L'attaque (1)

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— Il s'appelle Ren, annonçai-je à la compagnie en prenant place dans mon siège sur le pont. En fait, il est sympa. Et il a l'air cent pour cent humain. Il a une belle voix grave et...

Yany me jeta un regard noir.

— C'est pas le moment !

Je faillis protester, mais Zebra attira mon attention sur l'écran.

— On a un problème. Regarde.

Deux triangles clignotaient sur l'écran du navigateur. L'image projetée par Dea sur la baie virtuelle confirma nos craintes : deux croiseurs réformés aussi vieux que la guerre de Fondation, rafistolés et repeints, leur numéro de série effacé, apparurent sous nos yeux.

— Des pirates, annonça Yany, proférant à voix haute ce que personne n'osait dire.

— On aurait dû lancer le saut tout de suite, murmura Zebra.

— Oh, ça va ! T'étais la première à vouloir éviter Sibalba !

— Sibalba vaut mieux que les pirates, répliqua-t-elle. Qu'est-ce qu'on va faire ?

Yany gratta son menton mal rasé.

— Déjà, savoir ce qu'ils veulent. À part l'étranger, on n'a pas de cargaison. Tout devrait bien se passer.

— On a Rika, murmura Zebra en me regardant.

— Tout va bien se passer, répéta Yany comme pour se convaincre lui-même.

Lorsque le premier croiseur demanda à accoster, Yany, qui n'avait ni bouclier ni les moyens balistiques de se lancer dans une bataille de tirs croisés, accepta de lui ouvrir le sas. Un type à la dégaine de véritable forban, protégé par un exosquelette blindé, mais passablement déglingué, débarqua et demanda à voir le capitaine. Yany le reçut avec son meilleur whisky reconstitué comme si de rien n'était, échangeant potins de navigants et autres histoires avec lui, pendant que ses hommes erraient comme des requins de l'espace sur le pont entre Zebra et moi, armés jusqu'aux dents. Puis vint le moment où il voulut savoir ce qu'on transportait.

— Rien de spécial. Le ravitaillement habituel pour un long voyage en espace-profond : barres de carbone, oxygène, capsules de H2O, carburant, provisions diverses.

— Pourquoi tu croises si loin du noyau de la Voie, alors ? demanda justement le pirate.

— Je convoie un passager pour les marches de Sibalba. C'est pour ça que je suis là.

— Sibalba ? Drôle de destination ! Et il est où, ton passager ?

Yany croisa les bras.

— Il est peu sociable. Il reste dans sa cabine, la plupart du temps.

— À quoi il ressemble ?

— À un grand type taciturne. Cause pas beaucoup.

— T'as rien vu d'autre ?

— Rien d'intéressant. J'ai même pas vu son visage.

— Bon. Ressers-moi un verre.

Yany se dirigea vers le bar. Je le regardai, inquiète à l'idée que le pirate insiste pour voir Ren. J'avais comme l'intuition que la rencontre se passerait mal.

— Pas mal, ta petite mécano, fit soudain le pirate après un long silence. C'est une solarienne sans modifications ? Ça doit bien se vendre, autant de pièces d'origine, sur le marché noir. Elle a quel âge ?

— Dix-neuf ans, répondit Yany, sur la réserve.

Le pirate leva un sourcil tatoué. Il avait dû scanner Yany, et savoir qu'il était porteur d'une mutation.

JE BRÛLERAI TON ARMURE 「sous contrat d'édition chez RIVAL」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant