Parfois je regarde le plafond pendant des heures, ce plafond noir et d'un sombre puissant pouvant virer au rouge quand l'astre du jour l'éclaire s'il n'est pas vite renforcé. Ce plafond je le regarde que je sois sur le ventre ou le dos, debout ou assis dans le métro, sur terre ou dans l'eau car il me fascine de son beau que seule une paupière assassine peut venir entrouvrir d'un violent rappelle à une réalité précaire et cruelle. Mais pourquoi le regarder indéfiniment ce plafond sombre, mort et faible ? Car si on le regarde assez longtemps le plus beau des miracles se joue au fond de celui-ci. Une danse exaltée, courante, attirante, suave, sensuelle et si hautaine à la manière du mouvement irrépressible de la robe, fleur de feu, de la danseuse d'Alméria se déchainant sur une simple guitare et battant le pavé de ses talons noirs, hauts et cirés emportant dans leur sillage le regard, le cœur et l'âme des hommes et femmes regardant avec attention la folie de cette fleur, fanant comme toute belle chose, au dernier accord de la guitare devenue maitresse du temps, de l'amour et la passion.
Cette danse continue dans le creux de cette voûte, mais l'hélianthème fanée n'en fait partie, car ce ballet ne peut être humain, ce ballet n'est que couleur, vive et puissante mais violente, fabacées, parfois douce et tendre, lavande, ou simple et coriace, saintpaulia. Ce bouquet subit le temps, et à la manière des saisons, meurt et refleurit. Ces simples fleurs, couleurs, se mélangent et en forment d'autres, s'agrandissent et s'étalent mais finissent toujours par mourir. A leur renaissance rien n'est plus pareil, l'affiche a changé et le spectacle n'est plus le même et ne sera plus jamais le même, chaque ballet est unique, et mourra, telles les fleurs en hiver, sous le courroux du froid.
Alors je vous réponds, je regarde et regarderai dès que je peux ce plafond pour ne rien manquer de sa programmation. Je veux assister à chaque danse, qu'elle soit chaude et entrainante, froide et déprimante, simple et ennuyante. Je veux profiter de ce simple plaisir qu'est la vue, du réel, et du personnel, l'irréel dans la vue n'existe pas sur cette voûte, tout est bel est bien existant mais personne ne pourra voir ce ballet, autre que vous comme personne ne peux revoir la fleur de feu de la ville du Sud se déchainer à nouveau car le spectacle qu'elle a donné était unique et seul les gens présent s'en souviendront, ne pourront prouver de sa réelle existence que par leur mémoire, vous êtes ces gens, alors profitez comme je profite.
Fermez enfin les yeux.
20/05/2020
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Pensées et Poèmes
PoesiaJuste un simple recueil de quelques poèmes et pensées que j'ai couché sur le papier. J'espère que vous apprécierez ^^