L'audacieuse

Chapitre 1

12 février 2834

10 ans se sont écoulés depuis le jour où M. et Mme. Miller ont quitté leur domicile. Pourtant, Enora s'en souvient parfaitement. Elle revoit sa mère lui tendre une magnifique poupée en porcelaine, qui est toujours sur le rebord de sa fenêtre, en lui disant d'être courageuse et d'écouter sa tante Maddie. Elle l'avait ensuite embrassée sur le front avant de partir vers la calèche.

Son père, lui, s'était agenouillé pour lui mettre un pendentif autour du cou et lui avait ébouriffé les cheveux. A cette pensée, elle effleura la chaîne du pendentif en question. C'était un rond en forme de lune, et au milieu était gravé un renard à cinq queues. Elle le portait tous les jours en se disant que comme ça elle serait avec eux.

Elle sortit de sa chambre pour s'activer dans ses taches matinales. Elle commençait par nourrir les poules et le chien avant de prendre son propre petit déjeuner.
Elle aidait ensuite sa tante, qui revenait du marché, à porter les cagettes de la semaine.

Enora avait décidé d'apprendre c'est pourquoi elle se rendait dans la bibliothèque pour s'instruire. Elle y passait des heures. Ayant eu la chance de savoir lire, la jeune fille dévorait les ouvrages. Chaque page représentait une richesse, chaque livre était source d'un inestimable savoir. Ses yeux aspiraient les lignes, elle avait soif de connaissances.

Les histoires qu'elle lisait avant de s'endormir étaient si fantastiques ! Elles débordaient de personnages de fiction et de paysage merveilleux. Une telle vision de la vie semblait hors de portée, et c'est cela qui plaisait à Enora qui vivait dans un monde sans couleur vive.

Le midi elle préparait le repas avec sa tante. C'était le seul moment avant le soir où elle la voyait. En fait, elle ne la voyait pas si souvent car tante Maddie travaillait pour un noble, M.McCartney, qui était venu s'installer à l'air pure avec quelques membres de sa famille. Et lorsqu'elle était en congés, celle ci était occupée au jardin, elle allait voir des amies ou bien s'enfermait dans sa pièce pour faire ses activités.

Enora devait donc sortir souvent si elle ne voulait pas avoir la solitude comme seule amie. Heureusement, elle était une personne sociable et joyeuse qui attirait les regards et les gens de son âge.

Elle avait trois bons amis; Émilie, son amie d'enfance, Arthur et Lucien. Il y avait aussi le bibliothècaire du village, la boulangère et M. et Mme. O'Brian. C'était un vieux couple habitant une grande maison qui s'était pris d'affectation pour Enora. Elle leur rappelait leur fille partie pour la Capitale et dont ils n'avaient plus de nouvelles depuis des années.

Aujourd'hui elle devait ramener des ouvrages, rendre visite aux O'Brian puis aller chez Émilie pour finir leurs robes pour la fête du village.

Elle sortit de la maison, mit son manteau, ses gants et son écharpe. Le froid lui engourdissait les jambes, l'air chaud de sa respiration devenait un nuage de brume épais parmi tant d'autre sur la place principale. Il lui fallut encore du temps avant d'arriver chez le couple.

Dès son arrivée elle fut accueillie par une douce odeur de chocolat chaud et de cannelle. Mme O'Brian l'invita à s'asseoir et lui tendit une tasse du délicieux liquide fumant ainsi que quelques biscuits. Leur salle de séjour avait un côté douillet et chaleureux. M.O'Brian alluma un feu dans l'imposante cheminée et se joint à la conversation.

« Enora vient de me dire que M.Williams organise une petite réception chez lui avant la fête et que nous sommes conviés !

- Formidable ma chère ce sera l'occasion de revoir vos amis proches.

- Tout à fait, répondit elle avant de se tourner vers Enora, sais tu qu'une Dame de la Capitale sera présente le soir des festivités ? Il faudra faire bonne impression !