Prélude

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"J'avais 20 ans en 1940.

Histoire de la vie, qu'on entend presque par hasard. Des moments inoubliables pour ceux qui les ont vécus, difficilement inimaginable pour ceux à qui ont les raconte. Mais tellement émouvants que l'on voudrait que tout le monde sache que la vie n'est pas un roman qu'on pose sur une étagère et qu'on oublie quelques temps après l'avoir lu. Bien des films ont été tournés qui parlent de ces gens qui sont nés au lendemain d'une guerre, et qui auraient préféré ne jamais avoir à en raconter une autre.

Cette histoire est celle de Mamie, et quand on rencontre Mamie on est toujours étonné de sa bonne humeur, jamais elle ne se plaint de quoi que ce soit, elle est toujours contente d'apprendre quelque chose.

Les problèmes qu'elle rencontre aujourd'hui sont ceux de tout le monde, mais l'histoire qu'elle nous raconte n'est pas celle de tout le monde, c'est la sienne. Elle à été vécue par d'autres avec elle, mais peu en parle parce que les souvenirs sont douloureux et à quoi bon attiser un feu que l'on ne voudrait jamais revoir s'allumer.

Mamie avait 20 ans en 1940, et à 20 ans on à peut être envie d'aimer et d'être aimer, de connaître plein de choses, de "mordre la vie à pleines dents" comme on dit. Mais à cette époque on n'a pas le temps d'aller danser, on ne pense pas non plus aux petits copains ou copines. Il y a le travail, l'usine, dans les champs, à la maison parce que la famille ne peut vivre qu'avec le fruit du travail. Il n'y a pas d'allocations familiales, ni de machine à laver et l'hiver il faut casser la glasse pour rincer le linge.

Mais surtout, les années qui s'annoncent n'ont pas bon visage. Elle ne s'imagine pas que certains de ceux qui sont nés pendant une guerre laisseront leur vie pendant celle qui se profile à l'horizon.

Aujourd'hui on lit à la télévision "déconseillé au moins de 10 ou 12 ans", mais ce que Mamie a vu et à vécu en vrai dépasse tout ce qu'on ne voudrait pas montrer en film aux enfants d'aujourd'hui pour ne pas les choquer.

Je ne sais pas si les gens sont plus heureux maintenant, mais je veux remercier Mamie de mettre dans nos mémoires ces années. Pas pour remettre de l'huile sur le feu mais plutôt pour éviter que le feu ne se déclare à nouveau.

Peut être se demande-t-on aujourd'hui à quoi ressemble le bonheur ? Peut être pouvons-nous lui demander ? Mais je peux affirmer qu'elle aurai préféré ne jamais avoir à raconter la majeur partie de cette histoire.
Est-ce qu'on peut mettre dans la balance la bonté et la haine et se demander de quel côté elle va pencher ?

Merci Mamie de nous donner à réfléchir.

Jean"

J'avais 20 ans en 1940. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant