Chapitre 2

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Petit mot de l'auteure :

Hello, je reviens vers vous avec un nouveau chapitre. Je m'excuse pour l'intervalle plutôt long depuis mon dernier post. J'ai décidé de poster mes prochains chapitres plus souvent, mais avec quand même plus de temps. Suivant les conseils et critiques constructives de mes lecteurs, j'essaie d'écrire des chapitres plus longs (ça passe par plus de descriptions et moins de dialogues), ça demande plus de temps et d'implication dans ce projet, d'où l'attente qui sera plus longue. Mais je ne vous oublie pas, c'est pour avoir un meilleur contenu, promis :3 J'ai essayé d'appliquer vos conseils pour la suite de l'histoire, dites-moi ce que vous en pensez ! Bonne lecture <3
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Comme promis, Eliott revint le lendemain, et les jours suivants. Plus je passais du temps à l'hôpital et plus j'étais heureuse d'avoir de la compagnie. Au bout d'une dizaine de jours, le docteur Méduse - de son vrai nom Williams - m'autorisa enfin à rentrer chez moi. Malgré tout, personne ne s'était manifesté pour me retrouver... La veille de ma sortie d'hôpital, Eliott me rendit visite en compagnie d'un homme qui me semblait étonnamment familier. La cinquantaine, il était trapu et avait une barbe bien fournie. Il avait le crâne rasé. Cet homme joufflu avait quelque chose dans les yeux, un air malicieux qui donnait l'impression qu'il avait conserver toute sa jeunesse malgré ses traits qui trahissaient son âge conséquent. Il ne lui manquait plus qu'un bonnet rouge pour ressembler à un nain de jardin. Ce bonhomme était le père d'Eliott. J'étais certaine de l'avoir déjà vu quelque part, pourtant il m'affirma qu'on se rencontrait pour la première fois ce jour-là. Il était justement venu me proposer de vivre chez eux le temps que mes proches me retrouvent, ou que ma mémoire revienne. Je ne connaissais pas ces gens, mais j'étais vraiment touchée par leur gentillesse. Ils étaient si bienveillants, même avec une totale étrangère. Certes, il ne fallait pas oublier qu'Eliott m'avait quand même percutée. Bien que leur hospitalité devait sans doute alléger sa culpabilité, j'étais malgré tout reconnaissante.

Ainsi, je me retrouvais à vivre chez Eliott et le gentil M. Bill. Dans la voiture qui nous conduisait à mon nouveau chez moi, j'eus tout le loisir d'observer la ville. Le docteur m'avait vivement conseiller de rester attentive à ce qui m'entourait, d'observer les alentours et d'arpenter les rues pour stimuler ma mémoire. Je décidai de visiter la ville plus tard. Du peu que j'avais vu en voiture, rien ne me revenait encore. Je voyais des gens, des boutiques, d'autres voitures, des paysages, mais toujours pas de souvenirs. Certaines personnes étaient accompagnées de leur A-To, bien en chair, d'autres ne portaient que des signes ostentatoires - bijoux, tatouages, accessoires... J'avais hâte d'arriver à destination afin de connaître mon A-To à moi.

L'appartement se situait au dernier étage d'un immeuble qui tombait presque en ruines. L'un des plus chics du quartier, vu l'état des autres bâtiments. La peinture s'écaillait et on voyait quelques briques par endroits. L'intérieur n'était guère meilleur. D'un côté, un ascensceur qui n'avait visiblement plus de portiques depuis longtemps, de l'autre des escaliers dont la première marche était trouée. Dans l'ascensceur se trouvait deux jeunes hommes. L'un avait une capuche et l'autre me tournait le dos. J'eus le temps d'apercevoir un échange de billets avant que celui avec la capuche ne me remarque et fourre rapidement la liasse dans sa poche. Il ne détourna pas le regard, et continua de me scruter sans gêne. Je soutins son regard, même si je ne comprenais pas vraiment pourquoi on semblait se jauger, plutôt que simplement se regarder. En montant les escaliers, j'avais peur de casser une marche mais étrangement, je ne faisais presque pas de bruit. Je m'étais attendue à les faire grincer comme Eliott devant moi. Et pourtant, on aurait dit que je les survolais, tant j'étais silencieuse. Eliott le remarqua également, mais s'abstint de tout commentaire. Bref, le quartier laissait à désirer mais je n'allais pas cracher sur l'amabilité et l'hospitalité des Bill. Le couloir où se trouvait le logement était éclairé par une faible lumière. Une moquette rouge tapissait le sol. On sentait une odeur de tabac et d'alcool, mais l'état des murs et de la moquette était meilleur que celui du hall en bas. L'appartement se trouvait au fond du couloir. Il était quant à lui bien entretenu. Le salon qui faisait aussi office de salle à manger était grand mais pas vaste. Le mobilier prenait presque toute la place. Peint dans des tons jaunes, il faisait penser aux rayons du soleil, chaleureux et jovials. La cuisine était plus étroite, rectangulaire. De la même couleur que le salon, celle-ci avait plus de tâches sur les murs. J'avais à peine franchi la porte qu'une délicieuse odeur me chatouilla les narines. M. Bill n'était pas venu me chercher à l'hôpital, et c'était sûrement mieux ainsi, puisqu'il m'avait cuisiné un succulent repas. En me voyant, il sourit en dévoilant ses dents, rayonnant. Affublé d'un tablier rouge et de gants de la même couleur, il ressemblait cette fois-ci à un Père Noël. Je souris à mon tour, victime de sa bonne humeur contagieuse.

