme de droite tandis que l'autre m'observait avec une moue dégoutée. Elle m'arracha des mains les deux sacs et, voyant que je reculais dit d'une voix dédaigneuse :

- C'est ça débarrasse le plancher.

Je me retournais immédiatement et continuais mon chemin, non sans laisser apparaître un sourire satisfait, quand une voix suraigüe perça aussitôt le brouhaha : « Attrapez- la ! Elle m'a dérobée ma bourse ! » Je lâchais un juron, elles avaient pensé à vérifier leur sac ces idiotes. Je rabattais ma capuche et fendit la foule au pas de course, essayant de semer les sentinelles à ma recherche. Une main se referma sur mon poignet, automatiquement mon corps réagit en brulant la main ennemie. Un cri de douleur retentit ainsi qu'un avertissement « Attention c'est une Elementis ! ». Je repris ma course effrénée, mon cœur battait la chamade, si je me faisais prendre c'était l'esclavage. Si dans une famille naissait un Elementis, il devait être livré à la garde dès l'apparition des ses pouvoirs, il serait ensuite assigné à un maître. Tout à coup je bifurquai dans une ruelle et me cachai derrière des poubelles. Je lançais des coups d'œil hasardeux tout en inspirant à grande goulée l'ai frais. Je patientais nerveusement une quinzaine de minutes puis, ne voyant aucuns gardes, repris mon chemin. J'eus juste le temps d'apercevoir une ombre s'avançait derrière moi avant de sombre dans l'inconscience.

Un affreux mal de crâne me martelait la tête lorsque je repris connaissance. J'ouvrais lentement les yeux, j'étais dans une cellule et une petite silhouette recroquevillée dans le coin de la pièce m'observait. Un gémissement m'échappa quand je m'assis contre le mur. Je tâtais ma tête, un filet de sang coulait le long de ma tempe. Celui qui m'avait frappé de m'avait pas loupée. L'inconnue en face de moi ne mouftait pas, elle me fixait des ses grands yeux gris. Elle ne devait pas avoir plus de treize ans et était vêtue de guenilles.

-Où sommes- nous ? Lui demandais-je d'une voix enrouée.

- Dans une prison, ça ne se voit pas ? Ironisa-t-elle

- C'est pas ce que je demandais, qu'est ce qu'on va faire de nous ? Lui répondis-je.

- On va nous conduire aux enchères, dit-elle d'une voix atone

Des bruits de pas se firent entendre, je me relevais précipitamment, encore étourdie, et je me collai contre le mur. Je fis appel à ma magie sauf que pour la première fois de ma vie je ne ressentis pas le fourmillement caractéristique de sa présence. Mes yeux se rivèrent à mon poignet qui était encerclé par un bracelet, un inhibiteur de magie où était écrit numéro 652. Toutes mes tentatives d'évasions s'envolèrent en fumée à cet instant. Non ça ne pouvait pas se finir comme ça ! Un grognement de rage m'échappa. Les pas s'arrêtèrent devant la grille. Un homme ouvrit la porte.

-Lot 652, c'est ton tour, suit moi, dit-il en m'empoignant le bras.

Je lançais un dernier regard de détresse à ma comparse de cellule mais elle me regarda partir froidement. Sans un mot nous traversâmes le couloir puis empruntâmes un escalier de marbre qui me parut interminable. Plus nous montions, plus je commençais à entendre la rumeur d'une foule en délire. Enfin nous débouchâmes sur une porte, il l'ouvrit et m'y poussa brutalement.

Je titubai et relevai les yeux. J'étais face à des centaines de personnes. Un sentiment d'oppression m'enserrait la gorge. J'entendais vaguement la rumeur de la foule en liesse mais je restai abasourdi, stoïque. J'étais comme déconnectée de mon enveloppe charnelle, tétanisée et j'entendais à peine ce que disait le hérault chargé de ma vente. Mes yeux balayaient la foule mais ils restèrent accrochés à ceux d'une jeune fille aux grands yeux dorés et aux cheveux blonds tressés relevés autour de sa tête, telle une auréole. Elle était vêtue d'une robe blanche, un ruban couleur crème lui enserrait la taille. Même si je n'y avais plus accès mon pouvoir me démangeait. Mon sang pulsait à travers mes terminaisons nerveuses, euphorique à l'idée de rencontrer un de ses semblables. Que faisait une elementis ici ? Comment avait elle réussi à duper son entourage ? Le présentateur avait bientôt finit son petit laïus censé me représenter, ça allait bientôt être à moi de jouer. La vente se déroule en trois parties : présentation, démonstration, enchères. J'allais passer à la phase deux dans quelques secondes. Il fallait que je leur serve un joli spectacle. Plus j'étais douée, plus mes acquéreurs seraient riches, plus mon risque d'être bien traité augmenté. Il n'avait pas encore annoncé mon niveau, je me pensais niveau sept lorsque j'entendis « Cela fait maintenant des années que nous en avions pas rencontré, voici maintenant Neva niveau 10 ». Un air abasourdi pris place dans la salle, suivit de l'entrée des armes automatiques .C'était maintenant que tout se jouait.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 02, 2020 ⏰

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