LETTRE 3 (J+10)

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Très chère Niki, 

Ils ont ouvert une enquête, au sujet de ...de ton acte. 

Ils pensent que tu as été harcelée, et que dire de plus, sinon qu'ils ont raison ? 

Je n'ai pas encore été interrogé. Feront-ils au moins, un jour, le lien entre nous deux ? Très certainement, s'ils lisent nos messages. L'idée qu'ils épient tout nos échanges ne me plaît pas. C'était à nous, et je crois bien que c'était la seule chose qui nous appartenait. Tu me comprenais, et je croyais te comprendre. Personne n'en savait rien, parce que personne n'avait besoin de savoir; ces messages sont les seules choses que tu m'aies laissé, je ne veux pas les partager. 

Aujourd'hui, Andrew n'était pas en cours. Cela me soulage, mais il semble être le seul, touché par ton sort. Tous ces autres qui ont ri, qui se sont moqués, et ils sont nombreux, se fichent de ta disparition, parce qu'ils ne sont pas coupables : Andrew à leurs yeux est l'unique coupable. Quand à moi je me fais mon avis à ce sujet : les vrais coupables sont ceux qui écoutent et qui rient. Parce que des harceleurs, il y en aura toujours, mais ils ne seront rien sans public. 

Oui certain pleurent même ta mort. Tu sais, je me moque de ces hypocrites qui te plaignent alors qu'ils t'insultaient il y a à peine trois semaines. 

Je me tais . Mes parents se doutent que quelque chose ne va pas. Ils ont entendu parlé de ton suicide. Comment peuvent-ils y comprendre quoi que ce soit quand même mon meilleur ami ne savait pas que nous nous fréquentions ? Des fois, je me dis que si nous nous parlions en public, devant tous ces élèves qui t'ont tant fait souffrir, peut-être que tout ce serait mieux passé. Oui, ils auraient moins osé "taquiner" une fille accompagnée... Et si j'avais su prendre les choses en main, tout ne serait peut-être pas parti aussi loin. 

Avec des "si", nous aurions pu construire tant de choses immenses, parce que tu étais généreuse, bienveillante, même avec ceux qui te faisaient du mal. Tu étais simple et gentille, sans te poser de question, tu tendais la main et tu offrais tout ce que tu avais à offrir. Est-ce cela qui t'a couté la vie ? Est-ce parce que tu n'étais pas rancunière et que tu étais fatiguée que tu as arrété de lutter ? 

On ne le saura jamais. 

Jamais. 

Je m'en veux, Niki. 

Et tu me manques. Ta voix me manque, tes rires me manquent, ton regard me manque, tout en toi me manque. Et je me sens tellement seul. Je les déteste tous, de t'avoir tuée par procuration, avec des gestes et des paroles. Tu manques à mes soirées comme tu manques à mes nuits, mais cela, je ne peux le dire à personne, parce je n'ai plus envie de faire confiance à qui que ce soit. Plus personne ne mérite ma confiance, et d'ailleurs même moi, je ne mérite plus de me regarder dans un miroir. Je ne mérite plus de respirer, parce que je t'ai laissée partir, parce que je ne me doutais pas que tout allait si mal... Alors j'essaie de me raccrocher à ce que tu as laissé derrière toi, une traînée de larmes et des souvenirs encrés dans mon esprits, en cage parce que je ne veux pas qu'ils ne s'échappent. Non, jamais.

Ils ne s'échapperont pas. 

Parce que je n'y survivrais pas. 

Un peu comme toi ? 

TON SANDY.

très chère NikiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant