Chapitre 9

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Je commence vraiment à croire que tout ça est une vaste blague : Je suis devant mes parents - de ce qu'ils disent - j'ai une sœur - de ce qu'ils disent aussi - et pourtant ça sonne faux. Donc ce serait ma famille. Et cette blonde : Lily, je sais qui elle est maintenant mais je n'arrive pas à le supporter. Pourquoi elle ? Pourquoi elle a vécu une enfance normale avec des parents normaux ? Pourquoi pas moi ? La jalousie s'empare de moi très rapidement. Tandis que je fais de mon mieux pour contenir ma rage, le couple me regardent attentivement. Je sens grimper la rage en moi. Elle me monte à la tête. Me consume. Ok, on va pas craquer maintenant et passer pour une folle. Je tourne donc le dos à mes supposés parents et commence à grimper les escaliers en essayant d'empêcher mes mains de trembler. J'entends vaguement Marynna leur dit que j'ai besoin de temps et de revenir demain. Je traverse le couloir comme un pantin. Les larmes commencent à dévaler mes joues. La colère laisse doucement place à la tristesse. Jules me regarde passer.Je dois être pâle. Je claque la porte de ma chambre et m'effondre sur mon lit. Et bien évidemment la porte se rouvre rapidement. J'enfonce ma tête dans mon oreiller afin de pas le voir. Un poids s'assoit sur mon lit.

" Tout va bien ? demande la voix de Jules.

Je ne réponds pas. Mais est-ce là une once d'inquiétude que j'entends dans ta voix très cher ?

- Laëne ?

En effet c'est bien de l'inquiétude de la part de mon voisin de palier. Mon oreiller devient rapidement trempé. J'étais apparemment trop bouleversée pour charrier mon... ami ? Ce dernier s'approcha doucement de mon lit et s'y assit. Une main rassurant vient se poser dans mon dos et il me releva en position assise. Une partie de me cerveau me fit remarquer que je devais avoir une tête affreuse. Je fis taire cette voix pour juste me laisser tomber vers lui. Jules m'entoura de ses bras. J'étais pour ainsi dire tombé dans ses bras. Ni voyez aucune potentielle traduction, juste littéralement parlant. J'enfouis ma tête dans son cou et inspira à fond son odeur rassurante. J'avais honnêtement l'impression de vivre un de ces films pour adolescents. Pas vraiment mon style. Un peu plus de sang ou même des histoires post-apocalyptique c'était parfois bien non ? Pourquoi je parle de ça moi déjà ?

Ellipse de deux jours :

Emma appréhenda la nouvelle par une nouvelle virée shopping. Durant laquelle je l'observais essayer compulsivement de nouvelles tenues. Sans jamais les acheter. Toujours un minuscule détail qui lui faisait refuser l'achat. Un bouton trop bas, un tissu trop léger, une taille pas bien ajustée. Jules quand à lui n'avait rien dit. Il s'était contenté de me serrer un peu plus fort contre lui. Emilie m'avait adressé un grand sourire, m'annonçant qu'elle était heureuse pour moi.

Aujourd'hui une rencontre était prévue. Avec juste mes parents, j'étais un peu soulagée que ce ne soit qu'eux, même si je ne me l'avouerais jamais. C'était comme si ma vie se jouait. Emma était, comme à son habitude étalée sur mon lit. Jules, toujours, assis par terre, soit techniquement à sa place. Et moi affalée sur ma chaise de bureau. J'avais une boule au ventre. Ma meilleure amie me répétait sans arrêt que tout allait bien se passer. Mon voisin, lui, ne disait rien mais me lançait des regards d'encouragements dès que ses yeux rencontrait les mien. Ce que j'évitais au maximum. Nous avions choisi ma tenue, ma coiffure était faite je n'avais plus qu'à sauter dans mes habits au moment de partir. Rien n'avait plus à être planifié. Je devais juste attendre.

-Tu veux bien m'enlever ce petit pli soucieux entre tes sourcils ? demanda Emma sans la regarder.

Je porta ma main vers mon front pour essayer de le lisser du doigt. Je souris doucement en essayant de relativiser. J'allais rencontrer ma famille. Que pouvais-je bien craindre honnêtement ? Absolument rien. Je n'avais aucune preuve que ma famille était une famille de psychopathe et que j'allais tuer des gens avec eux pas vrai ? Quand ce fut enfin l'heure je pousse les deux squatteurs dehors et enfila ma tenue. Puis je dévala les escaliers pour me retrouver face à Maryna qui me serre dans ses bras en me soufflant que tout va bien se passer puis elle attrape des clés de voiture et nous prenons la route. Emma et Jules nous regardent partir.

Nous arrivons rapidement au lieu de rendez-vous, qui se trouve être un petit café en bordure de fleuve. Maryna me laisse sortir avant de repartir d'où elle vient. Je pousse la porte et une petite clochette me fait sursauter. L'intérieur est étonnamment vert. En effet un mur végétal se dresse à ma droite et un bar couvert de pots de plantes à ma gauche. Au dessus de chaque petite table est pendu une ampoule et un bocal transparent et plein de petits végétaux. Mes parents m'attendent, assis à une table au fond. Mon supposé père tient la main de ma mère et tout deux me fixe. Bonne nouvelle, ils ont l'air aussi stressés que moi. Je me dirige vers eux et m'assois, ne pouvant pas vraiment tenir debout plus longtemps au vu de mes jambes tremblantes.

Je murmure un petit bonjour et ils me répondent sur le même ton. À partir de là s'installe un silence gêné qui se trouve brisé par le serveur qui vient prendre ma commande. Sans vraiment réfléchir je reste sur des bases et prends un Ice Tea. Une fois le serveur parti mon père prend la parole, toujours à voix basse.

- Tu te demandes sans doute comment on en est arrivés là ?

Une réplique cinglante me vient en tête mais je me tais pour une fois et approuve d'un hochement du menton. Il commence alors son histoire.

- Annaëlle et moi nous nous sommes rencontrés à la fac et lorsque ta mère m'a annoncé qu'elle était enceinte nous étions seulement en troisème année, elle ne voulait pas gâcher ses études pour une...

Je grimace sachant parfaitement de quoi il allait me traiter mais je ferme les yeux un instant, et l'encourage à continuer.

- Quand tu es née nous nous sommes accordés pour te laisser à l'orphelinat de la mère de Marynna. Nous savions que tu y serait bien traitées. Deux ans plus tard nous avons eu ta soeur et nous étions fin prêts pour avoir un enfant. Nous avions bien sûr pensé à te reprendre à ce moment là mais...

- Mais pourquoi reprendre une erreur quand vous aviez la vie devant vous ? demandais-je amèrement."

Where are you my sister ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant