Chapitre 52 : Le club de kickboxing

134 15 8
                                    

Je préfère nettement la tension qui règne dans une salle de boxe (ou plutôt de kickboxing) à une salle de classe. La sueur, l'odeur, l'atmosphère, tout me rappelait presque ce que je pouvais ressentir lorsque je chassais. En plus il y avait de l'action et j'en avais grandement besoin. Des hommes et des femmes de tout âge avec des gants et des protections en train de frapper des sacs ou même de s'entraîner à deux. J'ai soudain de l'envie de me joindre à eux, de me dérouiller un peu. Je pourrais y passer toute la journée. Je me suis senti un peu à l'aise. Lisa m'a dit de me changer dans les vestiaires pendant qu'elle ferait de même. Je ne savais pas trop en quoi me changer donc j'ai juste enlevé mes baskets et ce qui couvrait mon torse. Une fois ressorti, Lisa avait mis la totale : des gants, une tenue de sport légère, des protections pour la tête, le tout en rouge. Elle n'arrêtait pas de me regarder, un peu mal à l'aise. En fait elle regardait mon torse et mon ventre. Les cicatrices peut-être ? C'est vrai que celles qui étaient l'étaient plutôt impressionnantes...

-Du coup après on fait quoi ? ai-je demandé.

Ça a semblé la tirer de sa rêverie. Elle a balbutié :

-Euh... Ouais... Attends je vais te prendre des gants dans la réserve... Et des protections... Ton jogging te va ou tu préfères emprunter un short aussi ?

-Non, c'est bon.

J'avais bien vécu un an dans la nature mais je ne serai jamais prêt à mettre un short d'emprunt dans un gymnase. Une fois équipé je me serais cru dans un film de boxe, à la Rocky. Je m'attendais à ce qu'une chanson genre "Eye of tiger" surgisse en arrière-plan.

-Si c'est pas notre championne ça ! Félicitations pour ta deuxième place au tournoi du comté ! dit un homme musclé, chauve, apparemment d'origines latino-américaines. Il avait une balafre sur la joue gauche. Il devait faire une tête de plus que moi.

-Merci Paul, ça fait plaisir ! répondit Lisa joyeusement.

-Tu les auras l'année prochaine. Et qui est ton ami ? répondit l'homme enjoué.

-Ah... Lui c'est Blake, un ami. Blake, lui c'est mon entraîneur, Paul.

-Ravi de te rencontrer, dis donc t'es pas mal bâti ! Tu pratiques un sport ? me dit l'entraîneur.

-Pas vraiment... ai-je dit.

-Et toutes ces cicatrices, ça fait vraiment dur à cuire, tu te les ai faites comment ?

-J'étais dans un camp militaire de redressement. Ils nous traitaient à la dure là-bas. ai-je dit.

C'est décidé, cette excuse allait devenir ma version officielle.

-Ah ouais on a droit à un vrai bad boy à ce que je vois. Tu veux pas venir sur le ring me montrer un peu ce que tu vaux ?

-Euh... Je suis pas sûr... ai-je répondu (en vrai je voulais carrément le faire mais je savais pas si je pouvais réellement).

Je me suis tourné vers Lisa. Elle m'a encouragé du regard, même si elle semblait pas aussi sûre elle non plus.

-Ok...j'ai fini par dire.

-Super ! Le temps que je mette mes gants !

Et il se dirigea vers une porte adjacente. Est-ce que ça allait bien se passer ? Cinq minutes plus tard j'étais sur un ring face à un géant balafré aux gants noirs. En réalité comparé aux orcs il était vraiment petit. Mais bon. Les gants étaient vraiment inhabituels. En plus ma manière de me battre est peut-être pas vraiment raccord avec les règles du kickboxing... Et le protège dent est vraiment désagréable. Il comptait tout de même pas me mettre une raclée ?

-Bon écoute la vraie clé pour bien frapper c'est l'équilibre et la vitesse, il faut que tu rendes tes coups impossibles à esquiver ou à parer. Conseils gratuits de Paul, évidemment. me dit il en sautillant, en position de garde.

Il tenta de m'asséner un direct mais je l'ai facilement esquivé. Il était beaucoup, beaucoup plus lent qu'Euthania. Mais je pense que ma vitesse soit mon seul avantage face à lui. Son corps semblait rassembler beaucoup de puissance. Avec Clairvoyance j'ai pu observer son métabolisme en détail et il était vraiment bien travaillé, pas d'imperfections notables. Le début du combat a consisté à moi en train d'esquiver en sautillant partout alors que lui essayait de me frapper en sautillant partout tout en me prodiguant des conseils du genre : "pas mal mais essaie un peu de frapper pour que j'évalue ta force" et "la fuite ne fait que stagner le combat !". Je ne sais pas pourquoi, mais au mot fuite, des images me sont venues en tête. Des images très très déplaisantes.

J'ai revu Rugi me regarder dans les yeux avec désespoir juste avant de mourir. J'ai revu Sylvei tentant désespérément de me sauver la vie avant de se faire sauvagement décapiter. J'ai ressenti toute la frustration que j'essayais d'éviter, j'ai revu tout ce à quoi je ne voulais plus penser. Ces derniers mois j'avais réussi à ne pas me culpabiliser. J'avais mis de côté toute ma haine. La haine dont Euthania parlait sûrement. Cette haine qui motivait tous ces combats. Tous ses meurtres. Sa haine d'elle-même. Et cette haine je l'avais eue. Je me haïssais parce que je n'avais rien pu faire. Et cette haine revint, précisément au moment où le pied de Paul rencontra ma joue droite et me propulsa directement à terre. Je ne savais pas pourquoi. J'avais réussi à ne pas revoir ces images en me battant contre Euthania, en chassant. J'avais réussi à les enfouir dans les ténèbres de mon esprit. Mais maintenant que j'avais plus ma survie en priorité... Tout revenait. En plus de mes embrouilles avec ma famille.

Je me suis alors tendu. J'ai agi impulsivement. Je me suis vite relevé, son coup ne m'avait pas fait beaucoup de dégâts. Je me suis senti comme ce jour-là. Ce jour où j'ai perdu mes amis. Ma poitrine se serra. J'avais du mal à respirer. Mon environnement devint flou. Je ne voyais que Paul. "Tue le" me dit mon subconscient. Sans m'en rendre compte j'ai utilisé le regard du dragon. Ça l'a totalement paralysé, il en tremblait. Mais au moins il a pas perdu pied comme Mark. J'ai foncé sur lui et je lui ai mis un coup de pied circulaire monumental à la tête. Ça l'a envoyé valser dans les cordes. Pour moi, à ce moment, il était semblable aux Enfoirés qui avaient pris la vie de mes amis. Ces mois... Ces mois de solitude où j'avais mis mon esprit en veille juste pour ne plus jamais revoir cette scène... Maintenant j'avais l'impression de la revivre. De la revivre à cause de lui. À cause de Paul. Cette souffrance... Cette frustration de ne pas avoir pu bouger... Elle se concentrait dans mes poings et mes pieds. J'étais à deux doigts d'utiliser les runes. Une larme coula sur ma joue. Mes yeux étaient-ils encore devenus des yeux de reptiles froids et sombres ? Je ne sais pas. Il me semblait que j'étouffais dans ma haine. Que seul le fait de donner des coups pouvait me soulager. Paul se releva, malheureusement. Je lui ai mis un direct dans le ventre, un autre dans la mâchoire, un crochet dans les côtes, un coup de genoux, le tout sans le laisser s'effondrer au sol. Il se mit alors à cracher du sang et à gémir doucement.

C'est là que j'ai repris connaissance. Et que j'ai compris que je tabassais juste un mec sans absolument aucune raison. J'ai regardé autour de moi. Lisa me regardait avec effroi. Toutes les personnes présentes me regardaient, choqués. Et Paul avait perdu connaissance. C'est là que je me suis précipité dehors en courant.

*****

Il semblerait que le traumatisme de Blake ait laissé des séquelles bien plus profondes qu'on aurait pu le croire. Va-t-il réussir à surmonter ces obstacles ? Sa douleur ? Sa culpabilité ? Ah et désolé si notre rythme de publication est différent de ce à quoi on vous a habitués, certaines circonstances dont qu'on n'est plus trop dans la même situation de publication (ne vous inquiétez pas on vous fera parvenir les chapitres par tous les moyens possibles tout de même). Brandon terminé.

Les Immortels : Le gardien de la destruction, Tome 3 [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant