12 - P I Z Z A S

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                  Il ne prit même pas la peine d'attendre que tous les élèves aient quitté la salle ; il y rentra pour se dresser devant le bureau et toiser Blake, qui rassemblait ses affaires.

« Sérieusement ?! »

Il avait parlé fort, les autres élèves se tournèrent immédiatement vers lui, et le mouvement se ralentit alors que l'attention se portait sur le drame qui avait l'air de se dérouler. Entre la pause déjeuner et un scène de ménage, les élèves semblaient avoir fait leur choix. Les pupilles du professeur se rétrécirent alors qu'il se levait avec un soupir et faisait signe aux lycéens de se mettre en mouvement:

« Allez manger, il prononça d'une voix ferme qui ne laissait aucune place aux protestations. On se retrouve demain, n'oubliez pas de faire la page 67 du manuel. »

Quand Murphy planta ses yeux dans les siens, le brun de cilla même pas, se contentant de croiser les bras, assis sur sa chaise, attendant patiemment que la salle se vide. Le vide se fit avec quelques chuchotements et rires, et sûrement que les paris étaient lancés sur ce que l'élève indiscipliné avait encore en réserve. Depuis la dispute monumentale et publique qu'il avait eu avec son ancien professeur principal, Jaha, en plein hall, il était connu dans l'établissement tout entier pour son insolence sans faille. Ça ne le dérangerait pas ; il aimait sa réputation. Grâce à elle, on lui foutait la paix, et il n'aurait rien pu demander de plus.

Quand enfin le dernier élève eut quitté la salle, Blake se leva pour fermer la porte et continua à ranger ses affaires :

« Je n'ai pas le temps pour ce genre de bêtises Murphy, il lâcha, un peu plu sèchement qu'il ne l'aurait voulu. Dis-moi ce que tu veux et va rejoindre tes amis. »

Il ne voulait pas sonner dédaigneux, mais la capacité du plus jeune à être incapable de rester discret lui tapait sur les nerfs. Lui ne risquait rien. Bellamy risquait tout.

Maintenant qu'il était devant l'enseignant, Murphy ne savait même plus ce qu'il voulait. Il ne s'attendait pas à ce qu'il soit aussi familier ou direct, et encore moins à se faire envoyer bouler, et ça ne faisait qu'accentuer sa rage. Pour qui se prenait-il ? Il avala sa bile, essayant de ne pas crier ou perdre contenance, le sang bouillant de voir que l'australien continuait à remplir son sac avec indifférence, comme s'il n'était pas là.

« Que tu me traite de gamin, il articula, vénéneux, et que tu me jettes comme un lâche, c'est une chose. Mais venir sauter l'une des seules personnes que j'apprécie dans ce bahut comme si soudainement être professionnel c'était plus si important, c'est du foutage de gueule ! »

Son interlocuteur eut la décence d'enfin poser sa sacoche au sol et d'affronter son regard, alors qu'il soupirait avec fatigue et passait une main lasse dans sa tignasse :

« Je n'ai aucun compte à te rendre. »

Il sentit ses tripes se serrer ; bien sûr qu'ils n'avaient aucun compte à se rendre. Pourquoi avait-il besoin de le prononcer ainsi, comme s'il avait besoin de le lui rappeler ? Comme si Murphy était celui qui avait rendu les frontières floues, comme s'il était celui qui avait foutu sa langue dans sa bouche et que Blake n'en avait jamais voulu. Il détestait cette position, celui du gosse qui ne savait pas lâcher l'affaire. Parce qu'à ce moment, c'est exactement comme cela qu'il se sentait ; un stupide adolescent incapable d'accepter un rejet. L'amertume le rendait garce.

« À moi non, mais au mec d'Emori, oui, il cracha. Tu savais, ça, qu'elle avait un mec ? Ou ça t'excite de te taper une meuf maquée ? »

Il semblait avoir tapé un nerf, il le comprit aux poings de Blake qui se crispèrent et son corps qui se mit immédiatement sur la défensive, alors qu'il répondait violemment ;

Page trois du règlement : J'te baiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant