Chapitre 12 : Première proie

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-Utilises ta main droite ! me cria-t-elle.

J'avais beau attaquer encore et encore avec le poignard, elle ne faisait qu'esquiver mes coups. Je serrais les dents de frustration. Ma main droite... Je pouvais à peine la fermer, alors me battre avec ? Mais je savais que c'était une épreuve que je devais traverser si je voulais devenir plus fort. Encore une fois, je me suis battu pendant quatre heures entières dans pouvoir la toucher, alors qu'elle m'a violemment réveillé avec un coup de pied dans les côtes. Elle ne me ménage pas du tout. 

Alors qu'elle allait partir, et que j'étais à terre, essoufflé, je lui ai demandé :
-Apprends...Apprends-moi... À faire un feu... 

Elle me regarda, impassible. Elle alla dans la forêt, revint avec des bouts de bois et, comme par magie, alluma un feu avec des gestes qui lui semblaient extrêmement simples. C'était rapide et très très précis. C'est comme si elle avait fait ça toute sa vie. 

Et voilà comment elle est parti, laissant un feu derrière elle et moi qui faisait tout pour me rappeler de chaque étape de son allumage. J'avais dix nouvelles entailles sur mon bras droit. Je devais laver ça, au cas où ça s'infecterait. Je voulais le feu pour faire bouillir de l'eau afin de laver mes plaies et de remplir la gourde, mais il me fallait un récipient. J'ai alors attrapé un bout de voir assez épais, je l'ai coupé en deux et l'ai creusé avec le poignard. C'était un travail de longue haleine, de faire ça en jetant des bouts de bois pour entretenir le feu. 

Lorsque j'ai eu comme résultat une sorte de verre en bois grossier, je devais maintenant trouver un moyen de le maintenir au dessus du brasier pour ne pas qu'il prenne feu. J'ai pris cinq bâtons et des lianes, j'ai créé une sorte de système grâce auquel le verre pendait attaché à une liane au dessus du feu. Et c'est ainsi que j'ai créé mon premier outil de survie IRL et que j'ai pu faire bouillir de l'eau de la rivière et remplir la gourde puis nettoyer mes plaies. J'ai alors mangé les deux fruits qui restaient ainsi que mes médicaments. 

J'avais mal partout à cause de l'entraînement et de l'inconfort évident que présentait mon matelas de graviers au bord de la rivière. J'étais fatigué. Mais je devais me lancer dans l'exploration de la forêt maintenant et profiter de la lumière du jour pour trouver à manger. Les fruits ne me suffiront plus. J'ai rangé mon verre dans le sac, ai éteint le feu, j'ai mis mes vêtements à sécher sur les rochers et je me suis enfoncé dans la forêt, marquant avec le poignard d'une croix tous les arbres que je croisais, pour ne par me perdre. J'étais épuisé. Je faisais beaucoup de bruit, me suis je dit. J'ai alors tenté de marcher plus silencieusement, pour ne pas effrayer des proies potentielles. Il fallait que je mette en pratique ce que j'ai appris avec James cette nuit. Le regard du dragon. Ça me servirait pour chasser. 

Evidemment je ne maîtrisais pas encore le truc, mais j'avais des résultats qui pourraient immobiliser un animal de la taille d'un singe éventuellement. Et là, face à moi, sur un gros arbre, la chance me sourit : un lézard. Un gros lézard, environs 50 cm. Il avait la peau vert pomme et ne semblait pas m'avoir remarqué. J'ai levé le poignard dans le but de le lancer. Si je faisais dans le mille, j'aurai à manger ce soir. La viande de lézard ne devait pas être la meilleure possible, mais je n'étais pas en position de faire le difficile. 

J'ai lancé le poignard, mais je l'ai manqué de près et il a atterri sur le manche dans un buisson et donc le lézard s'est enfui en faisant un bruit aigu. Bravo, Blake. Première proie perdue. C'est alors que j'ai entendu un grondement extrêmement fort, venant de ma gauche. 

Je me suis précipité pour chercher le poignard et m'apprêtais à rebrousser chemin fissa lorsque j'ai vu débarquer tout un troupeau de... Singes ? Non, ça y ressemblait en taille et en forme, ça avait des poils et une queue, mais ça n'avait qu'un seul œil proéminent et six bras. En tout cas ils se précipitaient vers l'opposé du grondement. Ils fuyaient quelque chose. Je me suis caché dans les buissons. Ils étaient trop occupés à courir pour me remarquer.

 C'est là que j'ai vu qu'il y avait quelques retardataires. J'en ai repéré un, un peu lent. Et là, j'ai concentré toute mon attention sur lui, toute mes "pulsions meurtrières" ou plutôt mes envies de manger, mon instinct de prédateur quoi. C'est dur à expliquer sans le ressentir. Et là, il s'est arrêté quelques secondes. Et j'ai sur que c'était ma chance. Que ça n'allait pas durer. J'ai foncé de toutes mes forces, et sans réfléchir, et maintenant que je le dis ça me semble assez horrible, mais sur le moment je pensais trop à ma survie pour y penser, je lui ai tranché la gorge d'un mouvement avec le poignard. 

Je dois avouer être assez impressionné par ma précision. Je me suis retrouvé de l'autre côté, le cadavre encore chaud de ce singe cyclope dans mes mains tremblantes. J'ai réussi, j'ai chassé une proie. Mon regard du dragon a marché ! J'aurai à manger ce soir ! Le grondement s'accentua alors. Je me suis mis à courir vers mon campement provisoire. Je ne voulais pas me retrouver en face de ce qui les avait fait fuir. Je pensais être fatigué, j'avais peut être plus de ressources que je le pensais. 

Dans mes mains le cadavre du singe était encore chaud... Et j'avais de son sang sur mes mains. J'étais hystérique. Je venais d'ôter une vie... Il avait peut être une famille ou des enfants singes cyclopes et pourtant il a été victime de ma chasse. Et du hasard. La nature venait de me prendre dans ses filets. Je devais à présent ne conformer à ses lois pour survivre. Je ne pouvais pas faire de sentimentalisme. Désolé pour ce singe mais... Pour devenir plus fort je devais revenir aux fondamentaux de la vie sauvage. 

Dès que je suis arrivé au campement, mes jambes n'ont plus réussi à me porter et je me suis effondré. La pression retomba. Je devais vraiment me renforcer, parce qu'un jour je ferai sûrement face à un de ces monstres qui font de ces terres les plus mortelles du Laurus. 

En attendant, j'ai fait bouillir de l'eau, lavé le cadavre du singe, enlevé le sang, les poils (grâce au poignard), coupé en morceaux que j'ai piqués sur un bâton et fait rôtir sur un feu que j'ai mis une heure à allumer. La viande était dégueulasse, fade, amère, avec un arrière goût de vomi. Mais c'était la première que je chassais. Un petit goût de victoire et de réussite.


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Commentaire dans le chapitre suivant  :-P
Il vient de L'auteur alias Brandon Stonroe ;-)

Les Immortels : Le gardien de la destruction, Tome 3 [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant