Chapitre 35 (3/4)

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Une première silhouette descendit du griffon qui s'était posé à quelques mètres d'eux, mais Satia n'avait d'yeux que pour sa fille.

Surielle discerna sa mère, se jeta dans ses bras. Sa stupéfaction n'était rien face à la joie indescriptible qui l'envahissait. Elle avait tant rêvé de ce moment !

— Maman ! Que fais-tu là ?

Elle avisa alors derrière elle le régiment déorisien, l'escouade de Mecers dirigée par Taka – qui lui offrit un sourire et un signe de main – son oncle Aioros, la Guérisseuse Sanae... toute une force hétéroclite clairement non impériale.

— Que font-ils ici ? s'étonna Surielle.

— Eraïm en personne est venu nous mettre en garde contre Orhim, expliqua Satia. Nous venons en aide à nos alliés. À menace commune, résistance commune. Qui est ce jeune homme, derrière toi ?

— Oh. C'est Edénar. Il a réveillé Orssanc.

Le jeune homme salua gauchement, intimidé.

— Un plaisir de te rencontrer, sourit Satia.

— Nous n'y serions jamais arrivés sans Alistair, souligna Edénar.

— Oui, d'ailleurs, il...

Surielle se retourna, se figea.

Son cousin avait mis pied à terre. Il était si différent, avec cette cape drapée sur ses épaules qui camouflait ses ailes abimées. Rien à voir avec l'assurance avec laquelle il arborait ses plumes écarlates. Le cœur de Surielle se serra. Alistair avait souffert. Mais il avait eu le devoir de protéger Rayad, et Rayad était mort.

Elle n'imaginait pas le Commandeur aussi magnanime que ses parents.

Surielle ravala sa salive. Le Commandeur n'avait pas bougé, adossé à l'une des griffes de son dragon de pierre.

Bras croisés, immobile, il attendait.

Comme un automate, Alistair avança, s'immobilisa à un mètre de son père.

Une grande inspiration.

Les poings serrés, il ouvrit la bouche.

— Je... Je suis désolé.

Envolées toutes les phrases bien tournées qu'il avait préparé. Rien d'autre ne lui venait. Alistair aurait préféré confronter son père seul, loin des regards qu'il devinait posés sur eux. Mais peut-être méritait-il cette humiliation supplémentaire.

Tu ne « mérites » rien de tel ! s'indigna Zéphyr.

Laisse-moi régler ça. S'il te plait.

— Montre-moi.

Le ton impersonnel le fit frémir. Alistair déglutit, ferma les yeux avant d'ôter sa cape. Impossible de soutenir le regard de son père dans ces conditions.

Il perçut très bien les murmures étouffés des ailés non loin d'eux, l'inspiration brève tout près de lui. Alistair serra les poings, les ongles s'enfonçant dans ses paumes à en marquer la chair, puis osa croiser le regard gris de son père.

Lequel ouvrit ses bras.

— Tu as beaucoup souffert, mon fils. Je suis heureux de te revoir en vie.

Alistair se précipita dans son étreinte, à peine conscient des immenses ailes rouges qui les entouraient pour leur donner un peu d'intimité, secoué de sanglots.

— Je n'ai pas réussi... il est mort devant moi... j'ai été impuissant... c'est si dur...

— Je sais, dit Éric.

L'héritage des phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant