OS écrit pour Liloubella
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Lycée Bossuet, Meaux
Hugo Lloris
Je sors du lycée en soufflant. Encore une journée passée à rien faire... Les profs de l'établissement devraient vraiment recevoir la Palme d'Or de « Personne la moins captivante » ! Au moins Madame d'Artaut, cette vielle chouette qui s'énervait au moindre bruit. Forcément, quand je m'étais endormi dans son cours, ça ne lui avait pas plu. « Allez en colle, Lloris ! Je veux un rendez-vous avec vos parents ! », avait-elle crié, excédée. La bourgeoise en avait marre... Il était vrai que je détonnais au milieu de ces enfants de la classe aisée... Mais moi, je n'avais rien demandé !
J'avais passé douze ans de ma vie à être heureux, dans une famille de classe moyenne. Ensuite, mon père était tombé dans l'alcool. Ma mère avait perdu son boulot, et j'avais commencé à dealer pour subvenir aux besoins du foyer. Gautier, mon frère, avait terminé ses études et s'était barré. Il envoyait parfois de l'argent depuis son luxueux appartement de Nice. Mais ce n'était rien, à peine ce que mon père dépensait en quelques jours pour s'acheter de l'alcool... Il y a deux ans, il était décédé, me forçant à m'occuper de ma mère, à payer les funérailles et à m'endetter plus encore.
Je détestais mon père pour ce qu'il m'avait apporté, je détestais mon frère pour n'avoir pas fait face à la misère, je me détestais moi pour ne pas réussir à rendre ma mère fière...
Mes activités illégales m'avaient forcé à m'éloigner de tous ceux que j'aimais, sans distinction. Du jour au lendemain, j'avais cessé de parler à mon meilleur ami. Je l'avais rejeté pour le protéger, m'étais enfermé dans la solitude. L'horreur avait commencé. Travailler tard, dealer plus tard encore, donner les trois quarts de ce que je gagnais au « Boss », dormir en cours... J'avais conscience que je flinguais ma vie, mais une fois rentré dans la spirale infernale de la drogue, il était extrêmement difficile d'en sortir.
Des bruits de pas derrière moi me firent me retourner. Prêt à casser la gueule de celui qui me suivait dans les rues sombres de Meaux, je me retrouvais nez à nez avec Lucas Digne, mon ex-meilleur ami. Je déglutis. Comment lui dire de partir ? Il m'était interdit de flancher. Le petit blond avait dix-sept ans, un avenir, des bonnes notes... Il faisait partie de la classe dominante, il aurait ce qu'il voulait. Nos chemins s'étaient séparés il y a longtemps déjà.
- Qu'est-ce que tu veux, demandais-je avec une agressivité feinte.
Si je voulais le faire fuir, je devais le blesser. Il m'en coûtait, énormément, mais je ne pouvais –non, je ne devais pas- le mettre dans la merde. Il recula, semblant ébranlé par mon attitude. Malgré tout, il ne se démonta pas et répondit d'une voix assurée, qui contrastait avec sa posture.
- Je veux t'aider.
Avant que j'aie pu lui dire que je ne voulais pas d'aide, il argumenta.
- Je sais que tu ne veux pas de moi. Je sais que tu me détestes. Mais laisses-moi t'aider Hugo, s'il te plaît... Je ne veux pas te perdre...
Sa sincérité me toucha. Comment refuser quelque chose à cet ange ? Mais je ne devais pas craquer. J'étais Hugo Lloris, dealer notoire, mauvais garçon... Je devais tenir mon rôle.
- Non.
Je me détournais en le laissant planté là. Mon cœur se déchirait à chaque pas supplémentaire alors que je m'avançais vers le Quartier Général du gang. Je n'étais qu'un petit sous-fifre, pas quelqu'un d'important. Pourtant, le « Boss » était capable de tout pour garder des hommes sages et obéissants. Son réseau s'étendait dans tout la France, à travers différentes agences qui proposaient leurs services... Services illégaux, bien entendu. Personne ne doutait de son sang-froid, mais personne ne savait à quoi il ressemblait... Nous devions déposer l'argent, et ses proches conseillers venaient le récupérer tous les mois.
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Petites histoires de football
De TodoCeci est un recueil d'histoires courtes sur le football. N'hésitez pas à venir me demander des précisions à propos de l'univers si besoin. Je répondrais avec plaisir. Si voulez que je vous écrive un OS, pas de soucis, il suffit de passer privé. Bon...