Chapitre 22 (2/2)

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Alistair glissa un doigt dans son col, cherchant à desserrer cet étau qui lui comprimait la gorge. Orssanc qu'il détestait sa tenue officielle ! Ce col rigide était insupportable.

— Détends-toi, Alistair, ce n'est qu'un repas.

— Un repas où plusieurs Seigneurs et des alliés potentiels seront présents. Je ne peux pas te faire défaut.

Rayad s'approcha, posa une main sur l'épaule de son ami, croisa son regard.

— Tu as toute ma confiance, Alistair, dit-il doucement. Je pensais que tu le savais.

— Comment vas-tu les convaincre ?

— Ce n'est pas le but premier de ce diner, tu sais. Je veux les observer, comprendre ce qui les fait hésiter. Apparaitre aussi serein que possible face à la situation. Dès que nous en saurons un peu plus sur l'Éveillé, dès que le ciel nous sera plus propice... nous pourrons agir.

— Je croyais que Surielle en avait discuté avec le Prêtre Bothik ?

Rayad opina du chef.

— Je sais qu'ils discutent des lieux potentiels et cherchent à vérifier les rares informations que nous avons réussi à dénicher. C'est frustrant d'être ainsi dans l'attente.

— Je sais, répondit Alistair d'une voix sourde. Et j'aimerai tellement pouvoir être aux côtés de mon père... il est le seul à prendre tous les risques, et moi, je suis coincé là, si inutile...

Ses poings se serrèrent face à son impuissance.

— Ça va aller, Alistair. Ton père mérite sa réputation.

Alistair hocha la tête, consulta son chrono.

— Le retard est l'apanage des rois, mais je sais que tu préfères être à l'heure. Auquel cas, nous devons y aller.

Rayad lissa une dernière fois sa veste.

— Tu as raison. Allons-y.

Rayad quitta sa chambre, Alistair sur ses talons, emprunta machinalement les couloirs qui lui permettraient de rejoindre la salle principale, qui se transformait en salle à manger le soir. Le chemin, il ne connaissait par cœur. Une fois à gauche, deux fois à droite, tout droit, encore à gauche...

Rayad pila net, si bien qu'Alistair, lui aussi plongé dans ses pensées, manqua de le percuter. Un juron lui échappa, puis il remarqua les yeux ronds de son ami.

En face d'eux, Shaniel et Surielle. La princesse arborait un large sourire, et Surielle... Alistair comprenait parfaitement le trouble de Rayad. Jamais ils ne l'avaient vue mise en valeur avec autant d'élégance.

Shaniel lui avait trouvé une robe digne de son rang, dans un tissu bleu nuit si sombre qu'il en paraissait presque noir. Pourtant, le tissage révélait des fils d'argents qui la faisaient scintiller à chacun de ses pas. Son maquillage était léger, juste de quoi rehausser son regard bleu-acier, et Shaniel avait remonté ses cheveux à l'aide d'une barrette en argent. Les ailes orangées étaient comme un écrin pour sa beauté et Alistair comprenait parfaitement que Rayad en perde la tête.

Shaniel n'était pas en reste, bien sûr, même si dans un style totalement différent. Sur sa peau sombre, le blanc était lumineux, pur, et une ceinture de rubis dessinait sa taille. Si Surielle était fine, Shaniel était toute en rondeurs, et savait parfaitement où attirer le regard. Son décolleté à lui seul s'assurait que personne ne resterait indifférent à ses charmes.

La gorge sèche, Alistair avait parfaitement conscience qu'ils se montraient tous les deux fort impolis à rester plantés là, mais aucune réaction cohérente ne parvenait à son cerveau.

L'héritage des phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant