Du Ciel À L'Azur

Chapitre quatre

La demi-heure de trajet est passée à toute allure. Lorie a mis sa playlist d'été, et malgré la pluie, on s'y serait cru. On a chanté à tue-tête tout le long, si bien qu'on aurait presque senti les vitres vibrer.

La route, qui jusque-là était parfaitement goudronnée, se dégrade peu à peu à l'approche du lieu. Je suis impatiente, il me tarde vraiment de retrouver cet endroit, plus que tout. J'en ai vraiment besoin, car la tension dans mes épaules et ma nuque n'a cessé d'augmenter durant le trajet.

La voiture s'enfonce peu à peu dans les bois, si bien que la route n'est maintenant plus qu'un chemin de gravier. La voiture nous secoue au gré des cailloux sous les roues. J'avais déjà ralenti mon allure, mais lorsque je vis l'ouverture entre les arbres s'élargir, je ne roulais plus qu'à une dizaine de km/h. Je suis étonnée de voir qu'une moto noire est déjà garée le long des arbres. Moi qui pensais que cet endroit était tenu presque secret, il y a tout de même des gens qui viennent par ce temps... Mis à part nous, je veux dire. Je me gare à côté de la moto trempée par la pluie.

Lorie me sourit, et elle ouvre la portière.

_ Enfin arrivées ! Dit elle dans un soupir de soulagement. Je n'ai vraiment plus l'habitude des trajets aussi long.

Je sors de la voiture, avant de claquer la portière.

_ Oh, personnellement, j'ai trouvé que le trajet est passé vite.

Lorie attrape quelque chose sur la banquette arrière, tandis que je m'empare de nos sacs dans le coffre. Lorie ressort de la voiture avec son énorme imperméable jaune.

_ Non, sérieux, Lorie ! Je n'y crois pas ! Tu as vraiment apporté cette horreur !

Je ne peux pas m'empêcher de rire en repensant à elle ce matin, la capuche lui retombant sur le nez.

_ Au cas où ! On ne sait jamais, s'il se met à pleuvoir à grosse goutte, tu feras moins la maline avec ta petite veste en cuir.

_ Oooh, d'accord. Imaginons que soudain, la tempête fasse rage, et que l'on soit ensevelies sous la neige. Ton incroyable imperméable pourra nous sauver la vie !

Je ris de plus belle, et Lorie me tape gentiment, et nous partons en riant sur le sentier. Lorie me suit, et me pose à nouveau des questions sur le lieu encore inconnu.

_ Bon, je ne sais pas où tu m'emmènes, mais je commence à flipper. Je suis déjà sûre que ce n'est pas à la piscine, puisque au milieu des bois, ce n'est pas vraiment courant. Au moins, dis-moi que je ne serais pas obligée de me baigner...

_ Tu me supplie là ? (je pouffe entre mes doigts.) T'inquiètes, je suis pratiquement sûre que je n'aurais même pas à te demander de venir te baigner que tu seras déjà en train de le faire.

Mon ventre gargouille. J'ai faim. Il est bientôt midi, et mon ventre me rappelle que mon petit-déjeuner n'était rien de plus qu'un verre de jus de fruit. Heureusement, nos sandwichs m'ont l'air vraiment appétissant. Je m'arrête subitement.

_ Merde, le casse-croûte ! On l'a laissé dans la voiture.

Je baisse les yeux et je remarque que mes lacets traînent sur le sol mouillé, et commencent à se teinter d'un brun léger, Lorie le remarque aussi.

_ Ok, miss tête en l'air, je vais les chercher. Pendant ce temps, refait tes lacets.

_ Hé ! Tu aurais pu y penser aussi.

Elle me sourit. On sait très bien toutes les deux que je suis la reine pour oublier les choses.

_ Passe moi les clefs de voiture.

Je lui lance, et tandis qu'elle part chercher le repas, je m'accroupis pour refaire mes lacets.

Alors que je m'apprête à refaire mon deuxième nœud, j'entends des bruits de pas. Je relève la tête. Un homme se tient à environ un mètre de moi. Il est grand, et habillé tout de noir. Son allure est menaçante, et la capuche de son sweat assombrit un peu plus son regard. Il est trempé, ses cheveux sont encore dégoulinant. Il a l'air d'avoir mon âge.

Je reste figée un instant, comme hypnotisée. J'ai eu presque un frisson en l'observant. Je me relève, me rendant bien compte que je dois avoir l'air ridicule accroupie, en train de refaire les lacets de mes vieilles converses.

_ Dégage.

Son regard est sombre, plein de haine, et son ton et menaçant. Je remarque que ses iris sont verts, d'un vert éclatant. L'espace d'une seconde, je me perds dans ses yeux.

Je reviens à la réalité.

_ Pardon ?

_ J'ai dit dégage. Hors de mon chemin.

Et avant que je puisse réagir, il s'avance en me bouscule. Je manque de tomber, mais je me rattrape à l'aide d'un arbre qui me griffe la main de son écorce.

Je grogne, et ne prends même pas le temps de lui faire une remarque ; il fait indéniablement partie des cas désespérés, c'est certain. Pas besoin de plus de temps pour le comprendre. 

Pourtant, il ralentit, s'arrête une seconde et me lance un regard par-dessus son épaule. La haine dans ces yeux s'est dissipée, et j'ai l'espace d'un instant l'impression qu'il est désolé. Mais il repart si vite que je ne sais plus si ce que j'ai vu était la réalité ou le fruit de mon imagination. Parfois, je crois un peu trop en la bonté des gens.

Une nouvelle fois, je me baisse et fait mon lacet. J'entends à nouveau le crissement des cailloux et je me relève. Cette fois, c'est Lorie et elle tient le petit sac cactus isotherme dans ses mains, celui qui contient notre repas.

_ Wow, ce gars avait l'air vraiment énervé.

_ Tu m'étonnes. Il m'a clairement bousculé, et je me suis griffé la main contre l'arbre qui a eu la gentillesse de m'éviter la chute.

_ Ah, super, quel connard. D'accord, le sentier est étroit, mais on peut quand même passer à deux avec un petit effort.

Elle regarde ma main qui saigne un peu.

_ De toute façon, Là tout de suite, on ne peut rien y faire. On désinfectera ça à l'appart.

On entend la moto démarrer, puis le bruit s'estompe peu à peu.

_ Bon maintenant que Mister Grincheux est partis, je crois que l'on peut repartir tranquille.

Je ris en entendant le surnom ridicule qu'elle lui a créé, et on continue de marcher.

***

Bon, ce chapitre est un peu court, certes, mais j'avais du mal à me décider pour savoir à quel moment couper cette partie. Plutôt que de laisser traîner encore et encore la sortie du chapitre, le voilà !

Comme d'habitude, pense à voter, et donne moi ton avis, ça me ferais vraiment plaisir.

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Eline / elleonemay

11/06/2020