Après le déjeuner, Eliott me proposa gentillement d'aller visiter Pax, ce que j'acceptais volontiers. Mais d'abord, j'avais besoin de découvrir mon A-To. J'espérais secrètement recouvrer la mémoire grâce à ce petit être - à moins qu'il soit grand ? - quel qu'il soit. Cela me semblait à la fois fou et excitant de dépendre d'un animal. Eliott me désigna ma chambre. Celle-ci donnait sur l'ouest. Je me réjouissais des couchers de soleil que je pourrais admirer. Voilà encore une vérité que je connaissais, sans pour autant me souvenir des détails les plus importants de ma vie. Le soleil se levait à l'est et se couchait à l'ouest. Le lit se situait à gauche, tandis que l'armoire et la commode meublaient le côté droit de la pièce . Un petit bureau se trouvait au fond, juste en face de la porte. La chambre était dénuée de toute décoration, puisque c'était la chambre d'ami. Malgré tout, j'appréciais ce petit espace, qui était désormais mien.

Je déballais mes maigres biens sur le lit. Je portais déjà ma tenue depuis la sortie d'hôpital. Un jean délavé et un debardeur noir sous un sweat à capuche de la même couleur. Dans le sac se trouvait deux sortes de clés. Une clé toute simple, avec un anneau rouge, orné d'une tête de mort mexicaine (Note à moi-même : quand tu retrouveras la mémoire, change de goût copine). L'autre clé était simple, accompagnée d'un badge et d'une petite clé de boîte aux lettres. Bonne nouvelle : j'avais un appart. Où ça ? Seul Dieu le savait, visiblement. Enfin, je sortais du sac quelque chose qui ressemblait à un A-To. C'était une couronne faite de lianes, vertes et marrons. Il y avait quelques plumes ici et là, noires,blanches et rouges. Mon Dieu, une couronne !! Je n'allais quand même pas me trimballer dehors avec une couronne ! Je repensais au docteur Méduse, et à l'infirmière. Ils portaient fièrement leur A-To, sans craindre d'avoir l'air ringard. Je devais en faire de même... ? Purée, je ne pouvais pas avoir un tatouage ou un bijou, comme Eliott ?! Non, il fallait un signe bien visible, bien embarrassant. Grr, je rageais intérieurement. J'allais devoir faire avec, de toute façon je n'avais pas le choix.

À ce moment précis, Eliott passa la tête par la porte entrebaillée de ma chambre. Il remarqua la couronne et sourit d'un air amusé.

- Joli A-To, dit-il en ayant l'air de le penser vraiment.

- Tu tombes bien, répondis-je en ignorant volontairement sa remarque. Je voulais savoir si tu connaissais cet A-To ?

- Hmm... Il me semble bien reconnaître ces couleurs. Attends.

Il sortit de la pièce et revint quelques minutes plus tard avec un énorme livre dans les bras.

- C'est là, m'expliqua-t-il en désignant une image dans une page ouverte. Ton A-To est le pic épeiche. Je me disais bien l'avoir vu quelque part. Parfois, nous travaillons avec les gars de la forêt. Félicitations, te voilà garde forestière, Moi !

Il avait pris l'habitude de m'appeler Moi, à défaut d'avoir mon véritable prénom à prononcer. Je digérais lentement les informations qu'il venait de m'annoncer. La photo désignait un oiseau au long bec sur un tronc d'arbre. Il était noir et blanc, mais sous ses ailes et derrière son crâne il était bel et bien rouge. Noir, blanc, et rouge. Les couleurs de ma couronne. Pas de doute possible, mon A-To était bien le pic épeiche. Qui plus est, je savais désormais quel métier on m'avait attribué. Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais je ne me sentais pas dans mon élément. Pourtant La Nature ne se trompait jamais... N'est-ce pas ?

DangerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant