Je décide ensuite de me rendre chez mon copain Arthur. C'est mon meilleur ami mais tout le monde est persuadé que c'est mon amoureux ce qui fait que je m'en suis un peu convaincue toute seule. Je prends, euh non je prenais mes rêves pour la réalité. Ce n'était pas mon copain, à mon plus grand désespoir d'ailleurs. Je n'ai jamais osé lui avouer ce que je ressentais pour lui. Un regret qui restera avec moi dans la tombe maintenant. C'est triste. En allant dans sa chambre, je découvris un Arthur, mon Arthur complétement dévasté. Il était triste mais ne pleurait pas. C'était un de nos trucs. On ne pleurait jamais tous les deux. Jamais. On pleurait dans le noir, en cachette. On n'aimait pas montrer au reste du monde qu'on était triste. Nous on le savait quand l'un de nous était triste. Juste en se regardant. On était aussi proche que nous pouvions l'être. Comme des frères et sœurs. Non, on était bien plus que des frères et sœurs. Il écoutait mon album préféré à fond dans son casque. On l'écoutait beaucoup ensemble mais ça a toujours été mon album préféré parce qu'il me rappelait tant de souvenirs. Il le savait. Il écoutait mon album, enfoui dans sa couette et sa peluche favorite. Il resta comme ça durant de longues minutes. Puis, il se leva, alluma la lumière de son bureau et sortit un carnet et un stylo. Il se mit à écrire. Il écrit durant plusieurs heures.
Je me suis positionnée derrière lui pour avoir un angle de vue parfait pour lire ce qu'il est en train d'écrire. Je lis qu'il me trouvait absolument craquante. Il écrivit notre rencontre, puis nos moments passés ensemble. Les bons moments, les gros fous rires, les plus petits, nos moments de partage, nos conneries en cours, nos conversations tard le soir par texto, nos sorties cinémas, nos heures passées ensemble. Il écrivit aussi tous les autres : nos moments de nostalgie, nos peines, nos secrets, nos heures de blues, nos chagrins et tout ce qu'on a traversés ensemble. Puis, il raconta comment il est tombé doucement amoureux de moi, jusqu'à ne plus pouvoir se passer de moi. J'avais hésité à lui en parler alors qu'au final il ressentait les mêmes sentiments que moi. Oui, maintenant, c'est vrai que je m'en étais rendue compte mais j'ai jouée à l'autruche et c'est trop tard aujourd'hui. Puis, il ferma son carnet, posa son stylo et se leva. Il rangea son carnet dans une boite en métal qu'il gardait sous son lit. Je décidais de le laisser tranquille. Il fallait qu'il fasse son deuil, qu'il vive sa vie avec des personnes vivantes et bien réelles. Il fallait qu'il accepte ma mort et qu'il vive sa vie sans moi-même si c'est difficile pour lui. Il était nécessaire aussi que j'accepte l'idée que je ne lui parlerais plus jamais et que je ne pourrais jamais lui dire tout ce que je pense de lui.
Suivre les personnes que j'aime ou que j'aimais devint vite mon activité favorite. Je n'avais que ça à faire. Je crois que j'essayais de me rassurer en observant leur réaction. Je voulais m'assurer que je comptais vraiment pour eux. Je ne voulais pas être oubliée et je ne voulais pas qu'on ne pleure pas du tout. Je voulais imaginer que même si je n'avais eu que quelques années à vivre, j'avais quand même réussi à me faire aimer par des personnes. Je voulais m'assurer que ce n'étais pas du vent, que c'étaient des impressions vraies, réelles, concrètes.
Quelques temps après, plusieurs semaines ont passées, tandis que je suivais ma mère, j'appris qu'elle avait embauché quelqu'un comme assistant pour l'aider dans son travail. J'ai assisté à l'entretien, qui a eu lieu le lendemain du hold-up, et fus surprise quand le candidat entra. Il doit avoir mon âge. Il est plutôt mignon. Je ne savais pas quoi penser de lui au début mais plus je le voyais avec ma mère, plus j'avais l'impression de le connaître. Il me ressemble un peu, par les tâches de rousseurs et ses cheveux sont aussi bouclés que les miens. Il a aussi des yeux vert émeraude. Des yeux vraiment magnifiques. Je me perds un moment en les regardant. Il me semble que je l'ai déjà vu quelque part, il y a longtemps. Bien-sûr ! Sur un cadre dans la chambre de mes parents. Une photo de mes parents dans un lieu que je n'ai jamais su identifié. Ils étaient entourés de trois enfants. Ils sont dans une pièce blanche. Derrière eux, une immense fenêtre dévoile une forêt verdoyante, et un parc de jeux pour enfants. Les trois enfants sont en train de jouer avec des jeux en bois. Ils ont vraiment l'air concentré sur leur occupation sans aucune considération pour les adultes qui sont avec eux.
Mes parents sont tellement jeunes sur cette photo. Je n'ai pas de souvenirs de mes parents à cet âge-là. Un de ces enfants était ce jeune homme. Son visage a changé durant toutes ses années mais je jurais que c'est lui. Il a les mêmes yeux, d'exactement la même nuance de vert. Les mêmes bouclettes légères mais quand même bien définies. Je retourne aussitôt chez moi et me dirige tout droit vers leur chambre. Pourtant j'ai beau chercher le cadre n'est plus là. Il n'est plus derrière le vase sur l'étagère derrière le lit de mes parents. Il n'est pas tombé et je ne peux pas ouvrir les tiroirs pour une raison évidente. Je peux peut-être faire en sorte de les faire ouvrir par l'une de mes sœurs.
Louise n'est sûrement pas dans le coin, elle a dû retourner chez elle. Chloé est peut-être chez une amie car ses affaires ne sont pas là. Mon dernier espoir retombe sur Marion. Comment lui faire comprendre que je veux qu'elle cherche un cadre ? C'est compliqué. C'est impossible. Je ne peux pas chercher le cadre moi-même et je ne peux pas pousser l'une de mes sœurs à le faire pour moi. Je ne pourrais sans doute revoir ce cadre. Je renonce donc à le revoir encore une fois, pour le moment au moins. Je sors de la maison et je marche. Marcher m'aide vraiment. Je ne réfléchis plus intensément. Marcher me permet de changer les idées. Je n'ai jamais autant marché de toute ma vie et c'est d'ailleurs dommage que je ne puisse pas tirer les bénéfices de toute cette activité sportive. Je ne pense à rien. Je me perds dans les bruits familiers de la ville que je connaissais par cœur.
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Et encore un chapitre de publié ! Est-ce que l'histoire vous intrigue et vous donne envie de savoir la suite ? A la base, les chapitres 1-3 et 2-4 forment un chapitre entier mais je trouvais qu'ils étaient un peu long. Que pensez-vous de la découpe ? Vous semble-t-elle cohérente ? Merci de lire en tout cas :)
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Tout commença avec un hold-up
Mystery / ThrillerUne jeune fille apparemment sans histoire meurt dans une petite ville lors d'un hold-up. Qu'est-ce qui a bien pu se passer ? Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi est-elle morte ? Qui a fait ça ? Pourquoi elle toujours là? Ah oui, parce qu'elle e...