Chapitre 8

8 1 0
                                    

La disparition de Suzana Taylor

Chapitre 8

Domenico Estéban regarda longuement ses enquêteurs et hocha la tête.

— Il est très prudent, organisé et intelligent, dit-il. Un cimetière est un endroit ou vous pouvez aller sans vous faire remarquer, sans qu'on s'interroge sur le but de votre présence. Vous pouvez rester immobile de longues minutes et tout le monde pensera que vous vous recueillez sur un de vos proches. Pendant ce temps, à l'abri derrière des lunettes sombres, vous observez. Les familles en deuil ne vous remarquent pas, tournées vers leur propre chagrin. Vous repérez votre cible, une femme jeune qui n'a pas d'homme de son âge à son bras pour la soutenir, vous la suivez des yeux quand elle rejoint son véhicule. Si c'est une voiture récente sans doute équipée d'un GPS, vous notez sa plaque, sa marque et son modèle. Il suffit ensuite de lire le nom et la date du décès écrite sur la tombe où elle s'est recueillie puis de chercher les faires parts et les remerciements de la rubrique obsèques sur internet. Ils vous donnent les noms des proches du défunt et l'annuaire vous conduit aux adresses. Vous n'avez plus qu'à tourner la nuit dans le quartier et retrouver le véhicule pour le piéger. En tout et pour tout, il n'aura rencontré sa cible qu'une fois, de loin et dans un lieu public.

— Oui, dit Max, un endroit où vous n'avez pas besoin de réservation et où vous ne sortez pas votre carte bleue. Le croisement des données a peu de chance de nous permettre de relier deux affaires et donc de progresser.

— Je suis sûre qu'à force d'observer les gens, il est capable d'en déduire les liens de famille qui les unissent au mort et même entre eux, dit Kira.

— Ok, mais pourquoi ce cimetière-là ? Pourquoi il n'en change pas, s'il est si prudent ? demanda Brian.

Kira sourit.

— Il travaille peut être là ou il a vraiment une tombe sur laquelle se recueillir.

— Max, dit Estéban, trouvez le plan de ce cimetière et l'emplacement des tombes qui nous intéressent. Faites ensuite la liste de tous les hommes qui, pour une raison professionnelle, fréquentent les lieux. En ce qui concerne ceux qui viendraient s'y recueillir, je suppose qu'il est inutile d'espérer pouvoir tous les identifier.

Max fit une grimace.

— Je peux faire quelques recherches, mais vu le nombre de tombes, ça risque de représenter beaucoup de travail pour un résultat peu probant.

— Rien de vaut un bon boulot de terrain pour obtenir ces renseignements-là. Mettons l'endroit sous surveillance discrète. Quoi de plus innocent qu'une camionnette de fleuriste sur les bords d'un cimetière ?

— Tenez-moi au courant, ordonna Estéban en guise de congédiement.

Max, à l'arrière de la camionnette, observait ses écrans de contrôle. Des techniciens avaient placé des caméras quasi invisibles dans les arbres ombrageant les tombes.

— Il n'y a pas à dire, c'est quand même mort un cimetière, soupira Brian à qui l'inaction pesait.

Six équipes se relayaient sur les lieux, aux heures d'ouverture du cimetière, depuis déjà plusieurs semaines.

— Tu es trop bête, répondit son frère en souriant. Tu t'attendais à quoi ?

— Je ne sais pas. Peut-être que la nuit, c'est plus mouvementé.

Max leva les yeux vers le ciel.

— Du genre morts-vivants ?

— Ce serait cool. Au moins, il y aurait quelque chose à voir.

La disparition de Suzana  Taylor Une enquête de Kira et BrianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant