Chapitre 13 (1/2)

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Le Temple d'Eraïm ne disposait pas d'auberge, mais permettait à ses visiteurs de partager ses dortoirs.

Une situation à laquelle aucun des jeunes n'était habitué, et qui ne permettait aucune intimité. Rayad et Alistair s'étaient retrouvé dans le dortoir des hommes tandis que Shaniel, Surielle et Taka avaient rejoint celui des femmes. Les lits étaient étroits, et si les Massiliennes maugréèrent pour la forme, elles se blottirent dans leurs ailes avant de fermer les yeux. Shaniel était restée un moment éveillée, songeuse. Elle aurait eu envie d'aller rejoindre Alistair, tout en refusant de froisser leurs hôtes. Le bruit des discussions chuchotées lui rappela sa solitude. Les larmes perlèrent à ses paupières. Par Orssanc, elle se sentait si démunie ici ! Elle espérait que Surielle ne se trompe pas et puisse les guider vers cet Éveillé. Rentrer, retrouver ses marques, c'était tout ce qu'elle désirait. Si seulement... Avec un soupir, Shaniel chassa les regrets de son esprit et s'efforça de trouver le sommeil.

Le lendemain, après un solide petit-déjeuner, ils avaient remercié les Prêtresses pour leur accueil et s'étaient envolés vers la Porte, où une Prêtresse les attendait. Ils en avaient déjà discuté : leur prochaine destination serait Massilia. Trouverait-elle l'Eveillé à Lapiz, comme le Prêtre Damien le lui avait sous-entendu ? Surielle n'osait y croire.

Heureusement que Taka s'était proposée pour l'accompagner.

Massilia serait un terrain miné pour Alistair, et celui-ci avait refusé d'être laissé en arrière. Il était l'escorte officielle de Rayad et Shaniel, était là pour les protéger et tant pis s'il devait croiser d'autres ailés. Surielle pressentait qu'il était prêt à livrer autant de duels que nécessaires pour son honneur, et ça l'inquiétait.

Son cousin avait beau être fier de ses ailes, s'il y avait bien une planète de la Fédération qui n'avait rien oublié de la traitrise de son père, c'était Massilia. Les ailes rouges du Commandeur était un rappel constant du sang Massilien dans ses veines, ainsi que de la trahison impardonnable vécue comme un outrage par tous les ailés.

La Porte était toute proche de la ville de Citrine ; Surielle comptait bien l'éviter. Elle était ravie que Shaniel et Rayad puissent les accompagner dans les airs grâce à leurs griffons ; ces créatures étaient stupéfiantes ! Même si jamais elle n'aurait osé approcher autant son visage de l'énorme bec. Les impériaux semblaient avoir un lien bien particulier avec leurs montures.

Au moins, ils ne resteraient que le temps minimum nécessaire à leur quête. Elle espérait que son oncle Aioros n'apprenne jamais leur présence ici.

Taka les guidait pour l'instant. L'Émissaire jetait de fréquents regards à Alistair, placé au centre de leur formation. Elle ne l'aimait pas, mais le supportait comme une gêne nécessaire.

Après plusieurs heures de vol, d'un geste, Taka les guida vers le sol. Ils se posèrent à quelques mètres à peine d'une grotte à l'ouverture étroite, au milieu des sapins enneigés. Surielle respira à pleins poumons l'air empli de l'odeur des résineux.

–Quel bel endroit ! s'exclama Shaniel. Cette blancheur !

Elle se laissa glisser du dos de Grenat.

–Oh ! C'est froid ! Je pensais que ça allait être tout doux !

–Tu n'avais jamais vu de neige ? railla Alistair.

–Elle a rarement quitté Druus, dit Rayad. Tu connais Shani, hors du Palais... elle tient trop à son luxe.

Shaniel plaça ses poings sur ses hanches.

–Toujours à vous plaindre ! Me suis-je offusquée de quoi que ce soit depuis notre départ ?

–Laissez-la tranquille et allez chercher du bois, lança sèchement Taka.

L'héritage des phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant