Si Tim avait commencé sa vie d'une façon innocente, jouant comme tout enfant dans la ferme de ses parents au chevalier, aujourd'hui sa dernière touche d'innocence, d'enfance venait de disparaitre grâce à un seul geste, d'un seul mouvement.
Quand il était petit, il rêvait de jouer les chevaliers, admirant ceux qui passaient dans son village quand ils devaient rentrer en ville. Ce qu'il voulait faire plus tard était ce rôle, ce métier , il voulait sauver des gens avec le sourire, il voulait passer dans les villages, les villes, saluer la foule sur son beau cheval blanc, et une armure rayonnante. Il s'accrochait a cet image, une image vendue par les gens, la famille autour de lui, même sa petite sœur y croyait. Son esprit enfantin ne voyait que le beau, il n'était pas encore prêt a recevoir le revers de cet image, celui qu'on veut cacher car les petits enfants ne voudraient plus jamais être chevaliers.
Bien sûr, Tim était parfaitement au courant que quand on était chevalier, on tuait des gens. Mais pour lui, la mort était une image abstraite, quelque chose de trop lointain. Personne n'était mort a cause d'un pillage ou d'une lame dans son entourage. La seule mort qu'il avait connu était celle de sa grand mère, qui éteint dans la nuit n'avait poussé aucun cri, aucun gémissement de douleur. Elle avait juste fermé les yeux a jamais. Le lendemain, il n'avait ressenti que son absence, et il pensait que la mort sur le champs de bataille était comme celle de sa grand mère. Devant les chevaliers, tout le monde fermait les yeux et d'un coup, s'éteignaient pour laisser ses monuments, ses hommes sur leurs magnifiques chevaux blanc rejoindre le village suivant.
L'innocence d'un enfant était précieuse, mais elle n'était plus qu'un obstacle lorsque cet enfant devenait plus grand, devenait un simple adolescent, fils de fermier qui n'avait nullement renoncer à son rêve de devenir chevalier, mais dont l'entourage avait appuyer sur le fait que cela ne serrait qu'un rêve, qu'un espoir.
Désormais, ce petit enfant devenu maintenant adolescent venait de faire couler la première goutte de sang chez autrui. Bien sûr, en étant jeune, il était tombé dans les champs, s'écorchant les genoux, les faisant saigner tout en lâchant quelques larmes de crocodiles en retournant vers sa mère. Bien sûr, il avait déjà goûté a tout type de viandes. Mais il n'avait jamais tué lui même cette viande.
Ce n'était qu'aujourd'hui, au moment où il avait lâché la corde de son arc, où la pointe de pierre avait percé le cuir du lapin pour s'enfoncer avec lenteur dans la chair et d'ensuite trancher une artère de sa pointe. Le pelage du lapin avait finit gorgé de sang, et laissait sur le sol une flaque rouge se rependre. L'adolescent avait suivi de ses pupilles tout le trajet de cette flèche mortelle, avait aperçu la première goutte de sang s'écouler de la plaie, avant de tomber avec lourdeur sur le sol.
Toute l'action s'était passé au ralenti pour lui, lui laissant voir chaque infime détail de ce premier meurtre envers un être vivant. Mais cela avait laissé aussi le temps a son cerveau de mémorisé parfaitement la scène.
L'arrêt du lapin a l'entente d'un bruit, ses yeux brillants d'une peur incompréhensible pour l'homme a la vue de cet objet mortel. Les félicitations du père à la première proie tué par son fils avec une précision étonnante.
Mais ce que l'adolescent avait ordonné de mémoriser le plus, avait été les sensations en lui.Cette pointe de dégoût, de remords de voir cet animal tomber dans le néant de la mort, mais vite remplacé par la joie d'avoir atteint sa cible et de rapporter par la suite du gibier a la maison. L'émotion la plus marquante fut ce plaisir malsain, mais satisfaisant d'ôter la vie a quelqu'un. Il voyait, il sentait la sensation des derniers instants de vie de quelqu'un. Il ne comprenait pas d'où ce plaisir venait, a quel moment il avait émergé dans son être, bouillant dans ce liquide rougeâtre, semblable à celui du lapin qui se rependait sur le sol.
Ce plaisir fut décupler quand a la maison, dans la cuisine, il eut l'honneur de dépecer sa première prise de sa toute première chasse ! Quand il sentit le bois du couteau dans sa main, cela coupa court a sa réalité, a sa curiosité malsaine qui avait pris place dans son esprit et qui avait brimé et biaisé sa réalité.
Il retourna rapidement dans cet océan inconnu quand il trancha la première coupure, quand il sentit les premiers centimètres de chairs se délier lentement du cuir maintenant rougi du lapin. Il fut minutieux, se délectant de chaque fibre coupée, de la résistance de la chair mais qui restait assez souple pour passer facilement, de voir finalement cette bête sans vie sur le plan de travail, dépouiller de sa peau protectrice. Maintenant il arborait un pelage de muscles et de tendons rouges, on pouvait même voir quelques os de sa colonne vertébrale.
Le même plaisir incompréhensible pour l'adolescence ce fit ressentir au moment de découper la viande en part égale pour la faire cuire dans un peu d'huile puis de la servir a sa famille. Son cerveau, son conscient n'accepteraient jamais sa source, alors que lui, son inconscient comprenait très bien d'où venait ce plaisir inconnue.
Lentement, au fur et a mesure qu'il avançait dans sa découpe, ses pensées se perdirent lentement, laissant sa curiosité malsaine du meurtre prendre place. A chaque coup de couteau, l'idée se renforçait, et a chaque morceau de viande enlevée, la détermination grandissait.
Finalement, arrivé a la fin, il n'avait qu'une idée en tête. Lui qui avait apprit le goût de la mort face au chevalier, lui qui l'avait compris que celui-ci n'était pas doux prit une décision.
Il deviendrait chevalier, non pas pour les valeurs qu'il portait enfant, mais la curiosité le dévorait. Quelle était la sensation de tué un homme, non plus un animal, mais un homme. Quelle était l'impression qu'on avait quand sa lame rentrait en contact avec de la chair fraîche, palpitante qu'on trancherait pour tuer son ennemi.
Après avoir pris cette décision, Tim, notre jeune adolescent se tourna avec ce qu'il avait découpé, tout sourire pour aller faire cuire la viande et ensuite apporter un délicieux repas. Il fit comme si de rien n'était, comme si le fléau malsain de curiosité et d'envie de tuer encore et encore ne le dévorait pas de l'intérieur, n'atteignait pas son cerveau, et ne prenait pas lentement contrôle de son être tout entier.
Toute cette idée, toute cette curiosité, toute cette détermination n'avait été la conséquence que d'une seule chose.
Ce n'avait été la conséquence que de la première goutte de sang.
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Le goût du sang
Short StoryTim a un rêve. Un rêve enfantin, celui de devenir chevalier. Il lui aura suffit d'un seul chose pour que son rêve soit corrompu. Une chose si infime, mais pourtant essentiel a notre survie. Le sang.