Au sixième mois de sa grossesse Bigué avait dû retourner chez ses parents pour être proche de sa mère et avoir les conseils et soins donnés aux futures mamans mais surtout éviter les inconforts de leur vie d'appartement.
Une période pas évidente pour une femme comme elle qui ne dort que quand elle sent le souffle de son époux sur sa peau.
_Tu penses que tu pourrais t'en sortir seul chéri?
_ Bien sûr de toute façon je dine avec toi avant de rentrer, A midi mon bureau n'étant pas loin de chez mes parents si je ne suis pas occupé j'y ferai un tour.
_ Humm
Un soupir qui cachait l'anxiété de devoir laisser son homme seul avec les ex non résignées et toutes les tentations et surtout elle ne savait pas que ce dernier pouvait prendre soin de lui-même et de son environnement.
_ Ne t'inquiète pas j'en profiterai pour me refaire une forme spirituelle avant d'être Papa, quelques ouvrages de fiqh, je pourrais enfin revisiter Masalikal Jinane etc
Il terminait sa phrase avec un smack qui dissipa systématiquement les idées noires qui commençaient à ternir la soirée de sa moitié.
Ils avaient l'habitude de papoter après le witr longuement avant d'aller au lit ou l'un attendait que l'autre finisse ses zikrs.
Trois mois c'est rien bien sûr et rien n'expliquait cette jalousie compulsive qui finit par gangrener le quotidien de Bigué.
Quelque part ce n'est point elle mais juste le résultat d'un formatage général opéré sur plusieurs générations de femmes qui se décline ainsi.
Entre les textes dépeignant le foyer polygame comme problématique, l'époux polygame comme un traître et la coépouse comme une voleuse de mari et tous clichés exportés sur l'amour et le couple, la négation des réalités culto-culturelle s'est instauré naturellement.
Le cours de gestion marital que va suivre Bigué ces trois mois en dit long sur le niveau de pollution des us et coutumes.
Sa maman emblème de l'épouse traditionnelle est bien sur très loin de savoir que sa petite sœur qu'elle avait pourtant éduqué avec les valeurs ethnico-religieuse s'était transformer en coach pour sa fille.
A peine une semaine dans la maison et qu'elle lui avait soutiré leur quotidien en détails et il était clair que le jeune couple n'avait aucun souci, une stabilité à solidifier selon Tata T.
_ Ton couple est en bonne voie mais il te faut pour garder ta souveraineté ma chérie faire deux choses : t'assurer qu'il ne te cache jamais rien et le coacher financièrement pour qu'il ne puisse jamais penser à un second foyer.
Ce sont les bases de ton bonheur et l'un un marabout t'y aidera mais l'autre tu devras être fine architecte et étaler à chaque période un niveau de vie pesant ; suy feex di tak kenene.
Assure toi minutieusement que ces charges se succèdent sans s'alléger et tu resteras son unique
_ Mais déjà avec l'appartement nous risquons de n'avoir une maison que dans dix ans
_ C'est justement le défi à ce stade avec les charges scolaires de vos enfants... ce sera facile pour toi, même en l'aidant de maintenir une pression qui ne lui permettra jamais d'oser un second foyer.
Lorsqu'enfin vous aurez votre toit engage le dans des charges interminables et un nouveau projet de bien familial pour lui et vos enfants.
Quitte à construire largement plus que nécessaire apprends d'ores et déjà à ne pas céder à tes sentiments sur ce plan il y va de ta souveraineté conjugale.
Bumu feex té lumu nek nanga ko xam ; Appliques toi à ne jamais le désapprouver ouvertement sur ses engagement soutiens le de face et fait ce que tu as à faire pour pérenniser la stabilité de ton couple.
Mystiquement M Coulibaly te soutiendra, c'est lui qui avait fait le « rapiathie » qui a précipiter votre mariage ; tu connais son expertise !
C'est le bruit de son téléphone qui la tira de ce tourbillon de démence qu'elle venait d'entendre et ne souhaitait pas amorcer.
Une partie d'elle refuse encore quoi que la possessivité paramétrée par le système ; allait donner la couleur à la suite.
_Salam chérie ; tu as du mieux j'espère, et tes jambes ça va ?
_Hanleikoum Salam ; après ton massage j'ai dormi doucereusement.
_Alhamdoulilah moi je dors mal sans ma moitié, j'ai hâte de vous accueillir ; plus que deux mois
_ Et deux semaines ; mon imam me manque
_Je serai là dans une petite heure ma reine si je suis en avance tu me rembourse en câlins.
Les élucubrations de sa tante en bruit de fond allaient polluer leur promenade si elle ne les vidait pas de sa tête. Le seul hic était que cette petite maman arrivait toujours à lui faire emprunter des sentiers ténébreux avec toujours le vœu de la rendre heureuse.
A quel prix ?
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l'épouse de la modernité
General FictionHappée par les appels de la modernité et les tendances des mondanités, Bigué qui a pourtant grandit dans un environnement familial saint cherche a faire asseoir sa vision nucléique du foyer. Assistée par des tantes et amies qui en réalité sont elle...