La djinné, la jeune femme et l'oiseau

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Il y avait un homme qui était riche, et beau de surcroît, mais il n'avait pas de femme, car celles qu'on lui donnait dans le pays, même belles, il disait qu'il n'en voulait pas. Celles qu'on lui choisissait, il disait qu'il n'en voulait pas. Un jour, il prit son cheval, et dit qu'il allait chercher une femme pour savoir s'il en obtiendrait. Il monta sur son cheval, il partit.

Il galopa, galopa, galopa, galopa, galopa jusqu'à la forêt. Il rencontra un vieil homme, il lui fit l'aumône. Le vieil homme lui dit:
- Mon fils où vas-tu?
Il lui répondit:
- Moi, dans le pays où je suis né, celle qu'on m'offrait comme femme, il se trouvait que je ne l'aimais pas.
Celle que l'on me donnait, je ne l'aimais pas, alors, je voulus aller chercher moi-même.
Le vieux lui dit:
- Quand tu iras jusqu'au milieu de la forêt, tu y verras des citronniers, quand tu avanceras jusqu'au milieu des arbres, tu verras trois citrons. Tu les cueilleras ensemble. Quand tu seras en pleine forêt, et quand tu éplucheras un citron, quelqu'un en sortira, elle te demandera quelque chose.
L'homme dit:
- Oui.

Il conduisit son cheval, le conduisit, le conduisit jusqu'en pleine forêt, jusqu'à ce qu'il vit les trois arbres. Il s'enfonça, vit les trois citrons, les cueillit ensemble. Il chevaucha jusqu'au cœur de la forêt, éplucha l'un. Une jolie femme en sortit et lui dit:
- Père, donne-moi du tabac.
Il lui dit:
- Moi, je n'ai pas de tabac.
Elle lui dit:
- Donne-moi du pain.
- Moi je n'ai pas de pain.
- Donc toi, tu ne peux pas m'entretenir, je retourne à ma coque.

Il lui restait deux citrons. Il reprit sa course, chevaucha jusqu'en pleine forêt. Il en éplucha un autre. Une plus belle fille que la première en sortit, lui dit:
- Père, donne-moi du pain.
Il lui dit:
- Moi, je n'ai pas de pain.
- Donne-moi du tabac.
- Moi, je n'ai pas de tabac.
- Donc toi, tu ne peux pas m'entretenir, je retourne à ma coque.

Il lui restait un citron. Il s'en alla acheter son pain et son tabac. Il chevaucha, chevaucha, chevaucha encore au plus profond de la forêt. Il éplucha le citron qui lui restait. Une fille plus belle encore que celles-là, en sortit et lui dit:
- Père, donne-moi du pain.
Il lui donna du pain, elle mangea à sa faim.
Elle lui dit:
- Donne-moi du tabac.
Il lui en donna, elle chiqua comme elle voulait.
Elle lui dit:
- C'est avec toi que je veux rester.
L'homme lui dit:
- Maintenant, nous allons faire une chose: je veux partir dans notre pays apprendre aux gens là-bas que j'ai une femme, pour qu'ils puissent nous accueillir. Je veux que tu habites ma maison ici. Nous y resterons jusqu'à ce que je parte.
Sa maison alors était en haut d'un arbre, et surplombait la mer.
La jeune femme lui dit:
- Oui.

Ils y restèrent jusqu'à ce qu'ils aient un garçon. Et le mari partit l'annoncer aux gens du pays. Et il s'en alla. Quand la femme se levait, et que son enfant dormait, elle se penchait à l'étage. Son ombre se reflétait ainsi sur l'eau. Une Djinné vint y chercher de l'eau ; elle regarda l'ombre et la sienne.
Elle s'exclama:
- Ei! Moi je suis aussi belle que ça! Belle à ce point! Et l'on m'envoie chercher de l'eau! Elle brisa le canari et s'en alla.
Le lendemain encore, quand elle vint chercher de l'eau, la djinné dit:
- Ei! Moi je suis alors aussi belle que ça! Belle à ce point et l'on m'envoie chercher de l'eau!
Elle brisa le canari.
À la troisième fois, elle revint, regarda l'ombre et dit:
- Ei! Moi, je suis donc aussi belle que ça! Belle à ce point et l'on m'envoie chercher de l'eau!
- Elle brisa le canari.
La femme d'en haut s'esclaffa.
La djinné lui dit:
- Aââ hâââ! Alors! C'est donc toi qui es perchée là, et quand je venais, je me croyais aussi belle. Alors que c'est toi qui es perchée là-haut! Descends, que je te tresse.
La femme lui dit:
- En tout cas moi, je ne descends pas, car mon mari me l'a défendu.

La djinné lui dit:
- Descends seulement, ça ne durera pas, les tresses ne dureront pas longtemps, je te ferai de jolies tresses, comme ça quand ton mari viendra...
Elle descendit.

Le génie la tressa ; ensuite elle prit une épingle qu'elle lui planta au milieu du crâne. La femme se change en oiseau, prit son vol, s'en alla... un bel oiseau. La djinné monta la remplacer en haut.

Quand l'enfant s'éveillait, elle le portait. Jusqu'à ce que le mari revint. Il lui dit:
- Moo! Où est ma femme?
Elle lui répondit:
- Je suis là. Nous, nous sommes comme ça, les gens de chez nous, nous nous métamorphosons, aujourd'hui nous sommes belles, demain laides...
Il dit:
- Ei? Moi, que vais-je devenir, avec ma honte? J'ai averti les gens de mon pays, et ils préparent toutes sortes de choses. Je refusais toutes celles que l'on me donnait dans le pays, et je leur amène ce laideron!

Elle lui dit:
- Nous, c'est ainsi que nous sommes... ainsi seulement nous sommes, chez nous...
Il lui dit:
- Bien, partons.
Ils partirent. Les gens du pays se mirent à rire. On se moquait de lui.
D'aucuns le huaient:
- Ei! Ce garçon-là, qu'Allah le tue! Il refusait toutes celles qu'on lui donnait, et il nous amène cette femme-là! Celui-là, qu'Allah le tue!
Ainsi allaient les choses, puis un jour, l'homme dit:
- Allons ramasser des oiseaux dans la forêt.
On partit, et l'on ramassa, ramassa, ramassa... Jusqu'à ce que l'on ramassât la mère de l'enfant changée en oiseau. C'était un bel oiseau.

On vint alors le mettre dans la maison.
L'oiseau aimait l'enfant! L'enfant grandit! L'oiseau l'aimait à en mourir.
À tout moment, il se posait sur lui, il le caressait.
La djinné dit:
- Cet oiseau-là, tuons-le. Demain, nous tuerons tous les oiseaux.
L'enfant pleurait et demandait qu'on ne tue point l'oiseau. Il pleurait et demandait à son père qu'on ne le tue pas. Jusqu'au jour où on étala la natte pour manger.

L'oiseau vint et tchapp! il se posa au milieu du plat. L'enfant le caressa, le caressa, il ôta l'épingle piquée dans sa tête. L'oiseau redevint sa mère. La djinné mourut là-bas. Alors l'homme dit aux gens du pays:
- C'est celle-là qui était mon épouse. On l'avait transformée en oiseau.
Avec la mère et l'enfant, ils continuèrent à vivre ensemble.

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