Chapitre 1 : Moi, Colin

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Moi, c'est Colin et j'ai 18 ans. Tout se passait plutôt bien dans ma vie et j'étais un enfant que l'on pourrait caractériser de « normal » jusqu'à que je perde mon père il y a maintenant 10 ans de cela. 10 ans c'est très long, mais pourtant je me souviens encore du jour où ma vie a basculé à jamais, et je ne suis pas près de l'oublier...
C'était un 15 février, je me réveillais, m'apprêtais à rejoindre ma sœur pour déguster le traditionnel brunch du dimanche matin préparé par ma mère lorsque le téléphone sonna. Mon père n'avait jamais été très présent auparavant. Il était Colonel dans l'US Army et était en mission les trois quarts de l'année. C'était dur de vivre sans lui mais je savais constamment que ce n'était qu'une question de jours avant qu'il ne se décide à pointer le bout de son nez à la maison. Il rentrait en général un weekend par mois et passait les mois de décembre à février à la maison. Ce n'était pas beaucoup, il nous manquait à tous énormément pendant ses longues missions mais on devait faire avec. Cette année-là, il était reparti plus tôt que prévu. Il avait été appelé pour une opération conjointe avec les forces aériennes pour une mission de sauvetage en Arabie Saoudite. Une mission qu'il jugeait « sans trop de risque ». Jusqu'à ce que le téléphone sonna ; c'était son général au bout du fil. L'hélicoptère dans lequel il volait dans le cadre de sa mission avait été pris pour cible par des résistants saoudiens et s'était écrasé sans faire de survivant. 12 militaires dont mon père avaient perdu la vie et leurs corps avaient péries dans les flammes. Depuis ce jour, il ne se passe pas un seul jour sans que je ne repense à lui et sans que je n'en veuille à ces meurtriers. Il m'arrive parfois de rêver de cet accident que je n'ai pas vu, mais que j'imagine dans les moindres détails et cela est très douloureux. Mais je pense que le plus douloureux pour nous est que nous n'avons pas pu dire adieu à cet homme car on n'a jamais revu son corps depuis cet accident et sa tombe est donc vide. Ces événements nous ont beaucoup bouleversé. Perdre un proche est forcément douloureux, surtout lorsqu'on n'a pas pu beaucoup en profiter auparavant. Mais depuis cet événement ma vie a beaucoup changé.

Nous habitons depuis toujours à Highgate, un petit quartier paisible et accueillant au nord de Londres. C'est un endroit assez bourgeois mais les gens qui y vivent n'ont rien de ces fameux bobos ; ils sont tous très attachant et avec un énorme cœur. À la mort de mon père nos voisins ont tous été très présents pour nous et c'est comme ça que je me suis davantage rapproché de mon meilleur ami Travis. Lui et moi avons toujours été inséparable et nous avons vécu tellement de moments ensemble ; nous partons chaque été à la montagne avec ma mère depuis que nous sommes petits et nous y passons des moments incroyables, que de souvenirs en y repensant !

Mais ma vie ne se limite pas à cela, depuis ce tragique accident mon caractère a beaucoup changé, au début j'étais très ouvert et je n'avais aucun problème à me faire des amis, mais depuis ce jour je suis complètement différent. J'ai beaucoup de mal à m'attacher aux gens par peur de souffrir, par peur de les perdre comme cela a été le cas avec mon père, et je suis devenu très timide et peu bavard. Je n'ai jamais été amoureux de personne jusqu'à que je ne fasse la rencontre d'une fille incroyablement séduisante, Lou, ma petite amie. Lou est si belle, si gentille, si intelligente, si attachante... Enfaite cette fille a tout de la petite amie parfaite et je sais que c'est le cas, je pense que c'est la femme de ma vie, j'en suis persuadé. Je l'aime depuis le premier jour où je l'ai rencontré et depuis ce jour nous sommes devenus inséparables car elle et moi c'est comme une évidence.

Nous sommes tous les trois, Travis, Lou et moi au lycée international Winston-Churchill jusqu'à la fin de l'année, mais cela ne sera malheureusement plus le cas à partir de la rentrée en septembre, dans exactement quatre mois nous serons tous séparés. Travis et Lou resteront ici à Londres, lui pour faire des études de médecine et elle dans le domaine du sport. Quant à moi, je vais rejoindre l'université de Washington pour y faire des études d'économie. L'économie est un domaine qui m'intéresse depuis toujours, pour certains cela peut être assez pénible mais pour moi c'est le domaine que je veux étudier et mes notes m'ont permis d'obtenir une place dans une des facultés les plus prestigieuses des États-Unis, l'université Georges Washington.

Ici, à Londres j'ai mes petites habitudes, mais l'année prochaine, tout va changer et cela me fait un peu peur. Je ne verrai plus ma mère tous les jours comme jusque-là et je pense que cela me fera bizarre au début, bien que je pense que je serai sûrement capable de m'y habituer avec le temps. Mais je vais surtout me rapprocher de ma sœur Grace qui fait des études à Philadelphie, elle y est partie pour faire des études de chimie et y a rencontrer son petit ami Tom qui réside à quelques minutes de sa faculté et chez qui elle passe tous ses weekends. J'ai hâte d'aller les voir lorsque j'aurais un peu de temps car même si la distance nous sépare un peu depuis maintenant deux ans, on a toujours gardé contact, nous nous appelons une fois par semaine et elle rentre quelques fois par-ci par-là, ainsi qu'à chaque vacance.

En revanche, la chose dont j'ai le plus peur sera d'être loin de Lou... Ma vie ici me plaît énormément et même si je suis content de partir étudier aux États-Unis, qui a toujours été mon rêve, mes habitudes ici, et notamment avec Lou vont énormément me manquer... Nous nous sommes dans le même lycée et nous voyons presque tous les weekends l'un chez l'autre, cela nous permet de passer relativement beaucoup de temps ensemble et de continuer sans cesse à nous rapprocher l'un de l'autre. J'adore passer du temps chez sa famille qui est très soudée et il est vrai que la relation qu'elle entretient avec son père, qui est si attachant, m'impressionne beaucoup car c'est la relation que j'aurais toujours aimé avoir avec le mien avant qu'il ne s'en aille. La distance nous empêchera cela mais je pense que si nous nous aimons vraiment cette distance séparera nos corps mais pas nos cœurs. Il m'arrive parfois de m'imaginer être sans elle et l'idée me déplaît énormément. Elle est tout pour moi, je serai capable de tout pour la garder avec moi, et j'espère que ces moments loin l'un de l'autre ne mettront pas un terme à notre si belle relation. Mais le point positif et qu'elle aura le droit de venir me voir la moitié des weekends et pendant les vacances, j'ai tellement hâte de découvrir les États-Unis avec elle ! Les moments avec elle ne sera pas la seule chose qui vont me manquer, car près de chez moi se trouve un petit lac où j'adore passer mes après-midis, cela me permet de me vider l'esprit et de me détendre après les cours. Mais je n'y ai encore jamais emmené Lou en trois ans de relation, et j'aimerai vraiment le faire avant de partir car je sens que ce petit coin de paradis va me manquer.

Lou me dit souvent que je suis effroyablement négatif et je dois admettre que cela peut paraître vrai puisque que jusque-là je n'ai abordé que les points négatifs de mon futur départ de Londres mais il y a tout de même un point ô combien positif à ne pas négliger : je vais pouvoir me lever 30 minutes plus tard que jusque-là ! D'habitude, pour partir au lycée je me réveillais à 6 heure 30, les cours commençaient à 7 heure 50 et c'était tout juste le temps qu'il me fallait pour me préparer et me rendre au lycée ! Mais l'année prochaine je vais pouvoir me réveiller à 7 heure ! Cela peut paraître peu une demis heure de sommeil supplémentaire mais pour moi c'est énorme. La nuit est sans doute le moment de la journée que je préfère car en plus d'être très reposant, le sommeil nous permet également de rêver. Beaucoup de personnes dans mon entourage me charrie sur le fait que je porte bien mon nom, car les Colin sont de grands rêveurs, des romantiques en quête d'utopie. Ils ont parfois tendance à se déconnecter totalement de la réalité et à se laisser aller à leur imagination débordante. Et il faut admettre que c'est relativement vrai, j'adore passer mon temps à rêver et à imaginer comment serait la vie si telles ou telles choses m'arrivaient ou ne m'arrivaient pas, c'est d'ailleurs pour cela que j'apprécie autant de passer du temps au petit lac car là-bas personne ne peut m'empêcher de rêver, ce qui je pense est la plus belle chose qui existe.

J'espère pouvoir trouver un endroit aussi tranquille à Washington, qui est une ville bien plus grande et plus dynamique que Londres, pour pouvoir profiter de mes moments seuls. Même si je pense que Lou, ma mère et mes amis me manqueront beaucoup, j'ai tout de même hâte d'y être et d'étudier ce qui me passionne tant. Car je pense, et j'espère, que ce changement de vie me permettra d'être loin de toutes mes douleurs, liées à la mort de mon père, que me rappelle cet endroit et de pour pouvoir enfin tourner la page et prendre un nouveau départ.

La chuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant