« J'ai en moi une impossibilité d'obéir. »
François-René de Chateaubriand
La chambre dans laquelle j'étais était loin d'être petite, et pourtant ses murs semblaient se refermer sur moi indéfiniment. Elle était vide et froide, avec un simple lit pour tout meuble, et une lampe posé à terre. Il faisait froid, dû à la présence du climatiseur sous les combles. Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il était, mais je pouvais entendre le son étouffé de dizaines de voix dans les étages plus bas.
Combien y en avait-il en tout ? Trois, quatre ? Plus le rez-de-chaussée ?
Les combles où je séjournais ne comptaient pas dans l'addition.
En tout cas, ils ne semblaient pas avoir peur que je m'échappe, car même si la porte était verrouillée, la fenêtre était grande ouverte.
Je regardai le ciel noir et clignai des yeux. Je n'avais pas mangé depuis plus de vingt-quatre heures. Je n'avais aucune affaire et j'étais mon seul point d'ancrage.
Je ne voulais pas me demander s'ils comptaient me laisser mourir de faim. Je ne voulais pas conditionner mon esprit à attendre qu'ils s'occupent de moi. Il fallait que je me protège de tout lien avec mes ravisseurs.
Je l'avais déjà fait. Je le referai.
Patienter. Obéir. Masquer ses émotions. Réfléchir. Ne pas s'apitoyer.
Être une guerrière, pas une victime.
Survivre.
Se libérer.
Je fixai l'étoile qui brillait le plus dans le ciel, l'étoile du berger et la laissai m'éblouir jusqu'à ne plus percevoir qu'elle. Ma lueur d'espoir.
Je fermai les paupières et imaginais la liberté devant mes yeux. Courir dans la rue avec une meilleure amie. Danser sur scène en solo. Danser un slow en boite avec ce garçon mignon. Aller à l'université. Rire. Escalader des falaises. Voir les chutes du Niagara. Aller à Bora-Bora. Revoir Ses yeux. Entendre Sa voix.
Je rouvris soudainement les yeux en sentant ma vue se perdre.
Merde ! Mes médocs !
S'ils voulaient me tuer, ils l'auraient déjà fait n'est-ce pas ?
Je regardai la porte close devant moi avec appréhension.
Ma fierté contre ma survie.
Je l'avais déjà fait.
Je tambourinai contre la porte pendant une minute entière qui me sembla une éternité jusqu'à ce qu'elle s'ouvre enfin.
— Tu vas arrêter ce boucan oui ?
Je clouai mon regard dans celui d'Alesio. Le grain de beauté sur sa mâchoire me fit presque oublier pourquoi j'avais appelé quelqu'un, mais mon frère était devant moi, et je n'arrivai pas à savoir si c'était vrai.
Sa voix froide me donna la chair de poule, mais sa mâchoire se décrocha quand il vit mes yeux et la larme sur ma joue.
— Viviana...
Son regard se troubla et le mien en aurait sûrement fait de même si j'avais eu mes médocs.
Je me raclai la gorge et esquissai l'ébauche d'une grimace.
— Je pourrai avoir mes médocs ?
Il passa une main dans mes cheveux en me regardant comme pour s'assurer que j'étais bien là. Je n'aimais pas ça, mais je n'osais pas reculer.
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Envolée [DARK ROMANCE][SORTIE PAPIER LE 20 MARS]
Acción[HISTOIRE TERMINÉE][DARK ROMANCE] PRECOMMANDES OUVERTES SUR AMAZON (lien en bio) "Chaque fois que je ferme les paupières, il y a sa voix, ses yeux, son sourire, ses bras et tous ces instants volés avec lui qui m'a quittée. Puis je me pince, pour vér...