Á Coeurs Fendus

Chapter Two

Odessa se réveilla avec un terrible mal de tête. Du genre de ceux qui martèlent les tempes à coups de burin et fait résonner les acouphènes dans le fond de l'oreille. Elle se tourna sur elle-même et bascula de l'autre côté en grimaçant ; son dos aussi la faisait souffrir, et pour cause, elle s'était endormie sur le canapé.

Prudemment, la jeune femme ouvrit un œil, puis l'autre, papillonnant des paupières pour combattre le vertige qui la saisit. Elle se laissa le temps d'émerger, observa le bordel ambiant du salon et songea un instant à déménager pour s'éviter le grand nettoyage.

Elle tendit le bras pour attraper son portable, qui gisait sur le table basse, et jeta un coup d'œil à l'écran. Il était à peine sept heures, son réveil n'avait même pas encore sonné, ce qui lui laissait le temps de sortir du brouillard dans lequel elle était plongée.

La tête dans un étau, le dos et le ventre en vrac, Odessa se redressa en repoussant le plaid sur ses pieds. Son regard tomba sur le paquet de Colin, toujours posé sur la table et recouvert de papier kraft en guise d'emballage cadeau.

La curiosité titillée, elle s'en empara et déchira le papier. A l'intérieur, elle trouva un CD dans une boîte, et pas n'importe quel CD puisqu'il s'agissait du nouvel album du groupe de Colin, dont la sortie était prévue trois mois plus tard.

Un léger sourire fendit son visage, alors qu'elle lisait les annotations au marqueur que son ami avait inscrites sur le CD. Beaucoup de petits mots, de clins d'œil à leur amitié et quelques petits gribouillis censés représenter des instruments de musique.

C'était un cadeau parfait, finalement, à l'image de son meilleur ami. Un présent qui venait du cœur, qui n'avait ni été acheté ni choisi dans une boutique au hasard.

Odessa se promit de remercier Colin comme il se doit, et se releva pour aller insérer le CD dans son lecteur. Elle régla le son au minimum pour laisser les premières notes de musique se diffuser doucement dans le salon, accompagnées d'un rythme à la fois doux et électrique.

Ainsi, passer un coup de propre dans la pièce lui paru finalement aisé et rapide, comme si elle retrouvait petit à petit toute son énergie et sa vitalité, ramenées par la musique de Colin.

Pour faire bonne mesure, Odessa se prépara aussi un jus d'orange pressée qu'elle siffla en quelques gorgées, accompagné d'un cachet d'aspirine. Elle s'attela ensuite à préparé le petit déjeuner de Diago et alla enfin réveiller son fils.

L'enfant dormait du sommeil du juste dans son petit lit en sommier. Il s'était découvert pendant la nuit, comme souvent, et son corps fluet reposait dans une position tarabiscotée.

Odessa ramassa l'oreiller tombé au sol et le replaça doucement sous la petite tête de son fils, qui gigota dans son sommeil. Tendrement, elle caressa ses cheveux pour les dégager de son visage, déposa un bisou sur le bout de son nez minuscule puis murmura ;

« Diago... c'est l'heure de se réveiller, mon cœur. »

Les paupières de Diago papillonnèrent instantanément et s'ouvrirent, un quart de seconde, avant de se refermer. Attendrie, Odessa sourit mais ne le laissa pas se rendormir, continuant de lui parler pour le sortir en douceur du sommeil.

Il finit par tendre les bras, tout bougon, et les passa autour du cou de sa maman. Odessa se redressa ainsi avec son petit paquet dans les bras, et l'emmena dans la salle de bain pour une brève toilette.