Tout commence toujours par un rêve.

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-J'étais affolée. Comment vouliez-vous que j'échappe à ce p*tain d'escargot géant ? Mais donc je suis allée cueillir des crayons et...
Tout disparaît. La déesse à laquelle j'expliquais mon cheminement jusqu'à elle, l'autel dans lequel on conversait... je ne distingue plus rien. Le plus étrange, c'est que je ne me trouve pas dans un noir absolu, ni même un brouillard dense, c'est juste... vide. L'absence tellement absolue que c'en est absurde. Je peux regarder n'importe où, rien. Je ne sais pas si je peux bouger. Tous mes sens se sont éteints. L'air ne passe même plus dans mes narines. Les seules choses qui semblent me rester sont mes pensées et ce vertige. Un vertige qui tournoie, virevolte de la pointe du moindre de mes cheveux jusqu'au au bout de mes orteils. Je ne sais pas combien de temps je reste là. C'est beaucoup moins amusant qu'avec la déesse ! Peut-être une heure, peut-être une seconde. Il sera difficile d'avoir une réponse. Le vertige s'intensifie, et ça devient de moins en moins supportable. J'ai l'impression de me déplacer à la vitesse de la lumière dans toutes les directions possibles et imaginables. Tout s'intensifie. Le vide devient plus vide, le vertige plus vertigineux, la rapidité plus rapide. Le vide est plus vide le vertige plus vertigineux la rapidité plus rapide Levideestplusvidelevertigeplusvertigineuxlarapiditéplusrapide... Jusqu'à elle. Elle brille doucement, d'une lumière blanche et immaculée. Un son franchi mes lèvres, et elle réagit.
-Luna ?
Elle commence à se retourner, mais mes yeux s'ouvrent avant que je ne puisse entrevoir son visage. Je tourne la tête, il est 5h 37 du matin. J'ai bien dormi aujourd'hui ! Je vais encore avoir des cernes à faire pâlir un panda, mais c'est mieux que rien. Je me demande bien qui était la fille du rêve, tiens. Elle semblait jolie, de dos. De longs cheveux bouclés lui arrivaient jusqu'aux genoux, elle avait de belles chevilles fines et semblait plutôt athlétique. Avec ça, sa peau, et ses cheveux, elle était mon exacte opposée ! Je ressemble beaucoup à mon père, en fait. Un teint hâlé, de longs cheveux lisses, épais et d'un noir de jais aux reflets bleutés, des lèvres plutôt charnues, un petit nez « tout mim's » (selon lui), beaucoup de grains de beautés, dont deux situés sous nos yeux, alignés à nos pupilles quand on regarde droit vers l'horizon. Nos seules vraies différences, c'est notre caractère ( je suis très introvertie, et il pourrait se trimballer nu avec des lunettes de soleil roses fluo à New York en rigolant, et sans être bourré ou quoi que ce soit ), et nos yeux. Les miens sont les mêmes que ceux de ma mère, changeants. Parfois, j'aurais les yeux dorés, parfois, bleus clairs, souvent un entre deux. Les yeux de mon paternel ressemblent à des trous noirs. Il absorbent la lumière, je le jurerais. Mon frère a hérité des minis trous noirs de mon père, mais sinon il est le portrait craché de ma mère. Roux à la peau très blanche et aux jolies taches de rousseur absolument PARTOUT. Il est doux, mais, en fait très farceur et malicieux. Je ne voudrais jamais voir son sourire s'éteindre. Et plus jamais voir ses larmes couler...

À force de rester traîner dans mon lit, j'ai réussi à me mettre en retard ! Pour le jour de la rentrée !! DANS UNE NOUVELLE ÉCOLE !!! Je suis pas possible moi... jamais à l'heure. J'enfile jean, tee-shirt jaune, veste, doc Martens, et me précipite vers mon scooter. Je n'ai vu ni mon père ni mon frère, ils doivent encore dormir. Au bout de 20mn de trajet sur des routes désertes, j'aperçois enfin le monstre. Un énorme bâtiment gris, le lierre grimpant sur ses murs eux-mêmes zébrés de fissures. Un vieux portail noir, qui ressemble un peu trop à mon goût à celui du cimetière, laisse passer les quelques élèves. Il fait lourd, et le ciel est couvert de gros nuages qui commencent à gronder dangereusement. J'attache ma monture à un arbre, seule chose convenable que j'ai trouvée pour éviter le vol de mon très précieux « Sleipnir ». J'avance avec anxiété vers mon nouveau lycée. J'espère que tout va bien se passer... Je m'accroche à l'objectif de n'établir de contact visuel avec aucun des êtres vivants aux alentours. Surtout, ne pas me faire remarquer. Et puis observer les chaussures et écouter les conversations, c'est très bien ! Je suis le troupeau, qui se dirige vers ce que je devine être l'amphithéâtre. C'est une vieille salle aux allures de théâtre antique abandonné depuis bien longtemps. Il y a deux carrés de 10 sièges sur dix. Ces derniers sont en velours rouge et sont encadrés de vieux bois manufacturé et couvert de peinture dorée. Cette dernière est écaillée par endroit, mais étonnamment en plutôt bon état. Je m'avance vers la dernière rangée, qui est restée complètement vide, les larges lattes craquant sous mes lourds pas ( dr Martens obligent ). Les autres ne semblent pas se rendre compte de l'absurdité de la situation dans laquelle nous sommes. Ils vivent, parlent, rient, dans cette pièce abîmée, hors du temps. En une seconde, le silence s'impose. J'en sursaute presque, et cherche, un peu choquée, la raison de ce soudain mutisme. Les rideaux pourpres glissent, et le bruit sec et quelque peu sinistre de talons frappant le sol se firent entendre. Une femme tout aussi sèche et sinistre apparaît sur la scène. Toutes deux sont baignées d'une lumière chaude dans cette ambiance antique, chaleureuse et dorée, mais celle que je devine être la directrice réussit l'exploit de couvrir la salle d'un voile froid et morose. Un frisson inaudible mais palpable parcours la salle, et même les professeurs ne sont pas épargnés. Elle entame :
- Chers élèves, bienvenue au Lycée De Talleyrand. Je suis sa directrice, Mme Grâce Perfidium Corvus.
Deux élèves chuchotent devant moi :
« le Corbeau perfide » , elle pouvait pas mieux porter son nom !
Et, malgré leur discrétion, la directrice tourne brusquement la tête et lance un regard assassin à ses pauvres victimes, qui se liquéfient.
Vous êtes et serrez exactement 180 étudiants tout au long de cette année. Il y a les 3 niveaux classiques, deux classes de 30 chacune. Cette année, je ne tolérerai aucun écart, et je ne souhaite qu'une chose : que cette école soit un lieux paisible et studieux. Sachez que si votre moyenne se rapproche trop de 9,5, vous risquerez le renvoi. Si vous avez le moindre problème, eh bien n'en faites pas le mien, je dois gérer cette endroit. Merci et bonne année. Je vous laisse entre les mains de vos chers professeurs.
Et elle part. Droite, glaciale. Elle est un trou noir aspirant tout la chaleur et la joie, tuant d'un seul regard le moindre bourgeon de sourire. En sa présence, une mouche n'oserait pas voler. Mais dès que la porte de bois se ferme, tout revient, chuchotements, blagues et rires contenus. Une autre femme grimpe légèrement et joyeusement sur l'estrade, et le silence s'installe à nouveau. Mais celui-ci est très différent du dernier. Chaud, respectueux, heureux. Le monde est suspendu aux lèvres rosées de la petite femme ronde. Ses yeux bleus pétillent, ses cheveux sont un carré court constitué de grandes boucles dorées brillantes très bien définies ; sa peau est pâle et constellée de taches de rousseur, sont petit nez est rond et en trompette. Elle est vêtue d'une jupe en jean, arrivant au dessus de ses genoux, d'un chemisier jaune, et d'une paire de petites ballerines noires. Elle rayonne et illumine la salle bien plus que les pauvres ampoules, qui font bien pâle figure aux côtés d'un soleil pareil.
-Je suis Hestia Roseraie, et je suis la professeure déléguée, et aussi la principale des 2nd A. Vous devriez pratiquement tous vous connaître, car nous somme le seul lycée du village, et de la région. Il faut dire que ce n'est pas bien peuplé ! Bref, moi et les autres professeurs, nous allons faire l'appel. Mais avant cela, je tiens à vous souhaiter une excellente rentrée, année, et même vie en général. J'aimerais je tout le monde soit heureux et paisible, tout en gardant un minimum d'assiduité et donc des notes au dessus de 9,5. Même si votre bonheur est le plus important. Si vous avez un problème par contre, eh bien c'est aussi le mien, vous pouvez me parler quand vous voulez, même si c'est compliqué car je suis une professeure, je suis aussi humaine. Il y a une nouvelle élève cette année, qui n'était pas non plus avec vous au collège, alors si elle souhaite venir se présenter, je n'ai rien contre !
Je me fige et essaye de rester le plus silencieuse possible. Dix secondes passent, pendant lesquelles les élèves cherchent qui pourrait bien être cette nouvelle élève. Je me recroqueville tellement que personne ne me remarque, et Mme Roseraie continue:
- J'en déduis qu'elle ne viendra pas, mais c'est tout à fait compréhensible ! Je pense que nous espérons toutes deux que vous serez gentils avec elle ! Bon, place à l'appel, et c'est moi qui commence ! Hihi...
Elle donne le prénom de quelques élèves, qui se déplacent assez rapidement pour que je ne me retrouve pas complètement exposée quand vient mon tour. Les regards se tournent vers moi, mais personne ne m'adresse la parole. Nous allons en classe, et ma place s'avère être celle du côté de la fenêtre, 5e et dernière rangée, à côté d'une certaine « Chloé ». Elle est d'une beauté ahurissante. Des cheveux coupés en un carré plongeant, arrivants juste sous son menton. Ses traits sont carrés, angulaires, complètement géométriques, symétriques. Ses yeux sont en amande, noirs et perçants, mis en valeur par un trait d'eye-liner maîtrisé. Et sa bouche... mon dieu qu'elle est parfaite. Pulpeuse, grande, veloutée. Et ornée d'une très généreuse couche de gloss. Elle a une peau caramel et un beau profil aquilin. Ma grande interrogation: sait-elle user de ses zygomatiques ?

Le temps est passé, la journée avec. J'ai observé les gens pendant environ 8h, puis je suis enfin retournée chez moi.
-Bonjour ma Loulou ! Ta journée s'est bien passée ?
-Salut papa !
Je m'approche de lui pour le câliner, puis me recule d'un pas pour lui raconter mon 1er jour. La porte s'ouvre sur mon frère et nous nous approchons de lui pour demander de ses nouvelles.
-Hélios ! Ça va mon piti lion ?
-Luna ! Arrête de m'appeler comme ça !
-C'est vrai Loulou, on était arrivés à un accord, son nom, c'est simba.
-Papaaeuuuuh !
Nous commençons à préparer le dîner, mais notre bonheur familial s'arrête quand j'entends la porte d'entrée se claquer.
-Ah David ! Enfin rentré !
-Dada ! Alors, t'es pas trop fatigué ?
-Salut vous deux ! Non non, ça va ! Je suis content de vous voir... mais où est Loulou ?
Je hais qu'il ose m'appeler comme ça. De quel droit ? En cinq ans, rien n'a changé, il m'exècre toujours autant. Mais ça fait trop de mal à mon père quand je suis froide avec lui, alors je répond simplement, en essayant de masquer mon antipathie au maximum.
-Salut David. Je suis dans la cuisine, on préparait manger.
Le tajine est prêt, et nous passons à table. Ils rient, parlent, se taquinent... Je joue mon rôle d'ado à la perfection. Si seulement maman était à la place de cet ****** de David ! J'ai envie qu'il meure. Dans d'atroces souffrances. Qu'il se suicide à sa place. Que la corde se serre autour de son cou musclé et qu'il ne puisse plus retourner en arrière. Que ses pieds cherchent désespérément un endroit où s'accrocher, mais qu'ils ne fassent que battre dans le vide. Je veux qu'il disparaisse. Que tout redevienne comme avant. Mes ongles s'enfoncent dans ma chair de plus en plus profond, et je sens que mes larmes vont s'enfuir si je ne fait pas quelque chose.
-J'ai besoin d'aller aux toilettes, je reviens pour débarrasser.
-Ça va ma chérie ?
-Oui papa, je suis juste fatiguée par cette journée, et un peu pressée d'aller au petit coin, surtout que vu la taille de cette maison ça va pas être une partie de plaisir à trouver !
Ils disent quelque chose, mais je ne fait pas attention et part presque en courant. Je les déteste tous ! Et comment Hélios a put accepter un connard pareil ? Et mon père ? Tomber amoureux d'un homme ? Son meilleur ami ? Après le décès de sa femme ? Son « Amour de papillon » son « soleil de nuit » sa « lumière dans l'ombre » ? Il a sali sa mémoire en osant s'amouracher de cet individu abject. Et en plus, c'est un homme. Hahaha la bonne blague. Un homme ne peut pas en aimer un autre, hein ? C'est bien connu ! Comment quelqu'un pourrait trouver de l'intérêt dans un homme de toute façon ? C'est lourd, violent, sans formes... alors qu'une fille, avec ses cuisses généreuses, ses seins ronds et doux, et son caractère tantôt fin et réfléchit, tantôt puissant et drôle ! Franchement, je vois pas ce qu'on peut trouver à un homme. Enfin si, quand je grandirais, bien sûr que je trouverais quelque chose en eux, c'est la nature d'une femme, non ? J'ai de plus en plus mal au bras, et je le lâche avant que ça ne devienne visible pendant trop longtemps. J'en ai vraiment marre de ces gens. J'ai envie que tout s'arrête. Je voudrais devenir un papillon, une fleur ou même une étoile. Belle, seule. Je veux devenir une héroïne de roman, destin extraordinaire, amours fous, belle vie semée d'obstacles qui une fois surmontés, ne rappellent que du bonheur et du succès. Après avoir déambulé dans le manoir qui nous sert maintenant de maison, je trouve une salle du bain. Par chance, elle fonctionne. C'est en fait celle que tout le monde utilise, j'ai tourné en rond. L'eau de la douche coule sur tout mon corps, et disparaît avec mes problèmes dans la valve. Je m'enroule dans une serviette et trouve ma chambre, après 2mn. Elle est au 4e et dernier étage, sous les toits. J'attrape mon casque et mon téléphone, et met en route ma playlist. Passe sur mon balcon, grimpe un peu, et trouve une place confortable sous le regard bienveillant de la Lune et ses camarades étoiles. Il fait un peut froid, mais j'aime ça.

Enfin du silence. Quelques notes, puis toute une symphonie. Mes yeux essaient désespérément de rester ouverts, mais en vain. Une main passe doucement sur mon visage, et une voix souffle:
-Qu'est-ce qu'elle est jolie quand elle dort... Peut-être que je pourrais lui parler, un jour ? J'essaierai. Je m'ennuie à mourir, ici, toute seule...

Bonsoir bande d'humains ! C'est le 1er chapitre d'une histoire pas trop longue, qui j'espère vous plaira ! Si vous pensez quelque chose dans l'histoire, vous pouvez en faire un commentaire , c'est toujours cool d'avoir des retours ! Je tiens à préciser, malgré les propos que peut tenir notre chère héroïne, je ne suis en aucun cas d'accord avec eux ! Je ne veux pas la mort de pauvres gens gentils, et je comprend très bien l'attirance que quelqu'un pourrait avoir pour une autre personne de son genre/sexe ! J'espère que ma 1ère histoire vous plaira, bisous bisous.

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