𝐄𝐩𝐢𝐩𝐡𝐚𝐧𝐲 [KilluGon]

Cʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 6

~ PDV Killua ~

Rien.
Le néant.
Le silence.
J'aime bien ces instants là. Si je pouvais, je pense que je les revivrai à l'infini. Mais malheureusement pour moi, la vie doit être bruyante et dérangeante. Encore plus lorsque vous cohabitez avec une pile élécrtique.

Je tourne la tête vers l'horloge murale accrochée. Deux heures trente. Tiens, je croyais qu'il était moins. C'est que le temps semble interminable dans cette maison. Tout le contraire de chez moi. Il se passe tellement de choses anormales qu'on a même pas le temps de vérifier l'heure à Kukuru Mountain. Mais ici, rien. On se fait chier à longueur de journée.

Pourquoi mes parents aiment tant venir ici ? Ah, c'est vrai qu'ils sont anormaux. Je me demande bien ce à quoi Gon se donne comme activités. Oh non, ça y est, je commence à tomber de fatigue et je dis n'importe quoi. Comme si les passe-temps de cet être détestable étaient ma priorité. Je me fiche bien de ce qu'il fait de sa vie. De toute façon, je sais qu'il ne doit manquer de rien. C'est vrai, sa tante prends soin de lui, il a beaucoup d'amis, un bon physique et des yeux si fabuleux. Et voilà que ça recommence.

Je fronce les sourcils en attrapant la couette qui me recouvre pour me retourner de l'autre côté de mon lit de fortune. J'essaie de trouver le sommeil, mais toutes mes pensées sont dirigées vers Gon, Gon, et rien que Gon. Je ne peux pas penser à autre chose pour une fois ? Pourquoi dois-je penser à la figure de Gon tous les soirs ? Je le déteste, c'est réciproque. Tout ce foutoir est vraiment bizarre. Voilà ce qui est anormal. Ma famille paraît presque parfaite à côté.

Au bout d'un quart d'heure de songes comme ceux-ci et de débats inutiles sur mon attirance ambiguë de l'existence de Gon, je m'avoue vaincu et m'extirpe hors des fauteuils. Je n'arriverai définitivement pas à dormir ici.

Je me mets debout dans le noir et me dirige vers les escaliers sans grande difficulté. Chez moi, on a très peu de fenêtre. On s'habitue vite à voir dans les recoins sombres.

Je gravis les marches à pas de loups, pour arriver finalement sur le palier du premier étage. Je prends garde à ne pas faire grincer le plancher tout en avançant dans le couloir. J'ouvre une porte au hasard. Des toilettes. Je la referme et retente ma chance à côté. Encore un échec. Assez frustré et fatigué, j'ouvre à la volée la troisième porte qui s'offre à moi.

Je reste figé face à la scène qui se présente derrière cette troisième. Une tête brune est assoupie sur le bord d'un oreiller gigantesque. Le petit être dort la bouche ouverte, et un peu de bave coule de sa bouche. Il a la joue écrasée contre le tissu de l'édredon. Ce serait mentir de dire que je ne suis pas attendri face à ce spectacle. Il en est presque mignon. Attendez, est-ce que je viens de complimenter Gon ? C'est le monde à l'envers. C'est lui qui déglutissait devant moi tout à l'heure, sur le canapé. Pas moi. Jamais je ne me laisserai avoir par sa bouille d'ange. Qu'est-ce que je disais ?

Je soupire. J'en ai marre de réfléchir, il faut vraiment que je dorme, maintenant. Sinon je vais devenir fou et penser encore et encore à des choses insensées. J'avance prudemment vers le lit, et me glisse sous les draps. Cet endroit est beaucoup plus confortable que les fauteuils du salon. Je remonte la grosse couette jusqu'à mon nez. En plus d'être très doux, cette couverture sent l'odeur de Gon. Ce n'est pas si dérangeant que ça. Je m'y sens plutôt... bien. Comme si j'étais transporté dans un tout autre monde. Le Paradis. Je pense que c'est la meilleure comparaison que je peux faire au lit de Gon.

À son sujet, le brun ne semble même pas avoir remarqué ma présence. Tant mieux. Je ne veux même pas imaginer la gênance de la situation si jamais il lui prenait l'idée de se réveiller. Soulagé, je me retourne vers le bord du matelas, à l'opposé de l'autre garçon. C'est vrai que le fait de me dire que je dors dans le même lit que quelqu'un d'autre me paraîtra très insensé demain matin. Mais pour l'instant, je veux profiter de l'instant, et savourer cette sensation de douceur qui m'enveloppe.

Soudain, j'entends du mouvement dans mon dos. Figé, je fais semblant d'être déjà endormi. Mais l'instant d'après, deux bras bronzés - et plutôt musclés faut se le dire - m'entourent le torse. Le rouge me monte au visage. Si quelqu'un d'autre se trouvait dans la pièce, il me confondrait sûrement avec un feu d'arrêt. Gon ressert son étreinte sur moi, et je sens la forme de sa tête se nicher dans mon dos. De mon côté, c'est la panique intèrieure. Je ne sais pas si je dois me retourner pour le réveiller et le remettre sur le droit chemin, ou si je dois le laisser faire. Après tout, il est peut-être somnambule ? Ce serait bien ma veine, tiens. Si en plus de loger avec un niais je dois aussi supporter un somnambule, ce séjour risque d'être beaucoup plus long que prévu.

J'aimerais tellement me retrouver ailleurs que dans cette position, pourtant mon rythme cardiaque s'est accéléré sans que je n'en comprennes la raison. C'est sûrement le stress. Oui, un bon gros stress de me retrouver enlacé par un être détéstable. Il existe toujours une explication logique à tout. Je préfères me rassurer au maximum.

Une chose que j'ai appris sur les somnambules : il ne faut jamais les réveiller. Sinon, il me semble qu'ils feraient une crise d'épilepsie ou quelque chose comme ça. Et la dernière chose dont j'ai besoin en ce moment, c'est d'un Gon épileptique. Il est pas possible cet idiot. Même endormi, il me crée des problèmes.

J'attrape délicatement ses mains dans les miennes, posées sur mon torse. Peut-être ressent-il mes battements incessants dans ma poitrine qu'il me provoque, ce connard.

Après m'être assuré qu'il ne bougerait plus, je ferme doucement mes paupières pour rejoindre les bras de Morphée. Moi aussi j'avais droit à un sommeil confortable. Je ne pense même plus à mon lit de fortune, toujours dans le salon. Je ne le rejoindrai plus jamais du séjour. Autant rester ici. Pour toujours.

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♡ Yaya_c_moi ♡