Fuite

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Je sentis son regard posé sur moi. M'avait-il remarquée ? Alors que mes poumons essayaient tant bien que mal de retenir mon souffle un maximum de temps, je l'entendis hurler. Charlotte. Elle était ma sœur, et, tout comme moi était née dans une famille de sorcières. On en était heureuse, mais actuellement, on donnerait tout pour ne pas l'être.

Alors que mes poumons atteignaient leurs limites, il se retourna brusquement et sortit en trombe. Vous devez vous demander de qui je parle ? Du garde. Malheureusement pour nous, sorcières, le roi avait ordonné que l'on trouve chaque sorcière du pays pour qu'elles soient exécutées.

Je pu enfin reprendre ma respiration, mais avant que je ne puisse reprendre mes esprits un second cri retentit. Toujours de ma sœur. J'espérais de tout cœur qu'il ne lui était rien arrivé, mais j'en doutais : son cri provenait de la place centrale, là où était le bûcher. Cela aurait été inconscient de ma part de sortir pour aller l'aider, cela ne ferait qu'ajouter mon nom à la liste des sorcières tuées. Il fallait plutôt que je m'évade rapidement d'ici. Je risquais d'être ralentie par ma blessure à la jambe, mais tant pis. C'était tout ou rien. Si je restais là, ce n'était qu'une question de temps avant que l'on me trouve.

Je commençais à me déplacer lentement, et le plus silencieusement possible, lorsque qu'une main se posa sur mon épaule. Mon sang ne fit qu'un tour. Le garde avait dû revenir sans que je m'en aperçoive. C'en en était finit de moi. Mais, lorsque je tournai la tête il n'y avait pas un garde mais une vieille femme. Je me demandais ce qu'elle pouvait bien me vouloir, mais ce fut elle qui brisa le silence, d'une voix presque inaudible :

-Que fais-tu là mon enfant ? De quoi te caches-tu ?

Je réfléchissais. Pouvais-je lui faire confiance ? Après tout il y avait sûrement une belle somme d'or en échange de nos têtes... Mais sans que je ne puisse expliquer pourquoi, j'avais envie de lui faire confiance.

-On me cherche. Chuchotais-je

-L'armée royale ? Ils ont déjà capturé tellement de personnes... Je ne veux même pas imaginer quelles horreurs ils leurs font endurer... Je peux t'aider.

Mon cœur se réchauffa. Vraiment ? Y avait-il une chance pour que je m'en aille d'ici ? Je n'avais de toute façon rien à perdre.

-Prend cette pochette. Continua-t-elle

Elle contient une boussole, sers-t'en pour aller à la frontière nord de la ville, sans qu'on ne t'aperçoive. Une fois là-bas, rentre dans la petite boulangerie à l'insigne couleur d'argent et demande à parler à Gautier. Tu leur diras que tu viens de la part de Tatiana, en leur montra ta boussole, surtout ne la perd pas ! Ils devraient pouvoir t'aider à prendre le bateau pour aller dans le pays voisin. Une fois là-bas cherche l'auberge « Chez Tatiana », entres-y et demande à voir la gérante. C'est ma fille. Tu lui expliqueras notre échange et elle devrait pouvoir t'héberger. Si ce n'est pas le cas je ne peux rien pour toi, mais tu seras au moins hors de portée de notre horrible roi.

-Merci pour tout. Conclus-je.

J'espérais que ce n'était pas des mensonges et que personne n'allait me trahir. Après tout, on ne fait confiance qu'à soi-même. Mais je n'avais pas vraiment le choix. C'était ma seule opportunité de fuite.

Je me traînais hors de cette grange, jetant un dernier regard à cette bonne femme, mais elle avait disparu. Mon cerveau me trompait-il ? C'est vrai que je manquais énormément de sommeil... Je pris la première petite rue que je trouvai et je m'empressai de mettre ma capuche et de sortir ma boussole. Nord, nord, nord... Ou sud ? Ma mémoire me jouait des tours, tandis que ma blessure me faisait de plus en plus mal.

Nord. Nord, boulangerie argentée, Gautier... Le bateau, l'auberge chez... Tatiana ? Oui c'était ça. Je pouvais y arriver.

Je me devais de rester calme et de ne pas céder à la panique. Mais c'était de plus en plus compliqué à cause de ma plaie... Soudain j'entendis un cheval, je me jetai alors derrière le premier tonneau que j'aperçus. Un soldat arriva à dos d'un beau cheval blanc et descendit de sa monture. Un second soldat arriva de l'autre côté de la ruelle. Ma fatigue commençait à prendre le dessus mais je réussis tout de même à comprendre leur échange.

-Tu l'as brûlée ça y est ? On ne doit pas s'éterniser dans ce village. Lâcha le premier

-Oui oui, elle a été découpée et brûlée, elle est morte. Seulement elle aurait une sœur... Une Juliette ? On devrait la trouver avant de partir d'ici. Continua le second

Mon cœur s'accéléra... Juliette... C'est de moi qu'ils parlent ? Ils ont brûlé Charlotte ? Non, non non... Alors que je n'écoutais plus leur conversation, trop concentrée à rester discrète, un nouveau cri retentit. Mais cette fois-ci, il ne me sauva pas la vie.

Il venait de derrière moi.

-Tu ne serais pas la sœur de cette horrible sorcière !? J'ai toujours su que vous étiez une famille étrange et mauvaise... Vous là-bas ! Qu'est-ce que vous attendez pour l'attraper ?

Non non non... Mon ancienne voisine... Pourquoi il a fallu qu'ils mettent des avis de recherche... Je sentis une main se fermer violemment sur mon bras. Un garde. Alors c'est comme ça que ma vie allait se finir ? Brûlée ? Torturée ? Pourquoi... Pourquoi... Nous ne leurs avons jamais fait de mal ma famille et moi-même... Nous sommes juste « différents ». Un sac se referma sur moi. Ensuite du temps passa. Cinq minutes ? Dix ? Vingt ? Aucune idée. Et puis on me jeta dans une chaleur insupportable. Je m'en rappellerai toujours. Chaque centimètre de mon corps se mit à hurler de douleur, à brûler, à prendre feu.

Tout à coup je me réveillai. Comment est-ce possible ? Y avait-il une vie après la mort ? J'avais peut-être survécu ?

Une lumière blanche m'aveugla.

C'est alors que je l'aperçus.

Charlotte.

FIN

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