L'homophobie

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Elle est là sur mon lit. Mon cœur bat la chamade. Nous sortons ensemble depuis maintenant une semaine. Mes parents ne le savent et que dieu m'en préserve. Imaginé que leur fille soit amoureuse d'une autre... C'est le pire des péchés. Mais elle est là, près de moi. Nous n'osons pas nous regarder par peur de rougir. Nous commençons une discussion passionnante. J'aime la voir tout animée quand elle parle de quelque chose.

Sans le vouloir nous nous sommes rapprochés, nous sommes maintenant très proches l'une de l'autre. Je sens son souffle sur moi. Notre discussion s'arrête immédiatement. Elle met une main sur ma joue et me la caresse. Je rapproche ma bouche de la sienne. Nous nous embrassons. C'est la meilleure sensation que j'ai jamais vécue. Mon esprit et mon cœur sont en transe. Elle m'allonge délicatement sur le lit, tout en continuant de m'embrasser.

En ce moment je n'entends rien. Je ne perçois pas le bruit de la porte d'entrée qui s'ouvre et mes parents qui rentrent.

Le baiser s'intensifie.

La porte s'ouvre.

Un cri d'horreur traverse la maison. Nous nous arrêtons. Nous tournons la tête en même temps. Nous voyons ma mère horrifiée, mon père le visage dur. Ma copine se décale de mon corps. L'ambiance est pire qu'orageuse. Je sens leurs foudres. Mon père brise le silence :

« Sors d'ici immédiatement. »

Il dit cela avec aucun sentiment dans la voix. Connaissant mon père, ça ne sent rien de bon.

Elle se lève, me jette un regard d'amour et de compassion et s'en va. Son départ me fait comme une déchirure. Je sens que c'était la dernière fois. Notre dernier moment. Notre fin.

Ma mère me fixe. Je vois dans son regard que je ne suis plus sa fille. Je suis une étrangère au destin incertain. Mon père ne dit rien non plus, mais je peux sentir ces émotions. Il est dégouté, déçu et en colère. Je n'ai jamais vu de regard aussi haineux de leur part.

Nous restons là, suspendu. Comme s'ils essayent d'assimiler la situation. Ma mère prend la parole :

- Mais comment tu as pu nous faire ça ? dit-elle avec tant d'amertume.

- Tu vas rester là, le temps que nous trouvons une solution. Dit mon père d'une voix forte et ferme.

J'attends.

Le silence plane.

Mes pensées font presque trop de bruits.

Je n'ose pas bouger.

Mes muscles ne répondent plus.

Je suis paralysée.

Puis enfin, je les entends chuchoter.

Ils sont trop loin pour que je puisse les entendre. Ma mère prends le téléphone fixe. Mes muscles sont à nouveau fonctionnels. Je me lève d'un coup et essaie d'attraper la poignée de ma porte mais elle est fermée à clef. Je regarde ma fenêtre. En dessous il y a un muret avec des pics contre les oiseaux. Si je descends par là, je meurs. Je suis coincée entre ces quatre murs. Je décide de me coller à la porte pour essayer d'entendre ce que dit ma mère. Mais sa petite voix ne parvient pas à mes oreilles.

Le temps s'écoule.

De longues minutes.

J'ai peur.

Je pressens le pire quand la sonnette retentis à travers la maison. Mon père donne visiblement une indication aux personnes qui viennent d'entrer. La voix des nouveaux arrivants ne m'est pas familières. Soudainement, plus personne ne parle. Je crois percevoir un mot a.., asi... Qu'est ce que cela peut être ? Je réfléchis... L'idée me vient, elle me glace le sang.

Asile !

C'est ça que j'ai entendu !

Asile !

Je suis terrifiée, terrorisée, mortifiée.

Mes propres parents veulent me mettre dans un asile psychiatrique, parce que j'aime les filles. Oh mon dieu !

Les escaliers qui montent à ma chambre, craquent sous leurs pas. Je me décale de la porte et essaie de me cacher le plus vite possible. Je décide d'aller sous mon lit et de mettre tout ce que je trouve devant moi. La porte s'ouvre dans un fracas. Je crois entendre quatre voix et celles de mes parents. Ils me cherchent activement.

- Ne vous inquiétez pas. Nous allons la trouver. Elle a sûrement dû nous entendre mais vôtre fille ne pourra pas se cacher éternellement, dit une première voix masculine.

- Nous vous faisons confiance. Vous savez ce qu'il faut faire pour ce genre de cas. Nous ne voulons plus de ça dans la maison, dit ma mère.

Je ne peux le croire ! Ma mère, ma propre mère me renie et ne m'appelle plus par mon nom. Ils m'éradiquent de leur vie.

Plus de choses tombent, se cassent, se brisent et plus l'angoisse monte en moi. Mes trips sont écrasés par le stress. Je mets ma main devant ma bouche pour qu'ils ne m'entendent pas respirer. L'un deux se penche mais ne voit pas. Je prie si fort pour qu'un miracle se passe.

- Elle doit être sous le lit.

Faîtes qu'ils aient une autre idée.

- J'ai déjà regarder mais il n'y a que des sacs.

Oui c'est ça que des sacs. Je ne peux m'empêcher d'avoir une once d'espoir.

- Faut qu'on le soulève. Elle n'a pas pu se téléporter.

Des larmes coulent sous mes joues. Je sais que c'est la fin. Ils vont me trouver, me mettre à l'asile et je vais mourir là-bas.

- Vas-y Gérard aide-moi.

Il soulève le lit.

Je palis instantanément.

- Et voilà ! Ne vous en faîtes plus, nous allons nous occuper de son cas.

Ils me prennent sous les épaules.

Je crie.

Je pleure.

Je mords.

Je tape.

Je me débats.

Les hommes en blancs ne fléchissent à aucun moment.

Je vois pour la dernière fois le visage de mes parents. Ils n'ont aucune émotion apparente. Ils me regardent à aucun moment.

Les monstres qui me tiennent, me mettent des menottes. Ils me jettent dans la voiture.

C'est fini. Je ne la reverrai plus. Celle que j'aime. Ma vie. Adieu.

Je m'en vais en enfer.

Hello tout le monde !

Ça va ?

Nouvelle très dur mais je voulais rappeler que la condition des Lgbtq+ est encore aujourd'hui compliqué. Mon histoire peut sembler de la fiction mais pour beaucoup aujourd'hui c'est encore vrai. On enferme les personnes Lgbtq+, les torture, les envois dans des hôpitaux psychiatriques, les tue... Même si dans beaucoup de pays elles sont acceptées, il y a encore beaucoup de pays où cela n'est pas le cas.

Voilà ! Bref je vous souhaite une bonne journée.

Sarah 

Recueil de NouvellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant