Chapitre 3

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16 février 2834

Enora ouvrit brusquement les yeux. Elle souleva sa couette et se dirigea vers son miroir. Elle avait les paupières gonflées et des traces de larmes étaient séchées sur ses joues.

Elle s'était réveillée plusieurs fois dans la nuit en faisant toutes sortes de cauchemar ; ses parents avaient été en face d'elle, de marbre, elle avait beau avoir crié ils n'avaient pas bougé. Elle avait ensuite été face à sa tante dans un couloir sombre, là, elle avait martelé le mur de coups puis avait hurlé de rage. Puis son corps était tombé. Mais à la place de tomber dans le couloir il était tombé dans de la neige.

Elle était restée là, incapable de bouger, ses yeux avaient contemplé le ciel et seul le bruit de son souffle avait raisonné.

Elle s'habilla en vitesse et partit voir Émilie. Le départ était prévu le sur lendemain. Au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de chez son amie une boule grossissait dans son ventre. Elle se sentait oppressée et tendue. Lorsqu'elle frappa à la porte elle avait la sensation que ses jambes devenaient du coton.

Émilie lui ouvrit et en voyant la mine pâle de son amie elle l'invita à s'asseoir.

« Qu'est ce qui ne va pas ? » Questionna la jolie blonde.

Enora leva la tête, les jambes tramblantes. Elle déglutit et répondit en murmurant :

« Je crois que j'angoisse... j'appréhende le moment du départ. »

Émilie s'agenouilla en face d'elle et prit ses mains dans les siennes.

« Écoute moi, c'est normal d'avoir peur, d'angoisser, qui ne le serait pas ?

- Toi par exemple...

- Enora... moi aussi je stresse, mais c'est différent. Je suis préparée mentalement depuis des années, ça fait parti de ma vie, cette information est encrée en moi et c'est une évidence de suivre cette voie, c'est comme... normal. Toi non, tu n'as pas de repère, rien n'est stable et ça t'est totalement inconnu. C'est donc plus que normal que ça t'effraie.

- Tu sais, commença-t-elle hésitante, je n'ai pas reparlé à ma tante depuis et je me dis que si je pars je n'aurais peut-être plus jamais l'occasion de la revoir alors... Je culpabilise.
Je n'aurais peut-être pas dû lui crier dessus comme je l'ai fait mais en même temps j'étais tellement en colère et quelque part je le suis toujours.
Je pense qu'il y a sûrement une bonne raison à cela, une explication... mais je ne peux m'empêcher de penser qu'on me l'a caché volontairement et qu'elle aurait pu faire quelque chose ou bien ne pas écouter la recommandation de mes parents et m'en parler.
On n'a jamais été proche mais c'est une personne de ma famille et elle m'a accueillie et à moitié élevée.
Si je te dis tout ça c'est parce que je ne sais pas quoi faire vis-à-vis d'elle. Je ne sais même pas si elle s'attend à ce que je parte ou pas. J'aimerais juste qu'elle m'accompagne et m'aide malgré nos différents. »

Enora s'arrêta et regarda son amie.
« Désolée je me répète...

- Non je comprends ce que tu veux dire. Avoir un visage familier même n'importe lequel aide dans l'inconnu.

- Et je me pose aussi des questions sur les factions. Ne connaissant presque rien de l'État je ne sais pas depuis quand elles sont instaurées, pourquoi cette règle s'applique aux villages tel que le notre, où vont tous ces jeunes, que deviennent-ils...

- Il y a beaucoup de mystère je te l'accorde, mais, à ce qu'on m'a dit, c'est comme volontaire. Et lorsqu'on sera dans nos factions on aura des réponses. Tu arriveras à surmonter cette épreuve, même s'il y a une semaine tu ne savais rien, même si tu as peur, même si tu es seule, c'est pas par hasard que ça t'arrive maintenant.
Moi je crois en toi, tu es bien plus forte que tu ne le penses. »

L'audacieuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant