Des étoiles comme lampes de chevets.

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Le soleil me chauffe la peau. Qu'est-ce que c'est agréable comme sensation... Mais le sol est dur sous moi. Je suis tombée de mon lit ? Je m'apprête à voir les charpentes du plafond, mais elles ont été remplacées par un ciel bleu décoré de doux nuages cotonneux. Je me relève prestement, et découvre sous mon corps les tuiles noires de mon toit.
-MEEEEEEERDE !
Je cours, enfin désescalade jusqu'à ma chambre, et regarde l'heure, pleine d'espoir. 7h45. J'enfile le plus rapidement possible une culotte et un pantalon, pas le temps d'aller chercher un tee shirt propre dans les montagnes cartons. Sac à dos, clef du scooter, et je dévale les escaliers.
-Tiens, Luna, bien dormi ?
-David ? Oui oui merci ! Je me dépêche de prendre une pomme et cours vers la porte d'entrée.
-Luna ! Ton sac de sport ! Me crie-t'il. Il me sauve vraiment.
-Merci David ! Lui répond-je en mâchant mon semblant de petit déjeuner. Je m'apprête à repartir, quand il me lance:
-Luna, le dos de ton tee-shirt est complètement taché, tu peux pas trop sortir avec !
Je me fige. Merde. Je vais arriver avec beaucoup de retard à mon 2e jour. Super. Je suis obligée d'aller chercher un vêtement en haut, c'est mort...
-Tiens, Luna. Je n'ai pas dormi avec, je l'ai enfilé il y a deux minutes à peine, ça fera un peu oversize, c'est à la mode non ?
C'est un tee-shirt que mon père lui a offert. Je sais pertinemment qu'il l'aime beaucoup... je le regarde avec un air interrogateur, mais il me sourit gentiment, tendrement. Il a le même sourire que maman... une larme s'échappe, mais je prend l'objet et file avant qu'il ne puisse me dire quoi que ce soit.
-Merci beaucoup David, vraiment !
La porte claque.

La larme de tout à l'heure n'a fait qu'annoncer l'orage. Des cascades salées viennent tremper le bout de tissus qui me tourmente tant. Tout ce dont j'ai envie, c'est qu'il soit le pire des êtres humains. Qu'il soit le diable, cruel à en faire frémir Lucifer. Que dans ses yeux crépitent les flammes ardentes et rougeoyantes de l'enfer. Mais tout ce que je vois en lui, c'est de la gentillesse. Les seuls défauts que j'arrive à lui trouver ne sont pas bien glorieux, je le sais. Mais il a détruit notre famille. Je ne lui pardonnerai pas. Jamais.

Je dévale la pente qui me mène à mon lycée en essayant de ne plus penser à tout ça. J'attache
Sleipnir à son nouvel arbre, et cours vers le bâtiment tout en finissant ma pomme. Ce matin on avait quoi déjà ? Je sais plus... j'aperçois ma voisine de classe sur le terrain de basket et remercie le destin. Je cours vers le seul vestiaire, enfile un jogging, une brassière de sport, et cours vers les autres élèves.
-Bon, je vais faire l'appel !
Annonce la prof. Soit le Karma va faire brûler ma maison, soit je peux remercier le hasard pour sa gentillesse. J'amasse ma chevelure en une queue-de-cheval, et part faire des tours de terrain avec les autres. Après l'échauffement, deux élèves sont désignés pour faire des équipes. Un beau  blond et une belle blonde. Ils font la paire ceux-là ! Ils choisissent tour à tour leurs amis, et je reste en retrait, m'apprêtant à être dans le dilemme de fin des deux derniers élèves dont personne ne voulait. Mais une voix masculine s'exclame :
-Luna !
Je le regarde, étonnée, et vérifie qu'aucune Luna ne m'a échappé. Mais le blond -dont le prénom m'est revenu, Lucas- me fixe un peu trop intensément avec un grand sourire. Je décide de prendre un risque, et de m'approcher de lui en demandant :
-Tu veux savoir ce que je vaux ? Tu vas pas être déçu ! Ses yeux s'allument et son les fossettes se creusent.
-Toi tu me plaît, toi.
Mon cœur bat à tout rompre, mais ça y est, j'ai réussi à me placer dans la hiérarchie. Je ne vais pas encore passer une année seule à m'en vouloir d'aimer ça. La professeure, Mme Juliers, annonce que nous ferons une partie de balle au prisonnier. Décidément ! C'est mon jeux préféré, et en toute modestie, j'y excelle.

Pendant la partie, je fais exprès de me mettre dans la ligne de mire des tireurs pour pouvoir éviter le ballon au dernier moment, ou encore le rattraper pour envoyer mon adversaire en prison. Mais je n'en fais pas trop, la partie serait trop courte, sinon. Vers la fin de la partie, je suis la seule dans mon camp, et j'en profite pour installer une proximité avec ce fameux Lucas. Sans nous parler, nous nous coordonnons et battons nos concurrents sans trop de difficultés. Mme Juliers me regarde avec de grands yeux étonnés. Je les évite et me dirige vers ma gourde, où d'autres élèves m'abordent.
-Bravo, t'es super forte !
-T'as joué en club ?
-On aurait vraiment du te prendre avec nous !
-Impressionnant !

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