J'étais là, assise à regarder la pluie tombée par la fenêtre de ma chambre. Le temps est sombre et triste. Le sourire ensoleillé du visage bleuté du ciel a cédé sa place à une mine sombre et grisâtre. Une mine qu'on aurait dit que l'eau de pluie essaie de nettoyer avec fougue et entrain. Cette atmosphère déprimante faisait ressurgir mes plus sombres pensées. De noires pensées que j'essayais de refouler mais qui ne cessaient de me hanter comme des démons assoiffés de mal, de mon mal-être. Voilà bientôt deux semaines depuis que je repense à cette partie de ma vie. Une épisode que j'ai passé dix longes années à enfuir au plus profond de mon être. Et au moment ou je croyais réussir, au moment ou j'ai commencé à voir le bout du tunnel et quelques rayons d'espoir, voilà que tout ce temps de dur labeur part en vrille. Et là je me rends compte que j'ai jamais pû oublier vraiment. D'ailleurs comment oublier une telle souffrance ? Ça a commencé depuis le jour où, coincée dans un de ces embouteillages qui font partie de la normalité des rues de Port-au-Prince, j'ai entendu cette nouvelle dans une station de radio. Ce genres de nouvelles qui pousse à se demander dans quel pays vit on et jusqu'à quand tous ces actes de criminalité. Ce genres de nouvelles à cause desquelles j'écoute jamais la radio. Du genre une enfant violée par un voisin, un cousin ou même son beau-père. Ou même le phénomène de kidnapping. Et d'ailleurs ces derniers jours le kidnapping a recommencé à être en vogue et cette fois pas seulement à la capital mais on dirait que tous les départements sont touchés. A croire que les bandits se sont entendu pour choisir chacun un territoire de chasse. Tantôt des étudiantes enlevées alors qu'elles sortaient de l'école, tantôt une jeune fille enlevée au grand jour dans la rue alors qu'elle passait près d'une voiture stationnée. Et qui plus est, elles ont toutes été violentées. Et c'est là que ça a rapport avec moi.
C'est là que je me retrouve ramener dix ans ou plutôt quinze ans en arrière. Cette époque où j'étais en quelque sorte la chose de cet homme. Même le souvenir de ses yeux envieux avec ce regard mauvais qui me donne froid au dos m'effraie encore. Il attendait que tout le monde s'endorme pour m'emmener où lui seul avait le secret . Je me vois hurler en déchirant le silence de la nuit sous le coup de la douleur et du dégoût et essayer de m'enfuir. Mais mes petites jambes flageolantes ne me permettaient pas d'aller bien loin puisqu'elles étaient mises en coton face à tant de brutalité. A chaque fois je me débattais, et a chaque fois j'avais plus mal. On aurait dit qu'il usait de ses coups de boutoir pour me punir et me forcer à rester tranquille. Et il avait réussi car j'ai cesser de résister. Au commencement pour me taire il m'a fait croire que tout ceux que j'aime me haïront si je parle. Quand j'ai recommencé à lui tenir tête et à crier quand il me violait, lui suppliant de me laisser ma virginité et ma dignité, que j'étais encore un enfant et qu'il fallait qu'il arrête de m'abuser, il a menacé de me tuer. Je savais que je devais en parler mais j'avais peur alors j'ai commencé à encaisser en silence sans jamais en parler à personne. C'était devenue une habitude nocture. Un secret qui était trop lourd pour mes épaules vieilles de seulement onze ans. Un secret familiale à partir du jour où mon frère l'a dit à ma mère qui n'a oser rien dire. Puis au fil du temps toute la maison a fini par le savoir mais personne n'osait en parler. D'ailleurs personne ne pouvait en parler. Alors tous les soirs il me travaillait, histoire de me forcer à le prendre tout entier, une tâche qui devait être difficile même pour ma mère je dois avouer. Pendant qu'il me volait ma chair, mon âme et mon innocence, celle-ci feignait ne pas entendre mes cris de désespoir. Durant ces moments où je sens mon corps lâcher prise et que je voudrais me trouver à dix milles pieds sous terre qu'être avec ce bourreau de sexe elle s'efforcait de se rendormir au calme. Un soir mon plus grand frère m'a trouvé évanouie avec du sang partout sur moi dans le garage de notre maison et depuis il me harcelait tout les jours pour le dénoncer mais lui me menaçait tous les jours de me tuer. Donc j'ai continué d'endurer en silence. Mon frère a alors décidé d'alerter ma mère mais celle-ci lui a dit de faire comme s'il n'avait rien vu. Et là j'ai su que j'étais fini.
Maintenant encore je me demande comment une femme pouvait se soumettre et accepter sans façon que non seulement son homme la trompe mais en plus, être d'accord au fait que le fruit de ses entrailles, sa propre fille compte parmis ces femmes et cela ne la faisait même pas broncher.Bien qu'en réalité, maintenant que j'y pense, l'intérêt de son silence était l'argent. Elle avait quatre bouches de pères différents dont trois se sont volatilisés dans la nature à nourrir. Elle n'avait ni travail ni profession et dépendait totalement de son homme actuel. Lors de sa première grossesse, grossesse dont elle n'a pas revu le père depuis qu'elle lui a donné la nouvelle, elle a accepté d'être la maitresse d'un homme marié, juste parce que celui-ci lui a promis de prendre soin d'elle et de son bébé. Il a tenu sa promesse pendant un an jusqu'au jour ou elle lui annonça sa nouvelle grossesse. Elle ne voulait pas avorter et il l'a largué. En somme cette histoire s'est répétée trois fois de suite, jusqu'à ce qu'elle soit tombée sur ce dernier qui est resté avec elle pendant bien trop longtemps. Le temps qu'il me voit grandir et commencer à faire des fixettes sur moi jusqu'à même concrétiser ses fantasmes de pédophilie sur moi. Sincèrement j'aurais préféré que ma mère vive ce genre d'histoire d'amour déjà vouée à l'échec toute sa vie que de choisir de rester avec cette brute. Mais heureusement mon frère n'était pas du genre à laisser tomber. Il était toujours là pour moi quand j'en avais besoin et même s'il ne pouvait m'empêcher de suivre mon violeur, je savais que ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Et j'avais raison puisqu'à plusieurs reprises il essayait d'échafauder un plan. Mais à chaque fois il échoua. Une fois il avait même décidé d'en parler avec un ami de la famille qu'on pouvait faire confiance. Mais le monsieur à fait l'erreur d'en parler à mon violeur et celui-ci s'est démontré tellement offusqué qu'il a même menacé de me nier tellement il s'était énervé. Et son ami a fini par croire que c'était une diffamation. Ainsi il a fini par faire de moi la coupable, non la victime. Et cette épisode de mauvais goût avait ralenti les ardeurs de mon frère de me sortir de ce pétrin sans pour autant réussir à l'en dissuader. Il allait lentement mais sûrement et ma confiance en lui a suffi pour m'aider à endurer pendant toutes ces années en l'attendant. il ne réussit qu'au bout de la cinquième année. Et il avait bien planifier son coup. J'avais 15 ans et lui 18. Un soir comme d'habitude, l'homme à qui ma mère ne suffisait plus était venu dans notre chambre et m'a ordonné de le suivre sur un ton qui n'admettait pas de réplique. Et je l'ai suivi sans dire mot. Arrivé au garage, il ne m'avait même pas encore touché que je me suis déshabillée, dans ma tête je me disais qu'il fasse vite qu'on en finisse pour aujourd'hui. Il était d'abord surpris mais après, avec son éternel sourire pervers il posa son regard envieux sur moi comme le fait un chien affamé devant un bout de viande toute fraiche. Il avançait déjà dans ma direction quand mon frère sorti de nul part le poussa de toute ses forces en lui criant dessus. Avant qu'il ne comprenne ce qui lui arrivait, mon frère le rouait déjà de coups de fer. La moitié de la barre de fer était rouge comme un boucan et c'est à cette vu que je comprend. Ce barre de fer a été chauffé durant deux jours entiers à l'abri des regards. Et voilà que ce soir mon frère frappait son adversaire de partout avec, histoire de le mettre KO. Quand il a fini de bien le "makake", il me prend par la main et nous sommes parti de cet enfer.
Mais simplement nous en aller ne suffisait pas à mon frère. Alors Il a été voir la police et a relaté toute l'histoire. Cette fois avec preuve à l'appuie. Même moi j'ai été surprise quand il sorti un téléphone. Il leur montra des photos et passa quelques enregistrements et cela suffit à pourrir la vie de mon bourreau car il n'était pas près de sortir de prison. Ensuite mon frère se mettait à m'expliquer pourquoi il était obligé d'attendre cinq ans pour passer à l'action. Il ne pouvait demander de l'argent à ma mère puisque celle-ci dépendait totalement de son homme, et lui dire ce qu'il allait faire serait jetter à l'eau ses plans car elle essaierait de l'en dissuader. Parce-que pour elle si mon innocence était le prix à payer pour qu'on puisse avoir ce qu'on a besoin pour vivre alors, qu'il en soit ainsi. Donc mon frère s'échappait de temps en temps de la maison pour essayer de se faire un peu d'argent. Il avait seulement quatorze ans quand il a commencé à laver des voitures, décharger des camions ou les recharger dans des dépôts... Il refusait de quémander. Il a réussi à assembler assez d'argent pour acheter ce téléphone et pour qu'on puisse s'échapper. Il était encore un môme quand il à décidé d'agir à la place de notre mère, il l'a fait et il avait réussi. Je n'oublierai jamais cette nuit avec les cris de colère de mon frère qui répétait sans cesse "Ta fille n'est pas ta putain de femme bordel ". Et oui, mon bourreau n'était autre que mon bâtard de père.
Après cinq longues années passé à être maltraitée j'ai fini par sortir des griffes du premier homme que ma mère a réussi à garder après s'être offerte pour pouvoir nourrir ses trois fils. Après cette histoire,j'ai jamais revu ma mère et l'envie ne se faisait pas ressentir d'ailleurs. Parfois j'ai pensé à me tuer. Je sentais que ma vie était finie et que je ne valais plus rien. Mais mon frère était là et il m'a aidé à remonter la pente. Et aujourd'hui encore je lui dois la vie. Alors les filles, arrêtez de vous laissez faire et osez dire non à l'abus sexuel. Que ce soit votre cas ou celui de quelqu'un que vous connaissez, ne gardez pas le silence. Tout n'est pas fini.
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MA MUSIQUE, MA MUSE
Historia CortaBeat, son, mélodie, texte, paroles, voix.. Ensemble ces mots font penser à un autre: MUSIQUE. Et c'est ma source d'inspiration. Si comme moi vous êtes mélomane avec un grand M, ou même si vous ne l'êtes pas, lisez ce livre qui sera une compilation...