(Contexte : Japon contemporain, réalité alternative)
Tout semble opposer Kohira Mariusu et Ichimoro Otokoma. Tout ou presque. Si les deux jeunes hommes sont des marginaux dans leur lycée, ils ne le sont pas pour les mêmes raisons. Alors que Mariusu...
Une dernière grande inspiration avant de franchir le portail. Mais que cela ne se voit pas trop. Il faut rester discret.
Il semble à Mariusu faire un effort, peut-être pas surhumain mais tout de même, pour affronter cette nouvelle rentrée au lycée. Apprendre, il adore ça, c'est le contact avec les autres qui le dérange davantage. Non pas qu'il ne les apprécie pas ! Au contraire même, parfois. Mais aller vers eux, oser leur parler, les regarder en face, affronter ce qu'il ressent comme un jugement dans leurs regards, leurs postures, leurs voix... C'est difficile, peut-être trop difficile. De toute sa scolarité il n'a jamais eu d'ami. Pourtant il se sent bien ! Relativement bien. Il aimerait être plus ouvert, moins discret, moins timide. Un peu comme... Non. Il essaie de ne pas se comparer à d'autres, qui n'ont rien à voir avec lui. Chacun est différent.
Il s'avance dans la cour parmi la foule de ses camarades, connus ou non.
« Hey ! Kohira !
- Matsumoto ! Ça va ?
- Ouais et toi ?
- Oui, et toi ?
- Ouais baaa... comme un jour de rentrée quoi...
- OK ! Tu... »
Trop tard... Son camarade est déjà parti... L'émotion qui envahi Mariusu est mitigée. Certes Matsumoto l'a salué amicalement, et il en est très content, mais lui, Mariusu, n'a pas su lui répondre "correctement", retenir son attention et son intérêt. Pourtant, c'est quelqu'un de sympas Matsumoto Tadashi... Mais Mariusu est trop timide, comme d'habitude. Et pour ça, il est triste, en colère contre lui-même.
Il décide de ne pas se laisser aller à des remords inutiles et qui, de toute façon, ne lui serviront à rien. Après-tout, Matsumoto a d'autres choses à faire lui aussi. Mariusu se dirige alors vers le panneau d'information pour consulter la composition de sa classe. Normalement, rien ne devrait tellement changer en terminale par rapport à la première... ce devrait être les mêmes élèves. Il parcourt du doigt, avec attention, la liste affichée. Il fait durer un peu la pose, l'exagère légèrement, pour se donner contenance. Faire comme s'il s'agissait d'une chose importante lui permet de cacher sa solitude, l'occupe pour un temps.
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Les yeux du jeune homme tombent sur un nom parmi ceux inscrits avec le sien : Ichimoro Otokoma. Otokoma... Non pas Otokomae ! ("Bel homme", en japonais) Juste Otokoma. Quel prénom étrange... Mariusu n'est même pas sûr qu'il existe. À quoi ses parents ont-ils pu penser en l'appelant de cette façon ?
Les pensées critiques du lycéen s'arrêtent là. Il vient de se souvenir que ses parents à lui, lui ont donné un nom occidental "Marius" sans raison autre que le fait que cela leur plaisait. Il baisse la tête, ses cheveux courts tombant devant ses yeux. Il aime bien cette coiffure, simple mais à la mode, qui lui permet aussi de se cacher, de dissimuler ses montées d'émotions et, accessoirement, ses petites taches de naissance, comme des taches de rousseur. Son visage en est moucheté. En plus, il a tout à fait la nature de cheveux qui convient : lisses, fins et noirs. Cette coiffure lui donne un air de personnage classique de manga, celui auquel on ne s'intéresse pas trop...
