Ɯє αяє ιηfιηιтє ᵞᵒᵒᶰᵐᶤᶰ

Oυтωєιgнѕ

Les doigts tapotant sur le volant en cuir de ce vieux tacot, Jimin s'élançait vers une destination inconnue.

Les faibles lumières des lampadaires qui éclairaient l'avenue dans laquelle ils se trouvaient illuminaient l'intérieur de la voiture de temps à autre, éclairant le visage reposé contre la vitre et à moitié endormi du noiraud.

Une douce musique laissait trainer ses ondes dans l'habitacle, glissant sur leurs peaux grisées et résonnant sur leurs cœurs amoureux, accompagnant doucement le noiraud jusqu'au monde des rêves. Ses deux jambes étaient remontées devant son corps et il était recroquevillé sur le siège pas vraiment très confortable tandis que Jimin gardait son regard fixé sur la route bien plus peuplée que précédemment.

D'un geste habile, il activait son clignotant après avoir vérifié dans ses rétroviseurs d'un rapide coup d'œil que personne ne s'y trouvait et se déportait sur la voie de gauche ou de droite lorsque l'autre était occupée pour dépasser les autres voitures un peu trop lentes à son goût.

Jimin ne savait pas où ils allaient, mais il savait qu'il voulait y aller.

Aucun d'eux n'avait jamais vraiment su où ils allaient.

Mais qu'importe, puisqu'ils étaient surs de le vouloir.

Fatigués par ces vies bien trop monotones dans ces villes dépourvues d'âme, attristés par la façon dont les jours se ressemblaient tous et ne semblaient jamais en finir, frustrés de se réveiller perpétuellement avec le même soleil caché derrière son nuage de pollution, ils s'étaient décidés à partir à l'autre bout du monde vivre une vie différente, ensemble.

Ils s'étaient simplement mis d'accord sur la date du départ, qui devait être 'le plus tôt possible' selon chacun de ces garçons, et ils avaient abandonné tout le reste en seulement quelques heures. Familles, universités, boulots. Et deux jours plus tard, ils jetaient leur dévolu sur un vieux tas de ferraille dont personne ne semblait vouloir, stipulant qu'il ne survivrait certainement pas plus de 2 mois, et ils s'élançaient sur les routes du monde au son de leurs cœurs battant à la chamade en réponse à l'aventure tant désirée.

Et aujourd'hui, 4 ans plus tard, Yoongi dormait dans ce même tacot qu'ils n'avaient même pas dû faire réparer une seule fois.

En fidèle compagnon de voyage qu'elle était, la voiture brinquebalait violemment dès qu'un de ses pneus rencontrait un nid de poule, faisant grogner le noiraud à moitié endormi dont la tête venait heurter la vitre et éclater de rire le brun conduisant à ses côtés.

La route finit par redevenir plus calme, permettant au brun de relâcher un peu son attention et laisser trainer son regard sur la personne assise à côté de lui. Il savait bien que le noiraud se mettrait à râler lorsqu'il se réveillerait le lendemain avec un dos en compote, mais il n'avait pas le coeur à le lui rappeler dorénavant.

Alors il continuait de jeter des coups d'œil réguliers à la route qui semblait s'être libérée et n'exister que pour eux dorénavant, les plongeant dans leur propre bulle. Mais ses yeux continuaient de chercher ce visage qui semblait si angélique sous les quelques lueurs artificielles qui l'éblouissaient et qui reposait contre la vitre et ballotait au rythme des secousses de la route.

Il ne pouvait pas vraiment s'empêcher de le trouver magnifique dans n'importe quelle situation.

Même dans cette position enfantine, même avec ce visage à moitié endormi et avec la façon dont les lumières artificielles rendaient son teint blafard, il le trouvait absolument sublime. Presque divin tant ce corps lui paressait beau, presque divin tant la mélodie qui s'échappait de cette âme rassurée était belle.

Alors au rythme du piano et des battements de son cœur, il laissa sa main s'échapper du volant et danser dans les airs, virevoltant d'un point à l'autre avant d'atterrir dans les cheveux d'ébène du plus âgé. Sa main se mis à remuer dans les cheveux aussi noirs que la nuit de Yoongi, caressant chaque mèche vagabonde de sa tignasse avec toute la douceur dont il n'avait su faire preuve avec d'autres, laissant derrière lui une chaleur infiniment agréable qui fit ronronner de plaisir son amant plus d'une fois.

Et sur cette route vers l'inconnu, un vieux tacot était encore témoin des plus beaux gestes de tendresse qu'un être humain puisse offrir à un autre. Et c'est peut-être pour ça qu'elle continuait de rouler avec eux depuis tant d'années sans rechigner; parce qu'elle voulait continuer à observer la Vie et l'Amour qu'elle transportait avec elle à travers le monde.

Parce que partout où elle allait, elle déposait des airs de jeunesse et d'invincibilité dans les cœurs de ceux qui croisaient leur route. Parce que partout où elle les déposait, elle déposait avec eux les notes de leur Amour imparfait et les resplendissantes lueurs de Vie qui émanaient de leurs cœurs Heureux.

Elle les aimait bien elle, ces deux jeunes êtres insouciants et amoureux.

Elle avait l'impression qu'ils étaient infinis.