j'ai l'âme en vrac, l'esprit brouillon, vague, nuageux. le cœur lourd d'avoir trop souffert, la douleur m'a ouvert le corps. c'est un méli mélo de sentiments, une danse dont les pas s'échappent de ma mémoire. je me sens lourde, j'aimerai être sourde ; ne plus m'entendre penser
j'avais faim, j'avais soif. c'était la fin, il faisait froid. des nuages gris, presque noirs, planaient au dessus de ma tête. menaçant, chantonnant que la fête est finie. un drôle d'air qui s'égare au pays des merveilles, là où même les morts sont immortels
j'ai tendu ma main, et j'en ai attrapé un, les doigts tremblants, le cœur battant. il était doux, doux comme du coton. d'une douceur qui brise autant qu'elle emprisonne. comme des prises sur le mur d'escalade, je monte encore et encore et je ne sais plus redescendre par peur de tomber à plat ventre
j'ai mangé le nuage. il était chaud, il était bon. il a coulé dans ma gorge et s'est noyé dans mon corps
et toi maman, tu m'as regardé suffoquer en l'avalant ; le massage cardiaque tu l'avais oublié ?