The Wicked Game [EN PAUSE]

Scott

Debout devant l'entrée de la villa où le destin de dix lycéens va changer à tout jamais, je reste clouée sur place.
Est-ce que j'ai réellement envie d'entrer là-dedans ?
Non, la réponse est aussi évidente que la question elle-même. Toutefois, je n'ai pas vraiment le choix, alors en soupirant, je franchis la porte.

Il est 23h30, donc la soirée n'en est pas à son début, et cela se sent rien qu'à l'odeur d'alcool et de sueur qui plane dans l'air. À vrai dire, en arrivant ici, je n'imaginais pas que la soirée aurait lieu dans un endroit aussi luxueux. En fait, je pensais plus à une usine désaffectée ou un truc dans le genre. Mais bizarrement, cet endroit est bien mieux que dans mes attentes, et honnêtement, cela à bien plus l'air d'une banale fête de lycéen qu'à la mise à mort de dix vies innocentes. Si cela n'en tenait qu'à moi, je serais déjà loin d'ici à l'heure qu'il est. Mais le choix ne m'appartient pas.

Alors que j'essaye péniblement de me frayer un chemin jusqu'à un endroit où il y a moins de monde, je me fais percuter de plein fouet par un garçons aux cheveux clairs.

— Pardon ! je m'écrie pour me faire entendre parmi toute cette foule.

Les yeux du garçon se relèvent vers moi et je souris lorsque je reconnais son visage.

— Scott ?

— Suis-moi ! crie ce dernier en me prenant par le poignet, se dirigeant vers les escaliers.

Sans broncher, je monte avec lui à l'étage, loin des fêtards et de la musique forte à m'en faire exploser les tympans. Une fois en haut, Scott entre dans une pièce qui s'apparente être une chambre et referme la porte dès que j'ai franchi le seuil. Je regarde autour de moi d'un œil distrait et comprends du premier regard qu'il s'agit de la chambre d'un rockeur, au vu des nombreux posters d'AC/DC, de Nirvana ou encore des Rolling Stones. En contemplant la pièce de haut en bas, je finis par croiser le regard de Scott, et soudain, j'analyse la situation d'un angle extérieur. Je suis à une soirée en compagnie d'un garçon que je connais à peine et nous sommes tous deux dans une chambre, seuls. Cette pensée me donne soudain des frissons que je parviens tout de même à camoufler.

— Alors comme ça tu es venue... soupire-t-il, visiblement attristé.

Je ne réponds pas et me contente d'expirer à mon tour.

— Je crois que c'était une chose inévitable, finis-je par murmurer.

Malgré les fortes basses qui font vibrer le plancher et nos oreilles, je sais qu'il m'a entendue. Je n'aurais pas à me répéter, et de toute manière, je n'en ai pas envie. L'avouer me donne envie de hurler de rage.

— Tu es très jolie, dit-il au bout d'un long moment.

Étonnée, je lève les yeux vers lui et constate qu'il m'observe de haut en bas avec un sourire mignon. Je dois bien avouer que c'est vrai, je suis plutôt jolie. Pour cette soirée, j'ai opté pour une robe de soirée noire m'arrivant juste au-dessus des genoux qui moule mon buste et partait en volant au niveau de ma taille. Un long décolleté laissait apparaître mon thorax ainsi que la naissance de mes seins mais se trouvait être également dos nu. Avec ça, j'avais mis mes Doc Martens noires. Concernant le maquillage, j'étais partie sur mon style habituel (soit, deux traits d'eye-liner, du mascara et du correcteur) mais avait rajouté du rouge à lèvres bordeaux pour mettre ma bouche plus en valeur. Mes cheveux, seule partie indomptable de mon corps, avaient obtempéré au bout d'une dizaine de minutes, calmant leur ardeur pour me permettre de les attacher en un haut chignon défait.

Effectivement, j'avais mis le paquet, mais j'avais besoin de passer mes nerfs sur quelque chose puisque la cigarette et la douche brûlante n'avait pas été efficaces.

Surprise par ce compliment venant de sa part, je lui souris et le remercie.

— J'espère que le Maître de Jeu se portera garant avec toi, murmure-t-il en s'allongeant sur le lit, observant les fissures du plafond d'un regard nostalgique.

— Je l'espère également, je soupire en faisant de même.

Pendant quelques instants, nous restons là, sans parler, à observer le néant l'un à côté de l'autre. Mais ce n'est pas un silence pesant qui règne autour de nous, non. C'est un moment pacifique et doux que nous passons ensemble, oubliant l'espace d'un instant les enjeux encouru dans cette fête, à cette soirée qui pourrait changer à tout jamais notre année ou même le cours de notre vie.