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Tu ne manquais jamais une occasion pour me faire dépenser mon argent.
À chaque fois que l'on passait devant le café d'Eren, tu ne pouvais t'empêcher de m'entraîner à l'intérieur. J'ai rapidement remarqué que l'on tombait toujours face aux mêmes personnes ; Mikasa et son nouveau petit-ami, Berthold avec son appareil photo autour du coup et Sasha, le visage totalement crispé, derrière sa tasse de thé.

C'était d'ailleurs vers cette dernière que je me dirigeais à chaque fois que ton regard vitreux fixait la rue, sans que tu ne répondes.

Tu buvais tranquillement, assise sur ce comptoir, éperdue de douleur, silencieuse, seule.
Tu étais seule.
Tu avais l'air d'une enfant perdue par ses parents, perdue par la vie.

Et c'est de loin que je te regardais, à l'affût du premier signe extérieur qui te ferait sortir de ta transe ; je n'étais pas de taille.
Pendant ce temps, j'écoutais – ou du moins essayait d'écouter – les tourments de la pauvre petite-amie du barman. Quelque part, cela me faisait presque de la peine de la voir aussi dévastée par le manque d'implication de son conjoint dans sa relation : elle en était arrivée à un point où pour partager ne serait-ce qu'une heure seule à seule avec lui représentait plus une chance qu'une habitude.

Néanmoins, je ne m'inquiétais pas pour elle. Je m'inquiétais pour toi, qui t'étais subitement figée quand tu avais vu ce type entrer dans l'enseigne. Il n'avait pas l'air bien méchant, pourtant, à chaque fois que tu croisais son regard, ton visage se tordait de terreur ; un peu comme celui de Maëlle, en fait. Eren avait l'air de l'apprécier, lui.

Dis-moi, le connaissais-tu ?

smoke ;; yumikuriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant