Une décennie

Chapitre 1: One decade

2020

Je m'empressais de fermer l'agence à clé pour me rendre à ma voiture. Le temps était pluvieux alors je baissas la capuche de mon impair sur mes yeux. Je me dépêchas de rejoindre la maison de mon ex-copain pour récupérer ma fille. Une semaine s'était écoulée depuis que je l'avais laissé chez son père, mais ça me semblait une éternité.

Depuis ses un an, j'avais quitté son père, non pas pour violences conjugales ou pour tout autres raisons abominables, non, je n'étais juste pas bien avec lui. Clara aurait dû être un bébé miracle, mais ça n'avait fait qu'empirer les choses. Aujourd'hui, ma petite avait deux ans, et j'essayais de la rendre heureuse malgré un papa et une maman séparés.

Je me gara devant la maison et me hâta de récupérer mon bébé sur le pas de la porte.

-« Ça a été? » demandais-je à Peter qui me tendit les sacs.

Malgré notre séparation, on s'entendait toujours assez bien. En même temps, 8 ans ensemble, ce n'était pas rien. On s'était mis ensemble à la fac, à l'époque, je n'étais pas sûr d'être vraiment amoureuse. Après ma première histoire d'amour, mon âme était vide. Mais il n'étais pas désagréable avec moi, contrairement à sa mauvaise réputation dans la ville, alors j'avais entamé cette relation. Au fil des années, on avait apprit à se connaître et on avait quitté notre ville natale de Holmes Chapel pour s'installer dans la banlieue de Londres. J'avais ouvert mon agence immobilière, et lui avait continué dans le football américain. Et oui, j'étais sorti avec le bad boy sportif de la fac,  ce qui avait été un très mauvaise idée.
Une fois notre vie posée, nous avions conçu notre adorable fille, Clara. Peter et moi nous sommes séparés d'un commun accord, en validant le fait que nous n'étions pas fait l'un pour l'autre.

-« Tout s'est bien passé. Je viens la chercher chez toi dans une semaine. » me répond-t-il.

-« Au revoir Peter. »

Au fond du couloir, j'aperçus l'ombre d'une femme. Je crois avoir deviné depuis quelques semaines qu'il a une nouvelle copine. Ça m'étonnait qu'il me le cache, après tout, on a chacun le droit de retrouver quelqu'un.
De mon côté, je préférais être seule. Ma relation avec Peter avait été un désastre et je savais que jamais je ne ressentirai à nouveau ce que j'ai ressenti il y a dix ans. Alors pour éviter des relations pansements, je restais célibataire.

J'installas Clara dans son siège auto à l'arrière de la voiture et mis le contact. Je montas le volume de la radio mais changea immédiatement de station. Je n'en pouvais plus d'entendre sa voix à la radio ou à la télé. Cette stupide voix que j'avais aimé quand j'étais jeune. Cette voix qui avait fais chaviré mon cœur. Cette voix qui aujourd'hui fais fondre celui de millions de fans. Jamais je n'avais pu écouter une de ses chansons en entière. Il avait un vrai talent, et ses chansons étaient magnifiques, mais entendre sa voix m'était impossible. Je me suis toujours demandé si les paroles parlaient de moi parfois, mais je devais être idiote de penser ça. C'était il y a dix ans Anna.
Je me concentras sur la route pour chasser les souvenirs qui remontaient à chaque fois.
Je pense que la popularité d'Harry a aussi été l'une des raisons pour laquelle ça ne marchait pas avec Peter. A l'époque du lycée, les deux garçons se détestaient. Le sportif versus le musicien. Peter n'était pas aimé de beaucoup de personne dans tout les cas. Il était agressif et provocateur, sauf avec moi. Quand Harry est parti, Peter m'a consolé, et je me suis laissé embarqué dans cette relation.
Au fil des années, Harry est devenu connu et Peter n'a pas supporté son succès. Moi non plus d'ailleurs, mais je me taisais. Le simple fait qu'un journaliste évoque le nom d'Harry Styles provoquait chez Peter une colère, et on finissait toujours pas se disputer. J'avais fini par le quitter, fatigué de lutter contre mes sentiments.

J'arrivas chez moi et me garas dans l'allée de ma maison. Le seul truc positif dont j'étais fière dans ma vie (à part Clara évidement), c'était que j'avais réussi financièrement. Mon agence immobilière fonctionnait bien à Londres, et j'avais de quoi gagner ma vie convenablement. J'avais alors acheté cette petite maison après ma séparation, et je l'adorais. Je l'avais décoré avec soin et j'aimais passer du temps dedans avec ma fille.

Je pris Clara dans mes bras et l'emmenas à l'intérieur. Elle marchait presque toute seule maintenant, mais elle avait encore besoin d'un peu d'aide. Je la fis assoir sur son tapis de jeu dans le salon et allas chercher le courrier dans la boîte au lettre. Au milieu de la tonne de publicité, une lettre attira mon attention. Elle provenait de Holmes Chapel. Je fronças les sourcils, seuls mes parents et ma sœur habitaient encore là bas et jamais ils ne m'envoyaient une lettre. J'ouvris l'enveloppe à l'aide d'un couteau et en sorti le contenu. Je parcourus rapidement les lignes de la feuille et me laissas tomber sur une chaise de la cuisine. J'avais les jambes coupées. Je me frotta les yeux pour voir si c'était bien réel. Je lisais pourtant vrai: mon ancien lycée organisait une réunion des élèves de la promo de 2010 pour fêter les dix ans de notre diplôme.
Je ne savais pas quoi penser de cette nouvelle. Était-ce positif ou négatif? Je n'en savais rien. Je replias la lettre et la posa sur une étagère, j'y reviendrai plus tard, une fois l'information digérée.
La seule chose que qui tournait en rond dans mon cerveau était: est-ce que j'avais envi de retourner dans les lieux qui avaient marqué mon cœur à jamais? Et si Harry venait? Cela m'étonnerait fortement, à mon avis, il a complètement oublié ses camarades du lycée.
Mais je dois avouer que secrètement, j'espérais qu'il pense à moi des fois, et qu'il n'avait pas effacé de sa mémoire tout les moments précieux qu'on avait passé ensemble.
Cette réunion n'était certainement pas la meilleure solution pour faire passer la douleur toujours présente en moi. Mais je pensas qu'au moins, j'aurai peut être une chance d'obtenir enfin des explications sur le départ insensé d'Harry, il y a maintenant une décennie.